Australie : le réchauffement tue la Grande Barrière à petit feu, 50% du corail disparu en 25 ans

Archives : la disparition des coraux sur la Grande Barrière, en Australie
Archives : la disparition des coraux sur la Grande Barrière, en Australie Tous droits réservés ANDREAS DIETZEL/AFP
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Par Joël Chatreau
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La Grande Barrière de corail, joyau des fonds marins du nord-est de l'Australie, perd sa beauté de jour en jour. La moitié de ses coraux ont déjà été détruits à cause du réchauffement climatique au cours des 25 dernières années. Cette catastrophe écologique risque d'être irréversible.

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L'Unesco va-t-elle devoir se résigner à sortir ce site sous-marin exceptionnel du patrimoine mondial ? Ce n'est pas une question posée à la légère car la menace est réelle. La Grande Barrière de corail, qui se déploie sur 2 300 kilomètres de long dans le nord-est de l'Australie, ne cesse de perdre de sa majesté depuis des années. Et le verdict des scientifiques qui est tombé ce mercredi 14 octobre 2020 est sans appel : en seulement 25 ans, la moitié des coraux du richissime écosystème sont morts.

Réchauffement = blanchissement

Le triste constat est fait par des chercheurs australiens dans la revue scientifique britannique Proceedings of the Royal Society. Sans surprise puisque la catastrophe est régulièrement annoncée, les scientifiques désignent un coupable principal, le réchauffement climatique qui a entraîné pas moins de cinq vagues de blanchissement du corail de la Grande Barrière ; les premières ont eu lieu en 1998 et 2002, puis deux autres ont suivi successivement en 2016 et 2017, et ce n'est pas fini parce que le phénomène a repris cette année.

Toutes les structures coralliennes sont attaquées mais les plus grandes, à ramifications ou en forme de table, sont les plus durement touchées et en voie d'extinction. "Elles ont disparu à 80 ou 90%", est-il précisé dans l'étude publiée.

L'un de ses auteurs, **Terry P. Hughes, professeur à l'Université James Cook **- installée à Townsville, dans l'Etat australien du Queensland -, s'alarme des conséquences pour la faune et la flore sous-marines :

Le corail offre les coins et les recoins dans lesquels nombre de poissons et de créatures se réfugient, et perdre ces énormes coraux tri-dimensionnels modifiera tout l'écosystème

Destruction irréversible ?

Le blanchissement des récifs s'explique effectivement par la montée de la température des océans qui chasse les algues symbiotiques nichées dans le corail - ces algues lui apportent de la couleur et des nutriments -, et finit par faire dépérir les coraux. Ce cercle vicieux risque de mener à une destruction irréversible, comme le déplore Terry P. Hughes :

Les coraux qui grandissent le plus vite mettent une décennie pour se rétablir à moitié (...) Nous ne pensons pas qu'ils se rétabliront dans la diversité que nous avons connue, historiquement (...)
Si la hausse de la température est de trois ou quatre degrés, alors il faudra les oublier

La Grande Barrière australienne perdrait alors son rang au patrimoine mondial de l'Unesco, acquis en 1981. A moins que l'Accord de Paris de 2015 pour combattre le réchauffement du climat soit enfin appliqué par un maximum de pays à travers le monde. Qui vivra, avec ou sans corail, verra...

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