Dans cet Ehpad, des "retrouvailles intimes" dans une bulle gonflable

à l'intérieur de la bulle, le contact est renoué
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Par Euronews avec AFP
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🇫🇷 Dans un Ehpad de Bourbourg dans le nord de la France, des "retrouvailles intimes" dans une bulle gonflable.

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"Tu vois, je suis avec toi...", susurre Nathalie, caressant la paume de son mari Joseph derrière une fine paroi de plastique. Dans un Ehpad de Bourbourg (Nord), une étonnante bulle gonflable accueille désormais les familles, permettant des retrouvailles "intimes, sans risque".

En observant le jardin, "on croit avoir changé de planète", plaisante un résident à sa fenêtre, au premier étage de la fondation Schadet-Vercoustre. Sur la pelouse, la sphère beige de près de trois mètres de haut, flanquée de sas gonflables en forme de cylindres, évoque un abri d'astronaute.

Sourire retrouvé

Inaugurée vendredi, cette structure innovante imaginée par la société BubbleTree "est une bulle de bonheur, une pièce où les familles se sentent vraiment ensemble, séparées seulement par une paroi souple et totalement transparente" de 30/100e de mm d'épaisseur, explique Audrey Bernard, directrice de cet établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Pour ces couples, parents, enfants et petits-enfants séparés à cause du coronavirus et des mesures sanitaires imposées aux aînés fragiles, "cette innovation est un soulagement", explique-t-elle.

Confinés dans leurs chambres, "les résidents souffraient beaucoup" et plusieurs "se laissaient mourir, cessaient de s'alimenter, ne trouvant plus de sens à la vie..."

Lorsque le gouvernement a réautorisé des visites fin avril dans un cadre extrêmement limité, la fondation les a d'abord organisées "à travers les fenêtres du restaurant, depuis la rue", avant d'équiper son sas vitré.

Mais "les gens ne s'entendaient pas, beaucoup se fâchaient. Aujourd'hui, avec cette bulle qui répercute les sons vers l'intérieur, ils se parlent, se voient sans masque et se touchent presque", se réjouit Audrey qui a vu, émue, un couple s'embrasser à travers la paroi.

"Tu sens ? C'est fou, on sent la chaleur de la peau ! Ah, lui aussi il veut te rejoindre !", s'émeut Nathalie Szczepaniak, dont le chien Valco tente en vain de percer le plastique pour sauter sur les genoux de son maître. Les yeux brillants, Joseph semble rire.

"C'est génial, gé-nial! Il ne voit même pas le plastique. Et je l'ai vu sourire, une chose que je ne voyais plus...", raconte, radieuse, Nathalie.

Après une désinfection totale de la structure, une animatrice emmène une septuagénaire dans l'un des sas, sa fille et sa petite-fille entrant par l'autre côté. En quelques minutes, elles se mettent à chanter ensemble.

Isolement bactériologique

"Nous avons voulu redonner une dimension humaine à une situation totalement inhumaine, tout en garantissant la sécurité, la non-communication de quelque charge virale que ce soit", explique à l'AFP le patron de BubbleTree Pierre-Stéphane Dumas.

L'entreprise, spécialisée dans les "bulles d'hébergement" touristiques, avait "déjà développé des solutions pour les personnes à mobilité réduite, destinées à l'accueil du public et répondant à toutes les normes sanitaires et techniques".

Lui-même séparé d'une tante âgée, M. Dumas a imaginé le concept et "pris sur ses fonds propres" pour développer un prototype et le proposer il y a deux semaines à de nombreuses maisons de retraite, avec l'aide de la communauté urbaine de Dunkerque.

Montée dans ses ateliers de Wormhout (Nord), Nanterre et en Bourgogne, la structure "permet un isolement bactériologique total, avec zéro échange d'air d'un volume à l'autre", assure-t-il. Une "première mondiale".

A Bourbourg, elle est "mise à disposition gratuitement pour au moins deux semaines", avec l'idée de "tester le ressenti des familles" et de l'améliorer.

"Nous pourrons ensuite en fabriquer plusieurs par semaine pour équiper les Ehpad", promet-il, assurant que plusieurs ont déjà manifesté leur intérêt.

Mais il faudra "trouver des financements" et réduire les coûts. Car, avec une "tonne de matériel", un "plancher qui résiste au vent, à l'humidité, une installation électrique aux normes", la bulle coûte aujourd'hui "entre 7.500 et 10.000 euros".

"C'est un budget important", reconnaît Audrey Bernard. Mais "si les mesures de confinement restent dans la durée", il faudra préserver "ce regain de vie, cette énergie retrouvée".

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Dans son Ehpad, il y a six à huit visites par jour, de 30 à 45 minutes chacune et il y a déjà une liste d'attente pour la semaine prochaine.

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