Au Moyen-Orient, écoles et universités s'adaptent aux nouveaux défis

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Par Daleen Hassan, Rebecca McLaughlin-Eastham & Salim Essaid
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Cette semaine, Inspire Middle East s'intéresse aux récentes évolutions dans le domaine de l’éducation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et notamment le passage massif à l'enseignement en ligne ces derniers mois.

Cette semaine, Inspire Middle East s'intéresse aux récentes évolutions dans le domaine de l’éducation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et notamment le passage massif à l'enseignement en ligne ces derniers mois.

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En raison de la pandémie de COVID-19, de nombreux élèves à travers le monde ont été scolarisés à domicile. Certains écoliers, comme Christy, ont beaucoup apprécié cette situation : "Je peux compter sur moi et je peux faire des choses par moi-même", explique la petite libanaise de 7 ans.

Mais d'autres ont un avis moins favorable, comme l'Egyptienne Amina, 5 ans : "Mes amis et mon professeur me manquent parce que mon professeur m'apprend beaucoup sur l'école", ou Sayf, 9 ans, qui vit aux Emirats Arabes Unis (EAU) : "Je n’aime pas trop l’apprentissage virtuel, parce que je trouve les interactions en classe très importantes."

Ces trois jeunes écoliers font partie des 103 millions d'élèves au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qui n'ont pas pu aller à l'école depuis le début de la pandémie COVID-19, selon un rapport de la Banque mondiale.  

D’après ce texte les pandémies peuvent avoir des conséquences à long terme sur l'éducation : des crises antérieures telles que l'épidémie Ebola (2013-2016) ont montré que les fermetures d'écoles pouvaient entraîner des "pertes d'apprentissage", ainsi que la diminution potentielle du capital humain et des possibilités d'emploi pour les jeunes étudiants.

Manque d'infrastructures technologiques

Pour contrer ces effets néfastes, les gouvernements de la région ont tenté d'apporter des réponses, afin qu'un maximum d'élèves puisse poursuivre leur scolarité. Le ministère jordanien de l'Education a ainsi développé un portail en ligne et deux chaînes de télévision, proposant des cours dans les matières principales du programme scolaire.

Dans le camp de réfugiés Zaatari, les élèves se sont rapidement adaptés, comme l'explique Salim, 18 ans : "Rien n’a changé, à part qu’aujourd’hui, on suit les cours sur la télévision."

Toutefois, dans des pays tels que l’Irak et la Libye, de nombreuses écoles ont dû terminer l'année scolaire plus tôt, en raison d'un manque d'infrastructures technologiques pour l'enseignement à distance.

Les pays du Golfe ont la chance d'être mieux équipés pour mettre en place ce type d'enseignement. Au Koweït, Fatema, 11 ans, a particulièrement apprécié l'apprentissage en ligne. "Ceux qui m'embêtent ne peuvent plus le faire. Sur Zoom, le professeur peut les entendre. Ou s’ils essayent de m’envoyer des mails, j’ai le pouvoir de bloquer leurs messages”, raconte la jeune fille.

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Fatema, 11 ans, apprécie l'enseignement en ligne.Euronews

Ramzi, 9 ans, vit en Arabie Saoudite. Contrairement à Fatema, il n'apprécie pas l'enseignement à distance, car il a mal aux yeux à force de regarder trop d'écrans toute la journée. Mais ce n'est pas l'unique raison : "Ça me manque vraiment de pouvoir jouer avec mes amis, au jeu des quatre coins ou à d’autres jeux de récréation. À la maison, je suis tout seul, je n'ai que mes jeux de Lego."

Apprendre à interagir avec les autres est une leçon primordiale selon Sinem Lamont, la mère de Ramzi. Pour cette ancienne enseignante, l'isolement peut avoir des conséquences à long terme : "Ce n'est pas une bonne idée de faire de l'apprentissage virtuel pour mes enfants en particulier, parce que les enfants ont besoin d’interagir avec d'autres enfants. Ils doivent être capables de résoudre des problèmes en temps réel."

Un système hybride

Aux Émirats Arabes Unis, beaucoup s’interrogent sur le futur des environnements d’apprentissage. Certains ont eut l'idée de créer un système hybride de classes virtuelles et physiques. 

L'iCademy Middle East a été fondée il y a environ 13 ans. C’est l'une des rares écoles de la région à proposer une majorité de cours en ligne accrédités. Elle accueille plus de 600 étudiants par an et, depuis le COVID-19, de nombreux parents se sont intéressés à cet établissement.

Après avoir été victime de harcèlement, Mira a rejoint l’iCademy l’année dernière. D’après elle, les modules et les cours flexibles, avec la supervision des enseignants, permettent une grande indépendance et l'acquisition de compétences pratiques. "Avec les cours en ligne, vous devez avoir plus confiance en vous, et travailler par vous même. Vous devez vous forcer à apprendre", indique l'adolescente.

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Ola Hijjawi, la mère de Mira et ancienne enseignante, estime également qu'avec l'apprentissage virtuel, ses enfants sont mieux préparés pour le monde réel : "Je n’ai pas l’impression que mes enfants vont à l’école. C’est comme s’ils avaient déjà un travail, ils écrivent des mails, ils font leurs propres projets", s’enthousiasme-t-elle. 

Alors que parents, élèves et enseignants débattent des avantages et des inconvénients de l'enseignement virtuel, cette option reste pour beaucoup la plus sûre, en cette période de pandémie mondiale. L’avenir nous dira si cette période laissera des traces pour le futur des méthodes éducatives.

Les universités aussi s'adaptent

L'impact de la pandémie mondiale et du confinement ne se fait pas seulement sentir dans l'enseignement primaire et secondaire, mais il bouleverse également certaines universités du Moyen-Orient.

Mis en place depuis le mois de mars, le programme d'apprentissage en ligne des Émirats pourrait se poursuivre, sous une forme ou une autre, à la reprise de l'année universitaire en août.

Plusieurs établissements, comme The Higher Colleges of Technology (HCT), fondé en 1988, pourraient être impactés. Près de 23 000 étudiants fréquentent ses différents sites à travers les Émirats, d’Abu Dhabi à Fujairah. L'année dernière, l'organisation a lancé "HCT 4.0", un plan stratégique pour aider les étudiants à réaliser leurs ambitions professionnelles, après l'université.

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Le Dr. Abdullatif Al Shamsi, le PDG de HCT, nous en a dit plus sur ce plan stratégique, et sur la façon dont les universités ont continué à fonctionner pendant la pandémie.

Rebecca McLaughlin-Eastham, Euronews : Dr. Abdullatif, la technologie a bouleversé l’éducation, que ce soit de manière positive ou négative. Comment votre institution s’est-elle adaptée ?

Dr. Abdullatif Al Shamsi, PDG de HCT : Nous savons tous que la génération "Z" est plus passionnée, plus compétente en terme de technologie. Ainsi, l'utilisation de la technologie existe déjà depuis longtemps au sein de notre système éducatif. C'est ce qui a rendu les transformations dues COVID-19 et au confinement plus faciles et plus souples. Nous avons obtenu la certification d'e-enseignants en collaboration avec le Blackboard International et nous investissons dans ce domaine depuis deux ans.

Étant donné que la technologie avance beaucoup plus vite que l'éducation en ce moment, quels défis cela représente-t-il pour votre domaine ?

Dr. Abdullatif Al Shamsi : Absolument oui, la technologie est en constante évolution, il ne s'agit donc pas d'un objectif fixe - c'est un objectif en perpétuel mouvement et notre faculté doit s'intéresser tous les six mois aux nouvelles tendances de la technologie. Le COVID-19 nous a apporté une occasion en or, en tant qu'éducateurs, d'accélérer ce que nous préconisons. Dans un sens, nous utilisons davantage les simulations, les animations, les applications dans le cadre de la pédagogie et de la transmission des instructions. Et c'est ce qui rend l'apprentissage de plus en plus passionnant pour nos étudiants.

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Comment préparez-vous les élèves à un nouveau monde - non seulement un nouveau monde de l'emploi, mais aussi un nouveau paysage social, économique et politique, à travers le monde ? Quel est le meilleur conseil que vous pourriez leur donner en ce moment ?

Dr. Abdullatif Al Shamsi : Il y a un an, nous avons commencé avec un nouveau concept que nous appelons "Persona 4.0". Le type de diplômés que nous recherchons se compose de trois éléments : le personnage numérique, le personnage professionnel et le personnage entrepreneurial.
L'esprit d'entreprise est ce que nous recherchons pour l'après-covid-19, les compétences entrepreneuriales pour créer des petites et moyennes entreprises. Nous devons amener nos étudiants à acquérir de bonnes aptitudes et compétences, afin qu'ils soient capables de gérer leurs propres entreprises.  Et plus nous faisons cela, plus nous créons de la richesse au sein de l'économie des EAU et je pense que cela la rendra plus efficace. C'est de cela que nous avons besoin : que nos étudiants soient davantage préparés.

A la Sorbonne Abu Dhabi, pas de "refonte radicale"

Parmi les institutions universitaires internationales présentes au Moyen-Orient, citons l'université de la Sorbonne à Abu Dhabi, l'homonyme du siège de l'institution de renommée mondiale à Paris.

Créé en 2006, cet établissement a accueilli des milliers d'étudiants de plus de 90 nationalités, inscrits dans les domaines de l’art, des sciences humaines et des sciences.

Selon la vice-chancelière Silvia Serrano, l'organisation a dû "s'adapter" à la crise du COVID-19. Toutefois, elle ne devrait pas procéder à une refonte radicale du programme ou du campus de l'université. 

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Silvia Serrano, vice-chancelière de la Sorbonne à Abu Dhabi : Je pense que ce qui ressort clairement de cette expérience, c’est que ceux qui pensent que nous pouvons passer à 100 % de cours en ligne vont probablement être très déçus. Les cours en présentiel et les interactions avec le professeur sont absolument obligatoires et nous ne pouvons pas réussir à fournir un bon enseignement sans ce contact personnel."

Rebecca McLaughlin-Eastham, Euronews : Pourquoi l'interaction personnelle est-elle si importante ? Pourquoi le face-à-face est-il essentiel ? Que se passera-t-il s'il y a une deuxième vague et que nous sommes obligés de faire plus d'enseignement en ligne ?

Silvia Serrano : L'utilisation des outils numériques va rester, mais le problème est que l‘enseignement et l'apprentissage sont un processus très complet et complexe qui n'implique pas seulement d'apporter des connaissances et de les transmettre, mais aussi de les recevoir. Mais il y a aussi une question de motivation ; il faut aussi attirer l'attention des étudiants, susciter leur intérêt. Et c'est quelque chose qui ne se limite pas à délivrer des informations, mais aussi des émotions. Comment partager des émotions avec les étudiants en ligne, par exemple ? C'est un énorme défi.

Si l'on regarde ce que l'on nomme "nouvelle ère" de l'éducation dans tant de pays, quel sera, selon vous, l'héritage durable de cette expérience éducative ? Quels seront les changements permanents laissés par la pandémie ?

Silvia Serrano : Les étudiants en doctorat, parfois en master, prenaient souvent l'avion pour se rendre à l'autre bout du monde afin d'assister à une conférence. Et maintenant, les conférences sont en ligne et cela fonctionne bien, à ce niveau. D'autre part, les lycéens qui pensaient s'inscrire dans des universités à l'étranger, envisagent probablement davantage d'étudier dans une université locale maintenant.

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