Chercheurs français détenus en Iran : otages du régime de Téhéran ?

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Par Julien Pavy avec AFP
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Détenus depuis huit mois en Iran, Fariba Adelkhah et Roland Marchal sont poursuivis pour "menace à la sûreté nationale" et "propagande" contre le régime iranien.

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C'est dans la prison d'Evin à Téhéran qu'est détenu depuis huit mois un couple de chercheurs français, dont Fariba Adelkhah, une anthropologue franco-iranienne.

Une grève de la faim de 48 jours

Elle vient de mettre fin à une grève de la faim de 48 jours, répondant ainsi à un appel de son comité de soutien qui avait jugé son état de santé alarmant, tout comme celui de son compagnon Roland Marchal, un spécialiste de la Corne de l'Afrique, dont les conditions de détention sont très difficiles psychologiquement. Il ne parle pas farsi et a peu de contact avec l'extérieur.

Ce couple de chercheurs, qui officie au Centre de recherches internationales à Science Po et au CNRS, avait été arrêté en juin dernier à l'aéroport de Téhéran par les services de renseignement des Gardiens de la Révolution.

Ils sont poursuivis pour "menace à la sûreté nationale" et "propagande" contre le régime iranien. Des accusations montées de toutes pièces selon leur comité de soutien, qui s'est rassemblé mardi sur l'esplanade des droits de l'Homme à Paris pour demander leur libération :

Des accusations "fantaisistes"

"Ces accusations sont totalement arbitraires, fantaisistes, elles n'ont strictement rien à faire avec la réalité", s_ouligne la politologue Béatrice Hibou, membre du comité de soutien. "Roland et Fariba sont des chercheurs, ce ne sont pas des politiques, ils n'ont jamais eu d'activités politiques en Iran. C'est pour cela que nous les appelons des prisonniers scientifiques (...) Ils sont pris dans des jeux internationaux qui sont liés à la tension extrême qu'il y a actuellement entre l'Iran et la communauté internationale, principalement entre l'Iran, les États-Unis et les pays occidentaux." _

Fariba Adelkhah et Roland Marchal pourraient affronter bientôt un procès. Les accusations de "menace à la sûreté nationale", "propagande contre le régime" voire "d'espionnage" ne sont pas rares en Iran, comme l'explique Massoud Salari, journaliste iranien à euronews : "Que ce soit des opposants iraniens ou des ressortissants étrangers incarcérés dans le pays, ils sont confrontés à un risque de prison à long-terme. Dans le passé, des ressortissants étrangers ont été condamnés à dix ans de prison pour espionnage ou ce type d'accusations."

Une monnaie d'échange ?

Depuis leur arrestation, la diplomatie française s'active secrètement en coulisse pour obtenir la libération des deux chercheurs. Ils pourraient faire l'objet d'un échange comme ce fut le cas par le passé, souligne Massoud Salari :

"Il y a eu le cas de cette jeune Française, Clothilde Reiss, qui a été arrêtée en 2009 en Iran après les manifestations anti-gouvernementales. Elle a été libérée en mai 2010 en échange de la libération d'un Iranien en France, l'assassin de Chapour Bakhtiar, l'ancien Premier ministre iranien à l'époque du chah. Et en décembre dernier, l'Iran et les États-Unis ont procédé à un échange de prisonniers."

Le cas de Nazanin Zaghari-Ratcliffe et d'autres étrangers

Selon le comité de soutien aux chercheurs français, l'Iran détient "dix à quinze" ressortissants étrangers, souvent binationaux, dont l'Irano-britannique Nazanin Zaghari-Ratcliffe, emprisonnée en Iran depuis 2016, ou l'universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert.

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