Deux semaines de crise à la frontière turco-grecque

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Par Anelise Borges
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C'est l'autre crise européenne du moment. Depuis deux semaines le président turc Recep Tayyip Erdogan a "ouvert les portes" aux migrants et aux réfugiés qui veulent se rendre en Europe. Une décision qui a suscité à Bruxelles la crainte d'une nouvelle crise migratoire.

Cela fait maintenant deux semaines que le président turc Recep Tayyip Erdogan a "ouvert les portes" aux migrants et aux réfugiés qui tentent de se rendre en Europe. Cette décision a suscité la crainte d'une nouvelle crise migratoire, que les dirigeants européens s'efforcent maintenant d'éviter. Notre correspondante internationale, Anelise Borges, qui a suivi l'évolution de la situation dans la région frontalière, revient sur cette crise.

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Ils sont venus par milliers à la frontière entre la Grèce et la Turquie, espérant qu'il s'agirait de l'étape ultime de leur voyage vers un avenir plus sûr en Europe.

L'ouverture des frontières été annoncée fin février par un gouverneur turc local. La police, les garde-côtes et les gardes-frontières turcs avaient alors reçu l'ordre de se retirer, avant que l'annonce ne soit confirmée par le président Recep Tayyip Erdogan lui-même. "Qu'avons-nous fait hier ? Nous avons ouvert les portes. Et nous ne les refermerons plus à partir de maintenant", avait alors déclaré le président turc. 

Ce dernier a ainsi mis a exécution une menace de longue date de laisser passer les sans-papiers, principalement Syriens. En réaction, la Grèce a déployé des forces supplémentaires à la frontière, entraînant le chaos.

Cette situation a réveillé en Europe le souvenir de la grande crise migratoire de 2015. L’Union européenne a invité Recep Tayyip Erdogan pour des discussions et de nouveaux entretien devrait avoir lieu le 17 mars à Istanbul. 

"Les migrants ont besoin d'aide, la Grèce a besoin d'aide et la Turquie également. Nous devons trouver la voie à suivre", a indiqué la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Conditions de vie désastreuses

Mais pour l'heure, aucune solution n'a été trouvée et les organisations humanitaires alertent sur les conditions de vie désastreuses des milliers de personnes coincées dans la zone frontalière.

Affamés et exténués, certains font par exemple plusieurs kilomètres à pied pour acheter de la nourriture dans un village voisin, comme l'a constaté notre reporter sur place, Anelise Borges. Il n'y a, d'après eux, pas assez à manger à l'intérieur de la zone tampon.

Après deux semaines coincées dans cette zone frontalières, de nombreux migrants sont de plus en plus anxieux. Certains avaient trouvé un logement ou avait créé une entreprise en Turquie. Ils ont tout laissé derrière eux lorsqu'ils ont appris que les frontières étaient ouvertes. Maintenant que leurs espoirs de traverser en Europe s'évanouissent, certains s'estiment trahis. 

"S'ils ouvrent les portes et qu'on peut partir, c'est génial. S'ils n'ouvrent pas les portes et nous renvoient chez nous, ce serait une trahison de la part du président. On avait des entreprises, on travaillait. On a laissé nos emplois pour venir ici. S'ils n'ouvrent pas les portes, Erdogan sera fini pour nous", raconte au micro d'Euronews Hamid Tandar, un demandeur d'asile afghan.

Les prochains jours détermineront la popularité du président Erdogan, auprès d'une population jusqu'ici reconnaissante au pays de leur avoir ouvert ses portes ces dernières années. Au total, près de 3,6 millions de Syriens vivent en Turquie, dans l'attente - pour beaucoup - de la fin du conflit dans leur pays. 

De nombreux autres espèrent toujours s'installer en Europe, comme cas de cette famille rencontrée par notre reporter, qui a été forcée d'abandonner. Alors qu'ils tentaient de traverser la frontière Evros, leur bateau a coulé, les forçant à rejoindre la rive turque à la nage.

Pour l'heure, ils sont arrivés au bout du chemin, tout comme des milliers d'autres migrants, qui devraient être de plus en plus nombreux dans les jours à venir.

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