"Je lui aurais infligé la peine de mort", avoue le père d'un djihadiste bosniaque

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Par Anelise BorgesRaphaële Tavernier
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La Bosnie-Herzégovine rapatrie ses ressortissants soupçonnés d'avoir combattu aux côtés de l'Etat islamique. Une obligation légale estime le gouvernement. Reportage d'Anelise Borges.

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Ibro, le fils de Sefik, a rejoint les rangs de l'Etat islamique. "Je ne peux pas lui pardonner. Il ne le mérite pas. J'ai même souhaité qu'une grenade le fasse exploser en morceaux", dit-il à notre reporter Anelise Borges.

Lorsque Sefik a appris que son fils Ibro avait rejoint les rangs de l’Etat islamique en Syrie, l'impensable lui a traversé l'esprit.

Ibro Cufurovic avait 19 ans lorsqu'il a quitté la Bosnie-Herzégovine. La photo consignée dans le rapport de police est la seule qu’a gardée Sefik de son fils. Un fils, qui pour lui, ne l’est plus.

« Si j'avais un fils, il serait ici avec moi. Quand ils ont annoncé le verdict, un journaliste m'a appelé et m'a demandé si je savais que mon fils avait été condamné à 4 ans de prison. J'ai répondu qui si cela n’avait tenu qu’à moi, je l’aurais condamné à mort », ajoute Sefik.

Des milliers de jeunes hommes et femmes ont été attirés par le discours radical et les actes de terreur de l'Etat islamique. Depuis la défaite militaire de ce dernier en Syrie, certains pays ont commencé à rapatrier leurs combattants.

Ces trois dernières années, la Bosnie-Herzégovine a rapatrié une cinquantaine de ses ressortissants impliqués dans l'organisation État islamique. Les derniers sont arrivés en fin d’année dernière.

Anelise Borges, euronews :

« C’est dans le palais de justice de Sarajevo que les sept hommes rapatriés en décembre ont fait face à de graves accusations. La Bosnie a été parmi les premiers pays d'Europe à introduire des peines de prison allant jusqu'à 10 ans pour les citoyens qui se battent dans des conflits à l'étranger ou en recrutent d'autres pour le faire ».

« C'est notre obligation légale de ramener nos citoyens. Nous sommes conscients du risque en matière de sécurité, mais (en tant que pays), nous sommes prêts à y faire face », assure Fahrudin Radoncic, le ministre bosnien de l'Intérieur.

Mais dans le pays, certains contestent cette décision. Ils remettent en cause le fondement des raisons invoquées concernant ces rapatriements.

« _J_e pense que la Bosnie et le Kosovo subissent beaucoup de pression de la part des pays de la coalition et en particulier des Etats qui gardent encore des djihadistes dans des camps en Syrie. Parce qu’elle veut fermer ces camps, l’Amérique pousse les pays à rapatrier leurs ressortissants », estime le ministre de l'Intérieur de la Republika Srpska, Dragan Lukac.

Le retrait des États-Unis du Nord-Est de la Syrie a soulevé la question du sort des combattants étrangers de l'Etat islamique et de leurs familles. De nombreux pays de l'UE, dont la France et l'Allemagne, ont montré des réticences à faire revenir leurs citoyens, arguant que les combattants étrangers de l’organisation djihadiste devaient être jugés en Syrie et en Irak, là où les crimes avaient été commis.

Le débat sur la question de la justice est central à l’heure où les pays du monde entier doivent composer avec un autre sujet délicat, celui de la déradicalisation des combattants de l'EI de retour sur leur sol.

Des programmes de réintégration des djihadistes et de leurs familles dans la société ont été mis en place. Le gouvernement bosniaque assure que beaucoup font déjà du bénévolat, mais pas tous.

Pour Sefik, comme pour d’autres, il n’est cependant toujours pas question de pardonner.

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