Relance économique : faut-il avoir peur de l'explosion de la dette ?

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Par Guillaume Petit
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En matière de relance, l'UE est-elle à la hauteur ? L'analyse de notre invité : Christopher Dembik, économiste à Saxo Banque.

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L'explosion des dettes publiques fait-elle peser un risque important pour les économies européennes ? Le plan de relance de l'UE est-il à la hauteur ? Analyse de notre invité, Christopher Dembik, économiste à Saxo Banque.

"Tout sera mis en oeuvre pour protéger nos salariés et pour protéger nos entreprises, quoi qu'il en coûte", avait promis Emmanuel Macron au début de la crise sanitaire. Quatre mois plus tard, la France ne semble plus compter les milliards pour tenter de relancer l'économie. Ce vendredi, ce sont mêmes les réformes des retraites et de l'assurance-chômage qui ont été décalées.

Alors que le pays sombre dans la récession, le gouvernement a mobilisé près de 500 milliards d'euros en dépenses publiques, aides ponctuelles et garanties de prêt. La dette publique va donc atteindre des sommets, passant de 98,1% du PIB en 2019 (chiffre de l'Insee) à plus de 120% du PIB, selon les prévisions du gouvernement soit 20 points de plus. C'est deux fois plus que la hausse enregistrée lors de la crise de 2008-2009.

Christopher Dembik, économiste à Saxo Banque et spécialiste de l'Europe et du Moyen-Orient, est l'invité d'euronews.

"L'une des questions est de savoir si cette dette publique a réellement un coût économique pour l'État"

Guillaume Petit, euronews : On parle d'un gouvernement de droite, mais c'est une politique keynésienne comme rarement la France en a connu qui est mise en place. A terme qui va payer la facture ?

Christopher Dembik : Alors, je sais qu'en France, le niveau de la dette publique est toujours une inquiétude très importante. En fait, le problème, c'est que souvent, on met en avant un niveau de dette publique en pourcentage du PIB, mais cela ne donne finalement pas une réalité du risque. Aujourd'hui, pour comprendre s'il y a un problème au niveau de la dette publique et qui va payer, il faut savoir qui détient la dette publique. Et concrètement, aujourd'hui, ce sont des investisseurs institutionnels : des banques, des assurances et des banques centrales. La Banque centrale européenne est massivement intervenue. L'autre point est de savoir si cette dette publique a réellement un coût économique pour l'État, qui pourrait l'inviter à augmenter les impôts. Aujourd'hui, la charge de la dette - ce que l'Etat paie en termes de taux d'intérêt - représente environ 1,3% du PIB. C'est extrêmement bas. Donc aujourd'hui, on n'a pas de problème de dette. La Banque centrale européenne envoie un message très clair au gouvernement aujourd'hui : les circonstances sont telles que vous allez devoir emprunter de l'argent pour faire face à des dépenses qui sont exceptionnelles et afin que cet emprunt sur les marchés financiers ne pèse pas sur l'avenir et n'invite pas à augmenter les impôts, la banque centrale s'engage à racheter quasiment l'intégralité de cette dette. 

"Le montant (du plan de relance) est trop faible, surtout si on compare la zone euro aux Etats-Unis"

Guillaume Petit, euronews : Mais est-ce que le plan de relance des Européens sera suffisant ? Est-ce que l'UE est à la hauteur ?

Christopher Dembik : Cette fois, l'Europe a réagi très vite et a compris qu'il faut mettre de l'argent sur la table. Après, quand on va dans le détail, le problème, c'est que le montant évoqué est de 750 milliards. C'est faible. Si on regarde les plans de relance mis en place, dans les pays asiatiques, où vous avez vraiment des plans de relance massifs, ou aux Etats-Unis, les chiffres sont très différents 750 milliards, c'est faible et surtout, cela arrive très tard, parce que le déblocage d'une grande partie des 750 milliards n'aura lieu qu'en 2023-2024. Finalement, ce n'est pas de la relance, c'est de l'investissement sur le long terme. Le montant est trop faible par rapport à ce qui pouvait être mis sur la table, surtout si on compare la zone euro et les Etats-Unis. Indéniablement, ce (plan) n'est pas à la hauteur. Et surtout, il arrive bien trop tard.

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