L'éducation francophone au Liban menacée par la crise économique

Les bancs de l'école Notre Dame de Lourdes à Zahlé (Liban) resteront vides à la rentrée.
Les bancs de l'école Notre Dame de Lourdes à Zahlé (Liban) resteront vides à la rentrée. Tous droits réservés AFP
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Par Euronews avec AFP
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Faute de moyens, entre 50 et 70 établissements catholiques francophones risquent de fermer en septembre, sur les 330 que compte le pays.

La survie de quelque 300 établissements scolaires francophones est menacée au Liban en raison de la plus grave crise économique de l'histoire du pays, provoquant des inquiétudes parmi les enseignants et menaçant la francophonie.

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Après 135 ans d'existence, l'école catholique francophone Notre Dame de Lourdes, dans la ville de Zahlé, va devoir fermer ses portes.

L'établissement a survécu à de nombreuses épreuves à travers le siècle, notamment la guerre civile de 1975 à 1990. Mais c'est finalement la crise économique liée au COVID-19 et l'effondrement de la livre libanaise qui auront raison de lui.

Depuis plusieurs jours, la directrice de l'école, Colette Moughabghab accueille des parents catastrophés par la nouvelle. "J'ai tout fait pour obtenir des aides de l'étranger, déplore-t-elle. Nous avons publié des messages sur Facebook, sur Instagram, mais personne n'a répondu."

Situation "catastrophique"

A l'instar de cette petite école de l'est libanais, la survie des 330 autres établissements catholiques du pays, dont plus de 80% sont francophones, n'a jamais été aussi menacée.

Pour le père Boutros Azar, secrétaire général des Etablissements catholiques, la situation est "catastrophique". "Entre 50 et 75 écoles de notre réseau risquent d'être fermées" en septembre, dit-il.

Dans le bureau de Colette Moughabghab, Samer et sa femme Marie enchaînent les questions, la mine déconfite, tandis que leur fils Julien, sept ans, erre dans son ancienne école.

Pour les parents qui en ont les moyens, les élèves seront transférés vers une autre école à la rentrée. Mais pour Samer et Marie, c'est impossible : "On ne peut plus continuer. Mon mari travaille dans son magasin toute la journée, pour gagner 20 à 50 000 livres (l'équivalent de 20 à 30 euros). La situation a complètement changé aujourd'hui", confie Marie.

Menace pour la francophonie

Pour la francophonie, l'enjeu est de taille. Le Liban est "le premier pays au monde en termes de nombre d'élèves scolarisés dans le système français, loin devant le deuxième, le Maroc", souligne l'ambassadeur de France a Beyrouth, Bruno Foucher.

Les établissements homologués, labellisés ou certifiés par la France scolarisent quelque 120 000 élèves. Au total, le réseau élargi d'écoles francophones compte un demi-million d'élèves, soit 50% des effectifs nationaux.

Pour tenter d'éviter le pire, la France a prévu un plan d'aide d'urgence de "plusieurs millions" dédié à une cinquantaine d'écoles homologuées - des prêts à taux zéro et des bourses scolaires aux familles libanaises. Le plan prévoit également un fonds spécifique aux écoles chrétiennes et un plan spécial pour l'ensemble des écoles francophones.

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