Retraites : cet inspirateur du programme de Macron propose trois solutions pour sortir de la crise

Retraites : cet inspirateur du programme de Macron propose trois solutions pour sortir de la crise
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Par Guillaume Petit
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"Matignon a poussé pour l'âge-pivot", explique Philippe Aghion, Professeur au Collège de France.

"Matignon a poussé pour l'âge-pivot", explique Philippe Aghion, Professeur au Collège de France.

Philippe Aghion est l'un des principaux penseurs du programme économique d'Emmanuel Macron de 2017. Il propose sur Euronews trois solutions pour parvenir à l'équilibre du système et ainsi sortir de la crise après plus d'un mois et demi de grève.

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- A l'origine, quel était le but de cette réforme ?

"L'idée était la suivante: on passe de plus en plus à une économie où les individus changent de travail plusieurs fois dans leur vie, combinent plusieurs métiers, passent de travail à formation, et les carrières deviennent de plus en plus mobiles et hachées. Donc le système de retraite que nous avions n'était pas adapté à cela, car c'est un système par statuts pour des personnes qui font toujours le même métier. Beaucoup de personnes travaillent par exemple seulement quelques heures dans un trimestre. Et un trimestre complet n'était pas compté pour les retraites. Donc il fallait passer à quelque chose où tout ce que vous faites tout au long de votre vie est compté. Cela pénalisait les femmes, les carrières hachées et ce n'était pas adapté aux besoins d'une économie mobile, c'est donc cela l'avantage d'un régime à points."

- Le régime universel a-t-il pour but de faire des économies ?

"Dans le programme (d'Emmanuel Macron), c'était neutre, c'était fait pour ne pas faire des économies. Nous avons eu des débats là-dessus. Ce qui s'est passé ensuite, c'est que Matignon a mis son grain de sel. Et Matignon, c'est le programme Juppé, qui est un programme d'allongement de l'âge de départ la retraite à 64 ou 65 ans. Dans cette réforme, il y a donc l'ADN du programme (d'Emmanuel Macron), mais aussi l'ADN du programme Juppé. La boussole du Premier ministre, c'est le programme Juppé."

"Dans cette réforme, il y a l'ADN du programme d'Emmanuel Macron, mais aussi l'ADN du programme Juppé".
Philippe Aghion
Professeur au Collège de France

- L'âge-pivot a été décrit comme "incompatible" et "injuste" par le patron de la CFDT Laurent Berger. En quoi est-il injuste ?

"C'est injuste pour ceux qui commencent à travailler très tôt notamment, et parce que la pénibilité n'est pas prise en compte, ou pour des individus au chômage avant 64 ans, qui seront pénalisés pour le restant de leur vie."

- Quel sera le but de la conférence de financement proposée par la CFDT ?

"Il faut qu'il y ait un débat très ouvert. Il y a des alternatives possibles à l'âge pivot qui permettent de parvenir à l'équilibre du système. Car on confond deux choses : il y a le système à points, sur le long terme, qui n'a pas besoin d'âge d'équilibre. Dans ce système, il suffit d'avoir assez de points pour partir à la retraite, et il n'y a pas besoin d'âge pivot. Ce système a ses propres règles. Mais pour ceux qui partent à la retraite avant 2035, il faut équilibrer le système d'ici à 2027. Le système actuel et le système à points sont donc deux débats différents."

- Comment atteindre cet équilibre, d'après vous ?

"Il y a plusieurs pistes : on peut accélérer la réforme Touraine, qui était de dire : avec l'allongement de l'espérance de vie, on peut allonger la durée de cotisations, en ajoutant un trimestre tous les trois ans. On peut accélérer cela et ainsi jouer sur cette durée de cotisations, pas sur l'âge minimum. Je ne veux pas parler pour les syndicats, mais c'est une piste pouvant conduire à un accord.

L'autre piste, c'est d'avoir un âge pivot temporaire, comme pour le régime Agirc-Arrco, avec un malus petit et temporaire.

Enfin, troisième piste : il existe des réductions de charges au niveau du CICE, nous pourrions réduire ces charges au-dessus de 1,6 fois le SMIC et baisser les impôts de production, ainsi les entreprises s'y retrouveraient et ce serait en même temps une contribution de l'Etat."

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