Covid-19 : leurs commerces toujours fermés, ils se mettent à nu pour exprimer leur désarroi

Cirque "Imagine"
Cirque "Imagine" Tous droits réservés Nus pour la bonne cause
Par Guillaume Petiteuronews
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Cirques proposant des dîners spectacles, restaurants, salles de sport... En France, ils n'ont pas le droit de rouvrir pendant encore plusieurs semaines. Mais après plusieurs mois d'arrêt d'activité, comment font-ils pour survivre ? Témoignages récoltés par euronews.

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Cirques qui proposent des dîners spectacles, restaurants, salles de sport... En France, ils n'ont pas le droit de rouvrir leurs portes pendant encore plusieurs semaines. Et alors que certains ont été fermés une bonne partie de l'année, comment font-ils pour survivre ? Reportage.

Le silence dans la salle et une entracte qui semble sans fin. Les tables et chaises sont rangés mais le décor rouge vif sous le chapiteau est intact. L'énergie des artistes est là aussi, mais difficile de rester totalement motivés dans ce contexte incertain qui s'éternise. Depuis un mois et pendant près de la moitié de l’année 2020, le cirque "Imagine" à Lyon (Rhône) a du fermer ses portes. Et cela risque de durer au moins encore plusieurs semaines.

Car si les salles de spectacle doivent en principe rouvrir à compter de mi-décembre, tout comme les cinémas, les théâtres et les musées, ici le concept proposé par ce cirque est de dîner devant le spectacle. Or en France, les 200 000 bars et restaurants doivent rester fermer au moins jusqu’au 20 janvier.

Les artistes du cirque "Imagine" qui viennent de Russie, d'Ukraine ou encore d'Argentine, sont "habitués à exprimer leur sentiment sur scène", souligne le directeur David Massot. Ils ont donc récemment décidé de poser nu pour marquer le coup et exprimer son mécontentement face à cette fermeture forcée. Le slogan affiché sur la pancarte qui recouvre les parties intimes : "Quitte à être mise à poil par le Covid-19, je préfère le faire moi-même"

Cirque "Imagine"
Commerçants : ils posent us pour exprimer leur désarroiCirque "Imagine"

"Quitte à être mise à poil par le Covid-19, je préfère le faire moi-même"

Difficile pour ces artistes, habitués à la scène et au public, d’être considérés par les autorités comme "non-essentiels". "Si vous êtes triste, vous allez écouter de la musique ou danser. L'art nourrit le cœur et rend heureux, c'est tout sauf non-essentiel", témoigne Yana Klishch à euronews après s'être entrainée au cerceau.

En attendant, l’entrainement se poursuit, à raison de plusieurs heures par semaine. Un moyen de rester en forme et motivés malgré tout. "Ce ne sont pas les vacances", sourit Anastasiya Massot, co-fondatrice et co-directrice du cirque. "Nous devons nous entraîner dans le cas où demain, nous devrions retourner sur scène. Mais bien sûr c'est frustrant car on ignore combien de temps cela va encore durer".

Cirque "Imagine"
Commerçants : ils posent us pour exprimer leur désarroiCirque "Imagine"

"Ce qui me manque le plus, c'est le public, la chaleur des gens, les applaudissements", relève de son côté Marcelo Rodriguez. En attendant la reprise, le directeur David Massot veille au moral des troupes même s'il n’a d’autre choix aussi que de faire des économies pour éviter la banqueroute. "Nous avons dû avoir recours au chômage partiel, les artistes sont indemnisés grâce au régime des intermittents et nous avons du recourir à un prêt garanti par l'Etat".

Pour l'heure, il n'est pas envisagé de rouvrir le cirque pour des spectacles sans proposer de dîner, ce qui serait "techniquement" possible, mais peu souhaité par le public qui a été sondé, explique David Massot.

Des salles de sport et de danse en mauvaise posture

Si les commerces non-essentiels ont rouvert ce weekend en France, ce n'est pas le cas des 200 000 bars et restaurants, ni des salles de sport, fermées depuis fin septembre. La situation de ces dernières est tendue. D'après le syndicat des salles de sport privées FranceActive-FNEAPL, elles auraient perdu cette année le tiers de leur chiffre d'affaires annuel. Et la situation empire chaque jour un peu plus pour les plus petites structures.

C’est aussi le vide qui règne dans la salle de sport et de danse de Stéphane Vittorelli, à Lyon. Et le temps commence à se faire long. Ce professeur de sport et danseur a dû fermer fin septembre, juste après les portes ouvertes, au moment où les clients décident en général de souscrire un abonnement ou non. Résultat, aucun nouvel abonnement ni rentrée d’argent depuis plus de deux mois. Et cela va durer encore un mois et demi minimum.

Studio Dance and Co à Lyon
Salles de sports fermées : pour combien de temps encore ?Studio Dance and Co à Lyon

Alors pour entretenir le lien avec sa clientèle, Stéphane propose des cours en ligne, sans pour autant en tirer des recettes. "Il y a déjà des milliers de coachs sportifs sur Youtube, Facebook, Instagram, qui proposent cela gratuitement. Faire payer même 5 euros, c'est juste impossible", souligne-t-il.

Et les aides de l'Etat sont loin de couvrir ses dépenses. Pour le moment, Stéphane n’a donc pas d’autre choix que de vivre dans une pièce aménagée dans sa salle de sport. "Cela fait dix mois que je paie un loyer de plus de 2000 euros par mois et je n'ai travaillé qu'un mois et demi". Le plus difficile : le sentiment d'isolement. "J'essaie de joindre ma régie pour entrer avec le propriétaire, que je ne connais pas, et je n'ai aucune réponse, aucun retour", assure-t-il.

Toujours selon le syndicat des salles de sport privées FranceActive, qui réclame une réouverture le 4 janvier, 20 à 30 % des clubs en France risqueraient de ne pas survivre à ce deuxième confinement. Le secteur emploi environ 50 000 salariés pour 7 millions de pratiquants.

Video editor • Guillaume Petit

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