Covid-19 : la France "peut basculer à tout moment" dans une épidémie incontrôlée, avis d'experts

Des policiers informent les gens du port obligatoire du masque sur la "Promenade des Anglais", à Nice, le 3 août 2020
Des policiers informent les gens du port obligatoire du masque sur la "Promenade des Anglais", à Nice, le 3 août 2020 Tous droits réservés VALERY HACHE / AFP
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Par Joël Chatreau
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Assez d'insouciance de la part de certains Français pendant ces vacances d'été ! Le Conseil scientifique, qui tente d'éclairer le gouvernement sur l'évolution du Covid-19, tient à marquer le coup ce 4 août. "Nous pouvons basculer à tout moment" dans une épidémie incontrôlée, met-il en garde.

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Préférer passer pour alarmiste que pour irresponsable : c'est la position qu'a décidé de choisir le Conseil scientifique, qui a la tâche délicate d'aider le gouvernement à y voir plus clair en France face au sursaut que connaît le nouveau coronavirus dans le pays depuis la fin juillet. Le nombre de nouvelles contaminations confirmées a tout de même augmenté soudainement de 54% au cours de la semaine du 20 au 26 juillet, et le nombre de malades du Covid-19 admis en réanimation a fait un petit bond vendredi 31 juillet ; c'était la première fois depuis le mois d'avril.

"Nous pouvons basculer à tout moment"

On comprend donc pourquoi le comité des épidémiologistes et virologues qui conseille l'exécutif français au quotidien a rendu un avis le 4 août qui met sérieusement en garde. Il estime que pour le moment "la France se trouve dans une situation contrôlée" mais "fragile", ajoute-t-il. Et la phrase qui fait le plus réfléchir dans son communiqué est : "Nous pouvons basculer à tout moment"... basculer, selon son expertise, dans une résurgence incontrôlée de la pandémie.

Le Conseil scientifique vise notamment la partie la plus insouciante de la population qui, en cette période propice de vacances d'été, se laisse aller par légèreté ou même conteste l'utilité du port du masque dans les lieux fermés, les endroits où se produisent de grands brassages de gens, ou encore les rassemblements festifs.

Le virus circule de façon plus active, avec une perte accentuée des mesures de distanciation et des mesures barrières : l'équilibre est fragile et nous pouvons basculer à tout moment dans un scénario moins contrôlé, comme en Espagne par exemple

Les experts comptent aussi responsabiliser tous les Français, sans exception :

L'avenir de l'épidémie à court terme est en grande partie entre les mains des citoyens

L'obligation du port du masque étendue

Bon nombre d'autorités locales ont réagi fermement sans attendre. Des décrets gouvernementaux ont rendu le port du masque obligatoire dans les lieux clos, dont les commerces. Et le 20 juillet dernier, les préfets ont eu le feu vert pour faire imposer également ce masque à l'extérieur, sur les sites ou dans les manifestations où la situation sanitaire est plus difficilement gérable.

La maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait savoir mardi 4 août qu'il fallait désormais porter un masque sur les marchés de la capitale et les quais de Seine. Des mesures semblables sont déjà appliquées dans plusieurs dizaines de communes du département de la Mayenne, dans certaines localités de Haute-Savoie, et dans quelques zones des villes de Nice, Toulouse et Lille, notamment.

Demande d'une amélioration de l'accès aux tests

Quant à une nouvelle offensive de la pandémie de Covid-19 en automne ou hiver prochain, le comité d'experts français ne se fait pas d'illusion, la jugeant "hautement probable". Le Conseil demande aux autorités de réfléchir dès maintenant à ce qu'il appelle "des plans de prévention", particulièrement dans les 20 plus grandes métropoles de l'Hexagone. Et il donne des recommandations :

Un confinement local plus ou moins important en fonction de l'épidémie doit faire l'objet d'une préparation dans ces zones à forte densité de population

Au passage, les scientifiques n'hésitent pas à égratigner les responsables gouvernementaux, leur reprochant "des lenteurs" dans leur mise en route de mesures afin de tracer, de tester et d'isoler les cas positifs. Ils souhaitent une nette amélioration de "l'accès aux tests", dont ils jugent les délais trop longs.

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