Face à la crise sanitaire, le spleen des étudiants confinés

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euronews Tous droits réservés Le confinement accentuerait la détresse psychologique, notamment chez les étudiants.
Par Raphaele Tavernier avec AFP
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Inquiets pour leur avenir, privés à nouveau de cours et d'interaction sociale, les étudiants sont peut-être ceux qui souffrent le plus du confinement. Certains sont dans une grande détresse psychologique.

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À la Nightline de Paris, le rituel est le même tous les soirs. Des jeunes qui se sentent de plus en plus seuls, angoissés et déprimés, appellent ce service nocturne d’écoute géré par des étudiants, pour des étudiants. Ils se confient, disent leurs idées noires. Depuis le début de la crise sanitaire, le standard explose.

"Sur l’année scolaire 2019/2020, on a eu 3 000 personnes qui ont cherché à nous contacter, par téléphone ou par tchat, ça représentait le double de l’année d’avant, avec une forte augmentation notamment à partir de mars et de l’annonce du confinement. Et à la rentrée, en septembre 2020, on a recommencé avec beaucoup d’appels. Il y a 40 à 50 personnes qui cherchent à nous contacter chaque soir", explique Florian Tirana, étudiant et président de Nightline France.

On regarde sa vie d’avant, on regarde sa vie de maintenant et on se demande si ça a un sens
Inès, étudiante en architecture

Inès est étudiante en architecture. Elle passe ses journées entre quatre murs, à travailler. Elle se sent isolée, fatiguée et trouve le temps bien trop long. Elle a du mal à trouver le sommeil.

"D’habitude, mon téléphone me dit que je fais 10 000 pas par jour, là, j’en fais huit, donc je ne vois pas comment je peux bien dormir alors que je ne me suis au fond pas dépensée, pas aérée de la journée. Je pense que le temps paraît long, donc du coup, il paraît vide de choses qu’avant… Moi, je ne me posais pas beaucoup de questions, j’étais juste occupée tout le temps, quand je finissais un truc, je devais faire autre chose, donc je n'avais pas de questions à me poser, et juste, je vivais ma vie, alors que là, on est arrêtés, donc on regarde sa vie d’avant, on regarde sa vie de maintenant et on se demande si ça a un sens", raconte la jeune étudiante de 24 ans.

Le mal-être de milliers d’étudiants est réel estiment les spécialistes. Anxiété accrue, pensées suicidaires, troubles du comportement, les conséquences psychologiques du confinement vont crescendo.

"Les premiers chiffres que nous avons montrent une montée en charge du mal-être, de la situation de détresse étudiante, de 21 à 30 % (de la population étudiante qui connaît des épisodes), ça, ce sont les chiffres de l'Observatoire de la vie étudiante, avec un pourcentage de troubles anxieux doublé - de 13 à 26 % - et un pourcentage de troubles dépressifs qui a plus que doublé - de 9 % à 22 %", détaille Dominique Montchablon, psychiatre et cheffe de service au Relais Étudiants-Lycéens de Paris.

Les centres d’écoute Nightline existent dans de nombreuses villes européennes. Par téléphone ou par tchat, ce service est gratuit et anonyme.

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