Présidentielle américaine : "Le message d'unité de Joe Biden plaît" dans une Amérique sous tension

Joe Biden
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Par Julien Pavy
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Pour Jean-Eric Branaa, auteur d'une biographie sur Joe Biden, le candidat démocrate incarne une figure rassurante dans une Amérique où les tensions sont devenues trop fortes.

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Ces élections américaines se déroulent dans le contexte inédit de la pandémie qui a fait près de 230.000 morts aux Etats-Unis et plongé le pays dans une récession historique. Outre la crise sanitaire et économique, cette campagne électorale a été marquée par les tensions raciales après la mort de George Floyd et d’autres Afro-américains.

Interview de Jean-Eric Branaa, chercheur, auteur d'une biographie sur Joe Biden (Nouveau Monde éditions)

Julien Pavy euronews : qu'est-ce qui chez Joe Biden a séduit l'électorat américain durant cette campagne électorale ?

Jean-Eric Branaa : La pandémie a écrasé cette campagne et Joe Biden, avec son âge, s'est retrouvé en très bonne position pour apparaître comme le président consolateur. C'est sa figure rassurante, sa bienveillance naturelle, son empathie vis-a-vis des gens qui sont assez légendaires aux États-Unis, on l'appelle le bon gars. Mais le fait qu'il se mette en retrait, qu'il écoute les scientifiques, a beaucoup rassuré la population américaine. C'est ça avant tout que les Américains vont chercher chez lui, quelqu'un qui va faire abaisser les tensions. Son message d'unité plaît énormément parce que les tensions sont aujourd'hui trop fortes, trop insupportables pour beaucoup d'Américains qui aimeraient que la politique soit un peu moins présente dans leur vie et qu'on s'occupe des problèmes auxquels ils font face aujourd'hui : problèmes de santé, de travail, de logement. C'est cela d'abord qu'il faut apporter comme réponse.

Sa figure rassurante, sa bienveillance naturelle, son empathie vis-a-vis des gens sont assez légendaires aux Etats-Unis. On l'appelle le bon gars.
Jean-Eric Branaa
Auteur d'une biographie sur Joe Biden

Julien Pavy euronews : Si Joe Biden l'emporte, va-ton revenir quatre ans en arrière, notamment sur les grands accords internationaux, comme le climat ?

Jean-Eric Branaa : C'est en réalité plus nuancé que cela. Il y a tout de même des choses à retenir du mandat de Donald Trump, en particulier son analyse sur la montée de la Chine qui est partagée aujourd'hui même dans le camp démocrate. Ce retour à un protectionnisme américain ou une Amérique d'abord va donc être poursuivi, sous certaines formes, pas forcément les mêmes, par Joe Biden. Concernant l'accord avec l'Iran, c'est plus problématique, car pour faire un accord, il faut être deux, et les Iraniens ont déjà fait savoir que Trump ou Biden, c'était blanc bonnet ou bonnet blanc. Il y a des choses qui ne changeront pas vis-à-vis d'Israël, où cette politique désormais est sur des rails et continuera de la même façon. La volonté au Moyen-Orient est à peu près partagée par les camps républicains et démocrates, pareil avec les voisins, qu'ils soient Mexicains ou Canadiens, l'USMCA (Accord Canada–États-Unis–Mexique) convient parfaitement au camp démocrate et il ne faut pas espérer une détente particulière sur ce côté là non plus.

Le retour à un protectionnisme américain ou une Amérique d'abord va être poursuivi, sous certaines formes, pas forcément les mêmes, par Joe Biden.
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Jean-Eric Branaaeuronews

Julien Pavy euronews : Si Donald Trump gagne cette élection, à quoi pourrait ressembler son second mandat ?

Jean-Eric Branaa : Il ne s'agit pas seulement d'une victoire de Donald Trump, mais de savoir s'il aurait le Sénat. Or, on sait que dans les projections, déjà il n'aurait pas la Chambre des représentants, ce qui veut dire qu'on aura un blocage. Et s'il perdait le Sénat, on aura un blocage encore plus grand puisqu'on pourrait même avoir des effets qui iraient beaucoup plus loin, par exemple un nouvel impeachment avec une destitution. Donc, la situation ne serait pas toute rose pour Donald Trump s'il était élu, ce serait du court-termisme, mais le fait de pouvoir gouverner n'est vraiment pas acquis.

Dans les projections, on sait que Donald Trump n'aurait pas la Chambre des représentants, ce qui veut dire qu'on aura un blocage.
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