La ville de Bavière, ex-capitale de la propagande d'Hitler, va consacrer 85 millions d'euros à un projet de réhabilitation des anciens monuments du parti nazi
C'est un devoir de mémoire pour Nuremberg. La ville a approuvé un projet de préservation de ses monuments nazis, le champ Zepplin et le palais des Congrès.
Faut-il conserver les lieux de sinistre mémoire ? La ville allemande de Nuremberg a fait ce choix en décidant un projet de réhabilitation de ses édifices nazis. Hitler avait fait de cette commune bavaroise la capitale de sa propagande en y organisant les congrès du parti. C'est depuis la fameuse tribune Zeppelin qu'il proclamait ses discours racistes dans les années 30.
Aujourd'hui, les vestiges sont dégradés en partie interdits d'accès en raison des risques d'éboulement. Après des débats houleux, la ville a choisi de consacrer 85 millions d'euros à leur réhabilitation. L'objectif : cultiver le devoir de mémoire pour les générations futures.
Le lieu des "persécuteurs"
"C'est ce que nous appelons le lieu des "persécuteurs", explique Julia Lehner, responsable de la culture à la ville de Nuremberg. "C'est là que les congrès du parti du Reich ont eu lieu, c'est là que la soi-disant "Volksgemeinschaft", "communauté populaire" est devenue une idéologie. C'est là que les bases ont été jetées, que les lois raciales anti-juives ont été promulguées. De là, le chemin a conduit à l'extermination, à l'exclusion et finalement à la Shoah", explique-t-elle.
Tout près du champ Zepplin, le palais des Congrès, un espace monumental jamais terminé, il est le deuxième plus grand bâtiment nazi en Allemagne. Il abrite un musée retraçant l'histoire des congrès nazis.
Vestiges architecturaux du régime nazi
Florian Dierl est le directeur de ce centre de documentation sur le site des congrès du parti nazi. "Les bâtiments qui existent encore aujourd'hui témoignent de l'époque nationale-socialiste. En tant que vestiges architecturaux, ils représentent l'image idéale que le régime avait du Troisième Reich", dit-il
L'héritage nazi pèse sur la ville depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Nuremberg a attiré occasionnellement des nostalgiques du 3e Reich, mais les incidents sont rares. La communauté juive locale approuve le projet de conservation des monuments. Il servira essentiellement à sécuriser les édifices.