Entre embarras et soutien, le trouble jeu des républicains face à un président Trump battu

Mitch McConnell, le 9 novembre 2020.
Mitch McConnell, le 9 novembre 2020. Tous droits réservés Susan Walsh/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved.
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Par Euronews avec AP
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En privé, les républicains du Capitole avouent être dans une situation difficile, craignant de contrarier Donald Trump et ses plus ardents partisans.

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Malgré la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine, Mitch McConnell, le leader de la majorité républicaine au Sénat, a déclaré que le président Donald Trump est "à 100% dans son droit" de contester les résultats du scrutin du 3 novembre.

Ces déclarations sont un nouveau signal pour que les élus du parti républicain se rangent en ordre de bataille derrière la Maison Blanche, dans l'optique des actions en justice à venir. En effet, les remarques du leader républicain de ce lundi, ses premiers commentaires publics depuis que Joe Biden a été déclaré vainqueur, montrent à quel point les alliés de Trump au Capitole sont réticents à défier le président, même dans la défaite.

La plupart des républicains au Congrès ont refusé de féliciter Joe Biden. Ils refusent également de pousser Donald Trump à accepter le résultat.

"Nos institutions sont en fait construites pour cela", a affirmé M. McConnell lors de l'ouverture du Sénat. "Nous avons le système en place pour examiner ces soupçons de fraudes. Le président Trump est à 100% dans son droit d'examiner les allégations d'irrégularités et de considérer ses options juridiques".

McConnell a déclaré que le processus se déroulera et "arrivera à sa conclusion".

Le leadership républicain soutient Donald Trump

Les républicains clôturent l'ère Trump comme ils l'ont commencée, selon l'agence AP, en se ralliant au président pour faire voler en éclats les normes préexistantes et semer de l'incertitude envers les institutions. Cette posture menace maintenant une transition "normale" du pouvoir dans le pays, près d'une semaine après la fin de l'élection.

En privé, les républicains du Capitole avouent être dans une situation difficile, craignant de contrarier Donald Trump et ses plus ardents partisans. Mais leurs jeux fragilisent la pérennité du système électoral américain, tout en entravant la bonne mise en marche de la future administration Biden. Le chef des services généraux de la Maison Blanche a, par exemple, retardé le début officiel de la période de transition entre les équipe Trump et Biden .

Donald Trump, lui, refuse toujours de reconnaître sa défaite. L'ancien magnat de l'immobilier organise des actions en justice dans plusieurs États. Mais rien n'indique, ni ne prouve, qu'il y ait eu des irrégularités ou des fraudes généralisées lors de l'élection.

Le refus du président d'accepter les résultats signifie que les litiges électoraux pourraient s'éterniser pendant des semaines, alors que les grands électeurs doivent entériner, par leur vote, le résultat de la présidentielle américaine mi-décembre.

Le sénateur Lindsey Graham, un républicain de Caroline du Sud, a déclaré qu'il encouragerait le président "à ne pas céder".

La majorité au Sénat étant en jeu, les républicains n'osent pas risquer de s'aliéner Trump ou ses partisans avant l'investiture de Joe Biden le 20 janvier.

En effet, en Géorgie, où Donald Trump est à la traîne d'une courte tête (un recomptage des voix va avoir lieu), les deux sénateurs républicains candidats à leurs propres successions sont contraints de se présenter à nouveau le 5 janvier pour une élection spéciale, puisqu'aucun d'être eux n'a obtenu une majorité absolue lors du vote le 3 novembre. Ces deux sièges risquent bien de déterminer le parti qui va contrôler le Sénat. Les deux sénateurs sortants, David Perdue et Kelly Loeffler ont conjointement qualifié le système électoral de leur Etat d'"embarras".

De nombreux républicains ont annoncé la date limite de décembre, rappelant que c'est le temps qu'il a fallu pour sceller le sort de l'élection contestée de 2000, où la victoire avait échappé au démocrate Al Gore au détriment du républicain George W. Bush. Ce dernier avait fini par remporter la Floride, l'Etat qui a fait basculer l'élection, de 537 voix en sa faveur sur près de 6 millions de suffrages.

Le chef républicain au Sénat, Mitch McConnell, s'est exprimé peu après sa rencontre avec le procureur général William Barr au Capitole. Ce dernier, membre de l'administration Trump, a autorisé les procureurs fédéraux de tous les États-Unis à enquêter sur toute "allégation substantielle" d'irrégularités de vote, selon un mémo aux procureurs américains obtenu par The Associated Press.

"Nous voulons que tous les bulletins légaux soient comptés"

"En fin de compte, nous voulons que tous les bulletins légaux soient comptés", a déclaré à l'agence AP le républicain n°2 de la Chambre des représentants, Steve Scalise. "Si l'on remonte à l'affaire Bush contre Gore, on constate qu'elle a été résolue la deuxième semaine de décembre... Il reste donc des questions à résoudre et le processus se déroule de lui-même."

Contrairement à l'élection de 2000, où quelques centaines de votes en Floride séparaient M. Bush de M. Gore, Donald Trump lance un vaste réseau de contestations judiciaires dans les États où M. Biden a des milliers de voix d'avance sur lui.

Selon l'agence AP, certains républicains raillent l'équipe juridique du président, dirigée par son avocat personnel Rudy Giuliani, et doutent que le président dispose d'une solution crédible pour contester les résultats de l'élection. Les responsables électoraux des deux partis politiques ont eux déclaré publiquement que l'élection s'était bien déroulée.

...extrêmement dangereux, extrêmement toxique pour notre démocratie
Chuck Schumer
chef de la minorité démocrate au Sénat

Le leader de la minorité démocrate du Sénat, Chuck Schumer, a déclaré ce lundi que le refus des républicains de s'en tenir aux résultats de l'élection est "extrêmement dangereux, extrêmement toxique pour notre démocratie".

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M. Schumer a déclaré que les poursuites électorales peuvent être valables mais qu'elles doivent être basées sur des preuves et des faits. Il a rejeté les contestations de Donald Trump comme étant "frivoles". "Joe Biden a gagné l'élection de façon juste et équitable", a-t-il déclaré.

Mitch McConnell et les républicains ont en parallèle déclaré ce lundi qu'ils ne veulent pas que ce soit les "médias" qui proclament le résultat de l'élection.

Mais en réalité, les résultats de l'élection présidentielle sont déterminés comme ils le sont pour toutes les élections — y compris celles de la Chambre des représentants et du Sénat qui ont eu lieu le même jours et qui ne sont pas remises en question — sur la base d'une analyse des décomptes des votes.

"Ne faisons pas de sermons, pas de discours, sur la façon dont le président devrait immédiatement  accepter les résultats préliminaires de l'élection", a précisé M. McConnell.

Interpellé sur les preuves de fraude électorale, le sénateur républicain John Cornyn, qui vient d'être réélu au Texas, s'est insurgé.

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"Ce n'est vraiment pas mon rôle", a-t-il déclaré aux journalistes au Capitole. "Il y a un processus qui est prévu, et je ne reproche pas au président de s'en prévaloir. Mais en fin de compte, ils vont devoir présenter des faits et des preuves."

En privé, les républicains du Capitole déclarent qu'ils essaient de donner à M. Trump le temps et l'espace dont il a besoin pour intégrer les résultats du scrutin.

Seule une poignée d'élus républicains à félicité Joe Biden

"Je pense qu'il a un droit, un droit constitutionnel, s'il y a des contestations juridiques qu'ils veulent engager", a déclaré le sénateur John Thune, le numéro deux des républicains au Sénat. "Laissons les procédures se dérouler."

Seule une poignée de républicains, dont les sénateurs Susan Collins, Mitt Romney et Lisa Murkowski, ont félicité Biden pour son élection.

D'autres essaient de "restez hors de la mêlée", comme l'a dit un collaborateur républicain, s'exprimant sous couvert d'anonymat, comme d'autres autres républicains interviewés dans cet article afin de pouvoir s'exprimer en toute franchise sur la situation. Quelle que soit votre position, "vous allez mettre en colère la moitié du pays", a déclaré un autre républicain au Capitole.

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Dans le même temps, les républicains se sentent de plus en plus coupés de la Maison Blanche. Donald Trump lui-même ne répond pas aux appels téléphoniques de certains sénateurs, a déclaré l'un des collaborateurs.

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