Les secours tentent, 72 heures après la catastrophe, de retrouver des survivants sous les décombres. Un cargo moldave est lui au centre de l'enquête diligentée pour tenter de comprendre les raisons de ce drame qui a fait plus de 150 morts dans la capitale du Liban.
Trois jours après les explosions qui ont dévasté Beyrouth, le lourd bilan encore provisoire fait état de près de 150 morts et de 5 000 blessés. Mais les Libanais s'accrochent à l'espoir de retrouver des survivants. Sur le terrain, les recherches continuent sous les décombres. Plusieurs pays dont la France ont dépêché secouristes, matériel médical et sanitaire pour aider le Liban.
L'Union européenne a débloqué 33 millions d'euros en urgence. L'armée des Etats-Unis a, elle, envoyé des cargaisons d'eau, de nourriture et de médicaments.
Les premières funérailles de victimes de la catastrophe ont eu lieu dans plusieurs régions du pays, comme à Qlaïa, dans le sud du Liban, où les habitants du village sont venus dire un dernier adieu à un membre des forces de sécurité libanaises.
Macron veut une enquête internationale
Le Président français s'est rendu ce mercredi dans les ruines du port de la capitale du Liban puis dans le quartier ravagé de Gemmayzé. Emmanuel Macron a réclamé une enquête internationale et a appelé à un "profond changement" de la part des dirigeants libanais.
"Aujourd'hui est le moment de la responsabilité du Liban et de ses dirigeants. Nous devons reconstruire la confiance et l'espoir. Cela ne peut être décrété, il ne peut pas être reconquis du jour au lendemain. Mais il faut la refondation d'un nouvel ordre politique" a notamment déclaré Emmanuel Macron.
La colère des Libanais contre leurs dirigeants monte d'un cran
Furieux après une catastrophe de trop dans un pays en plein naufrage, les Libanais réclament des comptes. Dans la soirée, des dizaines de manifestants très remontés s'étaient rassemblés pour dénoncer l'incompétence et la corruption des autorités de leur pays.
Ils ont été dispersés par les forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogènes. Ces incidents surviennent à l'avant-veille d'une grande manifestation anti-gouvernementale, elle est prévue samedi.
Un cargo moldave au centre de l'enquête
72 heures après la catastrophe, les premiers éléments de l'enquête se dirigent vers le Rhosus, un navire battant pavillon moldave. Ce dernier était parti du port de Batoumi en Georgie en 2013, en emportant dans ses soutes 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium, à destination d'un port du Mozambique.
Mais sur sa route, le cargo a dû faire une escale imprévue à Beyrouth, en raison de problèmes techniques. Le Rhosus a subi une inspection sur place qui s'est conclue par une interdiction de reprendre la mer. Le navire a été est ensuite saisi par les autorités libanaises. Laissé à l'abandon, il n'a jamais quitté le Liban...
L'ex-capitaine du cargo, Boris Prokoshev, a lui indiqué que "les propriétaires du cargo n'ont pas payé les les pénalités portuaires. Et c'est pour ça qu'ils n'ont pas laissé repartir le Rhosus. Ils savaient très bien qu'il y avait une cargaison dangereuse là-bas."
Quant à la cargaison, Badri Daher directeur général des douanes libanaises, interrogé par le quotidien libanais l'Orient - Le Jour, a déclaré qu'elle avait été déchargée "suite à une décision de justice" dans un entrepôt du port, "en raison des risques liés au maintien du nitrate d'ammonium à bord du navire".
Cette bombe à retardement a fini par exploser, transformant brutalement la vie de centaines de milliers de personnes. C'est dans le lieu où le nitrate d'ammonium avait été stocké, l'entrepôt n°12 du port de Beyrouth, que les explosions de mardi se sont produites. En effet, les coordonnées GPS localisant l'épicentre de la déflagration enregistrée par les capteurs de l'institut américain de géophysique (USGS) pointent cette localisation.
Pour les habitants de la capitale du pays du Cèdre, il est difficile de reprendre une vie normale après une telle tragédie. Certains ont trouvé du réconfort dans la musique, comme May Abboud Melki, une Beyrouthine âgée de 79 ans.
Sa petite fille a filmé sa grand-mère jouant au piano la chanson écossaise "Auld Lang Syne" ("Ce n'est qu'un au revoir") parmi les débris de son appartement ravagé par les gigantesques explosions. Une bulle de douceur dans le chaos partagée sur les réseaux sociaux pour tous les Libanais meurtris.