Plus jamais de Deepwater Horizon : Surfrider milite pour l'interdiction du forage en mer

La plateforme Deepwater Horizon ravagée par les flammes, le 21 avril 2010
La plateforme Deepwater Horizon ravagée par les flammes, le 21 avril 2010 Tous droits réservés Gerald Herbert/2010 AP
Tous droits réservés Gerald Herbert/2010 AP
Par Vincent Coste
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L'ONG de protection de l’environnement de l'Océan lance une campagne pour interdire les forages pétroliers en Europe, alors qu'un sinistre anniversaire est commémoré aujourd'hui. Il y a dix ans, l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon provoquait la plus grande marée noire de l'Histoire.

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Il y a dix ans jour pour jour la plateforme pétrolière Deepwater Horizon explosait dans le golfe du Mexique et était ravagée par les flammes. Deux jours plus tard, le 22 avril 2010, cette installation opérée par la compagnie britannique BP située au large des Etats américain de la Louisiane, du Mississippi et de l'Alabama sombrait, provoquant la plus grande marée noire de l'Histoire.

"Les forages d'hydrocarbures tuent"

A occasion de ce sinistre anniversaire, l'ONG européenne de protection de l’environnement de l'Océan, Surfrider Foundation lance une campagne baptisée #DrillingIsKilling demandant "l'interdiction ferme des forages pétroliers et gaziers dans les eaux européennes d'ici 2035".

AP Photo/Gerald Herbert
Deepwater Horizon en flammes le 21 avril 2010AP Photo/Gerald Herbert

Contactée par Euronews, l'ONG explique que l’objectif final de la campagne est "un premier pas vers la fin de l'addiction de l'Europe aux énergies fossiles". Car "sans cela, la neutralité carbone à laquelle l'UE aspire d'ici 2050 ne sera pas atteinte et les engagements pris dans le cadre de la COP21 à Paris ne seront respectés".

"Notre mobilisation vient en amont de la révision de la Directive européenne 2013/30/EU sur la sécurité des opérations pétrolières et gazières en mer que nous attendons cette année", ajoute un porte-parole de la Surfrider Foudation Europe.

Un risque pour la biodiversité et un "non-sens économique"

Avec sa campagne, Surfrider entend sensibiliser l'opinion sur les risques que font planer l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures en mer, en mettant en avant le fait que la catastrophe de Deepwater n'est pas isolée : "depuis une trentaine d’années une dizaine d’accidents majeurs ont été recensés dans le monde, dont la moitié ont donné lieu à une marée noire".

Vies humaines et biodiversité sont en jeu si rien n'est fait selon l'ONG pour qui "l'exploitation entraîne souvent des rejets involontaires d'hydrocarbures, ainsi que la pollution de l'eau à travers des boues fluides contenant de l'arsenic, du mercure, des matières radioactives, etc".

Si l'exploitation via les plateformes est avant tout incriminée, les phases d'exploration sont également extrêmement dangereuse pour la vie marine affirme Surfrider. Elles produisent "des levées sismiques qui assourdissent les mammifères marins, provoquent leur échouage et diminuent le taux de capture de poisson de 40 à 80%".

Surfrider avance également que "l'argument économique ne joue pas non plus en faveur des forages", car "aujourd'hui en Europe, les secteurs de tourisme et de pêche emploient 40 fois plus de monde que les activités pétrolières et gazières en mer (2 570 000 contre 63 000 en 2017)".

L'ONG précise également que la valeur économique de la pêche et du tourisme est "cinq fois plus élevée, soit 85 milliards contre 17 milliards en 2017" et que ces deux secteurs sont justement les plus menacés par l'exploration et l'exploitation en mer. Enfin, "compte tenu des prix extrêmement bas de pétrole en ce moment, les forages en mer deviennent un véritable non-sens" économique.

Plus de nouveaux permis, ni d'opérations dans les zones arctiques

Surfrider Foundation Europe, parallèlement à cette campagne, a lancé un manifeste contre les forages en mer. Ce dernier a déjà recueilli la signature de plus d'une vingtaine d'organisations européennes, dont Oceana et Climate Action Network.

Par cette action, l'ONG appelle à ne plus délivrer ni renouveler les permis déjà délivrés pour exploitation ou exploration pétrolière et gazière. L'objectif fixé ici est l'arrêt total des opérations pétrolières et gazières en mer d'ici 2035.

Surfrider milite également pour interdire les forages dans les zones arctiques de l'Union européenne et de l'Espace économique européen, car ces espaces sont "les zones où la probabilité d'un accident est plus élevée et ses conséquences seraient plus catastrophiques car il s'agit d'un écosystème fragile avec des espèces extrêmement importantes".

Forer toujours plus profond

Aujourd'hui, les forages ont lieu dans les endroits de moins en moins accessibles et de plus en plus profonds. Ainsi, les installations baptisées "ultra-deep" permettent de se positionner dans des eaux où la profondeur est de pratiquement 3 000 mètres. Une fois en place, ces plateformes ont une capacité une profondeur de forage d'environ 12 000 mètres. Deepwater Horizon appartenait à cette famille et pouvait forer jusqu'à plus de 10 000 mètres.

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Le Laguna Star NS-44, un navire de forage en eaux profondes de la compagnie brésilienne, Petrobras, à Niterói dans l'État de Rio de Janeiro le 28 mars 2018.Copyright 2019 The Associated Press. All rights reserved.Leo Correa

Chaque année, environ 17% du pétrole brut et 5% du gaz naturel des Etats-Unis sont extraits dans cette zone maritime des eaux profondes, selon l'Agence américaine d'information sur l'Energie (EIA).

Deepwater Horizon, une catastrophe aux lourdes conséquences

Après l'explosion de Deepwater Horizon, plus de 750 millions de tonnes de pétrole se sont répandues dans les eaux de l'Océan Atlantique, souillant plusieurs centaines de kilomètres du littoral du Sud des Etats-Unis. Les conséquences écologiques de cette catastrophe ont été dramatiques. D'innombrables animaux endémiques de cette région (dauphins, baleines, lamantins, hérons, pélicans, etc.) ont subi ce déversement d'hydrocarbures en le payant de leur vie. La catastrophe a également provoqué la mort de 11 employés de la plateforme.

AP Photo/Charlie Riedel,
Un pélican, pris au piège de la marée noire provoqué par l'explosion de Deepwater horizon, le 3 juin 2010 sur la côte de la Louisiane.AP Photo/Charlie Riedel,Charlie Riedel

L'impact de la marée noire se fait encore sentir aujourd'hui sur les milieux marin et terrestre. Et, si dès 2011, le gouvernement des Etats-Unis sous administration Obama a renforcé les règles en vigueur pour le forage en haute-mer, l'administration actuelle a assoupli ces mesures. Donald Trump avait même affiché son intention d'ouvrir la quasi-totalité des eaux côtières américaines à l'exploitation de pétrole et du gaz. Ce que plusieurs Etats contestent toujours aujourd'hui en justice.

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