Haute-Savoie, nid d'espions ? 15 agents russes s'en servaient de base pour agir

Haute-Savoie, nid d'espions ? 15 agents russes s'en servaient de base pour agir
Tous droits réservés image by the Metropolitan Police in London, Britain September 5, 2018
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Par Joël Chatreau
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Les services secrets français, suisses et britanniques mènent une traque sans répit contre 15 officiers du renseignement militaire russe depuis 2018. Le journal Le Monde vient de le révéler, indiquant que ces agents ont mené des actions en Europe en utilisant la Haute-Savoie comme base de repli.

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La série des "James Bond" a un scénario tout trouvé pour un futur opus. Qui aurait pu imaginer que le département de la Haute-Savoie, réputé pour ses sommets enneigés et ses stations de ski cossues au coeur des Alpes françaises, servait également de base logistique et de repli à des espions russes, entraînés notamment à tuer ? Le journal français Le Monde a fait cette révélation explosive dans son édition du jeudi 5 décembre.

Le quotidien affirme ainsi que 15 officiers appartenant au redoutable GRU, le service des renseignements militaires de la Russie - dont il publie d'ailleurs tous les noms - ont séjourné régulièrement dans plusieurs villes haut-savoyardes, Chamonix, Megève, Annemasse, Evian pour les plus importantes, à partir de 2014 et jusqu'au mois de septembre 2018 au moins. De là, selon des sources du contre-espionnage français qui ont informé les journalistes, ces agents rayonnaient et entraient en action un peu partout en Europe.

L'unité 29155, spécialisée dans les assassinats ciblés

La Haute-Savoie, bien située aux frontières de la Suisse et de l'Italie, était "une base arrière pour l'ensemble des opérations clandestines", confie un haut dirigeant des services secrets français. Les militaires en question, spécialisés dans le sabotage et les assassinats ciblés, font partie d'une unité du 161ème centre de formation spéciale du GRU, l'unité 29155. Ils auraient conduit des missions au Royaume-Uni - notamment l'opération dite "Skripal" - en Bulgarie, en Moldavie, au Monténégro, en Crimée...

En Bulgarie par exemple, il s'agissait d'essayer de déstabiliser le pays politiquement. En octobre dernier, le gouvernement bulgare a justement réagi en expulsant le premier secrétaire de l'ambassade de Russie à Sofia, soupçonné de se livrer à des activités de renseignement. Le parquet bulgare avait alors donné des précisions :

Il conspirait régulièrement avec des ressortissants bulgares, y compris avec un responsable ayant accès à des informations classifiées émanant de la Bulgarie, de l'Union européenne et de l'Otan

Skripal, déclencheur de la traque des agents secrets russes

Le Monde a obtenu tous ces détails car c'est la DGSI, la Direction générale de la sécurité intérieure, qui a notamment mené la chasse aux espions russes, associée au contre-espionnage britannique et suisse. La "contre-offensive" occidentale a démarré juste après la retentissante affaire Skripal en mars 2018 : la tentative d'empoisonnement d'un ex-agent russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia, dans la petite ville anglaise de Salisbury, avait alors provoqué un grand froid diplomatique entre le Kremlin et l'Union européenne.

C'est un neurotoxique répandu du temps de l'ex-Union soviétique, le Novitchok, qui avait été utilisé par les tueurs... et avait ainsi, entre autres indices, guidé les enquêteurs britanniques sur la piste russe. Londres est d'ailleurs persuadé maintenant que l'un des "15" du GRU fait partie des empoisonneurs de Sergueï Skripal, qui a finalement survécu.

La photographie qui illustre cet article, fournie par la police britannique, montre les visages des deux principaux suspects, des Russes, dans l'affaire Skripal.

**Le commentaire de la vidéo est assuré par Stéphane Hamalian, qui a également interviewé Jacques Follorou, le journaliste du Monde qui a révélé toute l'affaire. **

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