Coronavirus : la semaine de quatre jours, pierre angulaire du "monde d'après" ?

Photo d'illustration : locaux de Facebook à Cambridge, dans l'Etat américain du Massachusetts, le 9 janvier 2019.
Photo d'illustration : locaux de Facebook à Cambridge, dans l'Etat américain du Massachusetts, le 9 janvier 2019. Tous droits réservés AP Photo/Elise Amendola
Par Natalie HuetVincent Coste
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button

De très nombreux salariés attestent avoir été plus productifs lors du confinement. Pour des organisations, il serait temps de changer nos habitudes pour concilier bien-être et productivité en réduisant les heures de travail. L'impact de cette réduction serait même bénéfique à l'économie.

PUBLICITÉ

Avec le déconfinement, vous n'êtes sans doute pas toutes et tous encore retournés au travail. Mais déjà, dans le "monde d'avant", le vendredi pouvait être synonyme d'une plus grande consommation de café, histoire de tenir le coup pour la dernière ligne droite du marathon hebdomadaire.

Alors que les que les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 se font chaque jour de plus en plus sombres – des millions de personnes ayant ou étant sur le point de perdre leur emploi – la solution serait-elle de ne retenir que la tasse de café et de laisser tomber le travail le vendredi ?

Pour 4 Day Week Global, un organisme à but non lucratif néo-zélandais, la crise du coronavirus est une aubaine, l'occasion idéale de repenser nos schémas de travail traditionnel afin de relancer l'économie et d'améliorer le bien-être général. Il serait donc temps d'abandonner la semaine de travail de cinq jours.

"Le Covid-19 nous donne l'excuse parfaite pour envisager l'avenir du travail. Nous traversons bien sûr un terrible moment. Mais ce qui est passionnant, c'est que nous pouvons réinventer notre façon de travailler", nous explique Charlotte Lockhart, la directrice de 4 Day Week Global.

Ce qui était autrefois une idée marginale semble maintenant prendre de l'ampleur. En Nouvelle-Zélande, où la gestion du gouvernement face à la pandémie a été particulièrement efficace, l'économie du pays n'en reste pas moins fragile car fortement touchée par les effets de la crise.

Récemment, la Première ministre, Jacinda Ardern, a soutenu l'idée de la semaine de travail de quatre jours, un dispositif qui pourrait, d'après elle, aider à stimuler le tourisme domestique tout en améliorant l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Just finishing up a visit in Rotorua - thought I’d share some of the things coming through from our tourism industry...

Publiée par Jacinda Ardern sur Lundi 18 mai 2020

"J'entends beaucoup de gens suggérer que nous devrions passer à la semaine de travail de quatre jours. Au final, c'est une question d'équilibre qui doit se régler entre les employeurs et les employés. Mais (...) il y a beaucoup de choses que nous avons apprises lors de l'épisode du Covid comme sur la flexibilité des personnes travaillant à domicile, les gains de productivité qui en découlent", avait ainsi déclaré Jacinda Ardern dans une vidéo postée en direct sur Facebook, le 19 mai 2020.

Moins d'heures de travail = meilleure productivité ?

En août 2019, la filiale japonaise de Microsoft a testé la semaine de quatre jours. En comparant ensuite les chiffres de la productivité avec ceux d’août 2018, le gain observé a été de 40 %. Cette expérimentation faisait partie d'un projet d'entreprise visant à étudié l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée et les effets d'une semaine de travail réduite sur la productivité et la créativité.

En France, la semaine de travail de 35 heures est en vigueur depuis 2002. Si cette mesure introduite par le Premier ministre socialiste Lionel Jospin pour réduire le chômage a suscité de nombreuses critiques en alimentant l'image d'un pays de paresseux, il n'est rien puisque la France devance régulièrement le reste du monde en termes de productivité.

Bien qu'il soit légèrement inférieur à celui des États-Unis et qu'il ait baissé ces dernières années, le PIB par heure travaillée dans l'Hexagone est environ 25 % plus élevé que celui des autres membres de l'Union européenne et que celui des autres pays les plus riches du monde, selon les données de l'OCDE.

Euronews
Charkotte Lockhart, directrice générale de "4 Day Week Global"Euronews

Selon Charlotte Lockhart, les mauvaises perspectives économiques rendent l'idée d'une semaine de travail réduite encore plus opportune, alors que "l'accent sur la productivité est plus important que jamais". "Eu égard à la nature humaine, nous ne pouvons pas travailler à plein temps pendant 37 ou 40 heures par semaine", a-t-elle insisté sur notre antenne.

"Notre recommandation aux entreprises, c'est d'encourager leurs employés à identifier les moments où ils sont les moins productifs dans leur emploi du temps et à s'en débarrasser. Les sociétés verront ensuite qu'elles seront au minimum 20% plus productive", a ainsi préconise la responsable de 4 Day Week Global

La clé : une concentration plus aiguisée

Le fait que nous vivons dans une époque hyper-connectée et que de plus en plus de personnes ont du mal à se déconnecter du travail, est précisément la raison pour laquelle Charlotte Lockhart pense que la semaine de cinq jours, où les 40 heures de travail était la norme, ne fonctionne plus.

"Quand elle a été instituée, nous n'avions pas de smartphones, ni de courrier électronique, ni toutes ces perturbations. Nous devons donc instaurer une certaine discipline", nous a-t-elle affirmé.

Les semaines de confinement ont forcé des millions de parents à jongler entre la garde et l'éducation de leurs enfants et la nécessité de travailler à la maison en même temps, luttant contre les interruptions constantes et en planifiant le travail en fonction des heures de sieste ou de classes virtuelles.

"Pendant le confinement, nous avons dû, en plus de notre travail, éduquer nos enfants à la maison en même temps. Mais si nous devions envisager une solution de travail à distance flexible qui convienne à la plupart des entreprises, je pense que nous constaterions une productivité qui exploserait", a conclu Charlotte Lockhart.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

No Comment : Auckland, première grande ville à entrer dans l'année 2024

Nouvelle-Zélande : le futur Premier ministre dévoile une coalition de compromis

Mondial féminin : les Canadiennes, championnes olympiques, piégées par les Nigérianes