Sebastião Salgado : la genèse du monde en lumière à Lyon

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Par Frédéric Ponsard
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C'est l'un des grands noms de la photographie dans le monde : Sebastião Salgado nous répond en interview à La Sucrière à Lyon en marge de son exposition GENESIS dans laquelle il rend hommage en 245 clichés en noir et blanc, à notre planète à l'état brut.

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C'est à La Sucrière de Lyon, un ancien entrepôt devenu lieu d'exposition, que le célèbre photographe brésilien Sebastião Salgado présente son exposition GENESIS. 

GENESIS est un hommage photographique à notre planète avec plus de 200 clichés en noir et blanc. Le résultat de huit ans de travail et d'une trentaine de voyages autour du monde.

"Quand vous regardez une exposition comme GENESIS," indique Sebastião Salgado, "c'est vraiment la Terre, les animaux liés à la Terre et quand je photographie l'homme que d'ailleurs, je photographie encore puisque je viens de finir sept ans de travail en Amazonie avec les communautés indigènes, c'est un animal de la Terre, on est un animal comme les autres, on est dans l'espèce des animaux," souligne-t-il. 

"Merci au retour du noir et blanc"

Salgado a donc parcouru la planète pour GENESIS, notamment les régions les plus sauvages et reculées pour une découverte inédite des montagnes, déserts, océans et animaux qui ont jusqu'ici échappé à l'empreinte de la société moderne.

Le noir et blanc est devenu sa marque de fabrique. "À cause d'une histoire sur une mine d'or au Brésil que j'avais photographiée en 1986 et publiée en 1987, tous les magazines se sont remis à faire du noir et blanc," raconte le photographe. 

"Cette histoire était tellement forte, elle a été publiée par de très grands magazines et elle m'a donné une visibilité tellement grande qu'à ce moment-là, il y a eu un grand retour du noir et blanc," poursuit-il. "Merci au retour du noir et blanc car je suis resté depuis, au noir et blanc et je ne suis plus jamais revenu à la couleur," s'amuse-t-il. 

© Sebastião Salgado / euronews

"Il faut un retour spirituel vers la planète"

Salgado ne se contente pas de photographier la nature et les animaux, il braque aussi son objectif sur les peuples dont ceux qui échappent encore à la mondialisation comme dans certaines régions de plus en plus rares d'Afrique.

Et si l'écologie a aujourd'hui le vent en poupe, pour lui, peu de choses ont changé.

"Il faut que l'on retourne à la terre, à la planète : je sais que l'on ne vivra plus dans les cavernes, ni dans les forêts, mais il faut que l'on fasse au moins un retour spirituel vers la planète," invite Sebastião Salgado.

"Aujourd'hui, l'écologie est devenue une écologie de discours, purement urbaine," regrette-t-il. "On a eu une COP 21 qui s'est déroulée à Paris il y a cinq ans et sur tout ce qui a été proposé, rien n'a été fait," constate-t-il. "Vous savez pourquoi ? Parce qu'on n'y invite pas les paysans, les gens qui sont liés à la terre, à la planète, c'est une réunion de gens urbains," dénonce-t-il.

© L'exposition GENESIS / euronews

"Planter les arbres qui seront là pour 500 ou 1000 ans"

L'Amazonie reste sa terre de prédilection. Avec sa femme Lélia Wanick Salgado qui est aussi la commissaire de GENESIS, ils se sont lancés dans un défi colossal il y a vingt ans dans le cadre de leur Instituto Terra : replanter les arbres disparus sur les 750 hectares de l'ancienne ferme de son père pour en faire revivre l'écosystème dans une région frappée par la déforestation et l'exploitation intensive des terres.

"On a planté peut-être 2,7 millions d'arbres et on se prépare à en planter un million de plus parmi ces arbres qu'on a déjà plantés parce qu'on avait une terre fatiguée, morte et érodée et aujourd'hui, la terre est redevenue riche," précise Sebastião Salgado. "C'est le moment de planter des arbres qui seront là pour 500 ou 1000 ans, des arbres qui nécessitent une bonne terre et de l'ombre pour grandir," insiste-t-il.

Sebastião Salgado dont la vie avait été retracée dans le film "Le sel de la terre" (co-réalisé par son fils Juliane Ribeiro Salgado aux côtés de Wim Wenders) a aujourd'hui 76 ans, mais continue infatigablement son métier et ses combats.

L'exposition GENESIS est visible à Lyon jusqu'au 10 mai.

© Sebastião Salgado / euronews
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