Rohingyas : d'anciens soldats birmans avouent des exactions

Myo Win Tun, déserteur de l'armée birmane.
Myo Win Tun, déserteur de l'armée birmane. Tous droits réservés AP/Arakan Army
Par Anne-Lise Fantino avec AFP
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Ces témoignages inédits de déserteurs précisent les massacres commis à l'encontre de cette minorité musulmane du Myanmar.

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Les exactions commises contre les Rohingya sont documentées de longue date, cette minorité musulmane apatride sur son propre sol étant considérée comme la plus persécutée au monde par l'ONU.

Mais cette fois, c'est un témoignage inédit que vient de dévoiler une ONG : celui de soldats qui ont déserté l'armée birmane et qui pourrait marquer un tournant face à la justice internationale.

"Quand nous avons mené les massacres dans les villages rohingyas, nous avons tiré et exterminé les gens", relate l'un d'entre eux, Zaw Naing Tun, dans une longue vidéo, "en suivant l'ordre qui nous avait été donné de tuer tout le monde, sans distinction, les adultes, comme les enfants".

"On a détruit des villages entiers près de Taung Bu Zar", affirme Myo Win Tun un autre déserteur, filmé lui aussi. "Il faisait nuit quand nous avons commis des massacres, en ayant reçu l'ordre de tirer sur tout ce qu'on voyait et sur tout ce qui pouvait faire du bruit".

Nous avons tiré et exterminé les gens en suivant l'ordre qui nous avait été donné de tuer tout le monde, sans distinction, les adultes comme les enfants
Zaw Naing Tun
Ancien soldat de l'armée birmane

Ces trois dernières années, plus de 700 000 Rohingyas ont dû fuir le nord du Myanmar vers le Bangladesh voisin pour échapper aux viols, aux exactions et aux pillages commis par l'armée.

"C'est la première fois que nous recueillons des témoignages venus de l'intérieur, au sein de l'armée du Myanmar", explique Matthew Smith, responsable de l'ONG Fortify Rights, "des témoignages internes avouant des actes constitutifs d'un génocide et de crimes contre l'humanité".

Selon l'ONG Fortify Rights, les deux soldats repentis auraient fui le Myanmar, et se seraient rapprochés de la Cour Pénale Internationale, aux Pays-Bas, qui examine les charges qui pèsent contre les autorités birmanes. Ils auraient fourni des informations sur l'identité, les gradés, la nature des ordres mais aussi la chaîne de commandement, alors que l'armée birmane continue de nier ces exactions.

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