Des habitants des zones qui doivent être rétrocédées à l'Azerbaïdjan brûlent leurs maisons avant de fuir.
La politique de la terre brûlée pour ne rien laisser à l'ennemi… Comme d'autres, avant de partir, Vahe Mkrtchyan a mis le feu à sa maison dans une ville du Haut-Karabakh qui va être rétrocédée à l'Azerbaïdjan.
« Je ne veux rien laisser aux terroristes qui ont tué mes frères, tué mes sœurs, et qui ont volé mes terres », martèle cet Arménien.
Après six semaines de combats et la défaite des forces de la république autoproclamée, soutenues par l'Arménie, de larges pans du Haut-Karabakh doivent revenir dans le giron azebaïdjanais. Karvachar, Kalbajar en azéri, fait partie de ces territoires.
Les habitants de cette région sont coutumiers de la destruction et des pertes, car ces lieux avaient été le théâtre d'affrontements sanglants lors de la guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan dans les années 90. À l'époque, ce sont les Arméniens qui avaient expulsé les Azerbaïdjanais de ces terres.
Alors que les maisons sont incendiées par leurs propriétaires, les ruines s'ajoutent donc aux ruines d'il y a un quart de siècle.
Ceux qui partent, redoutant des représailles, ont le cœur lourd. Hayrapet Margaryan a combattu contre les forces azerbaïdjanaises dans les années 90. Comme bien d'autres, il est venu se recueillir une dernière fois au monastère arménien de Dadivank. Pour lui, l'accord négocié par la Russie a beau avoir fait cesser les combats, il ne ramènera pas la paix.
« C'est seulement la justice qui ramènera la paix »
« Pour avoir la paix, il faut la justice, nous dit-il. Nous vivons au 21e siècle et alors que l'Europe parle en permanence de justice, d'honnêteté et d'humanisme, nous en avons cruellement besoin ici. C'est seulement la justice qui permettra aux gens de vivre en paix . »
Parmi les visiteurs, des membres des forces armées battues. Des soldats qui préfèrent ne pas répondre aux questions, « seulement lorsque nous aurons repris cet endroit », dit l'un d'eux.
Vahe espère, lui aussi, pouvoir se réinstaller un jour dans l'endroit qui l'a vu naître.
À notre envoyée spéciale qui lui demande quels sont ses projets, il répond : « Revenir ici. Ce ne sera peut-être pas moi, peut-être que ce sera mon fils. En Arménie, ajoute-t-il, non seulement nous aimons notre pays mais nos terres sont aussi attachées à nous. »