La pandémie arrive en Antarctique, continent jusqu'alors épargné par le Covid-19

La base chilienne Bernardo O'Higgins Riquelme
La base chilienne Bernardo O'Higgins Riquelme Tous droits réservés CC BY 3.0 Stone Monki / https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bernardo_O%27Higgins_Station_100_9866.jpg
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Par Jasmin BauomyMarta Rodriguez Martinez
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Jusqu'alors épargné par la pandémie, le continent austral est désormais lui aussi touché par le nouveau coronavirus.

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Jusqu'au 21 décembre, l'Antarctique était officiellement le seul continent que la pandémie de Covid-19 avait épargné. Aujourd'hui, le "continent blanc" est confronté à un foyer infectieux de 36 personnes sur la base militaire chilienne Général Bernardo O'Higgins Riquelme, selon un communiqué de presse de l'armée chilienne.

Parmi les personnes testées positives, 26 sont des militaires chiliens. Les dix autres sont des sous-traitants civils qui effectuaient des travaux de maintenance sur la base, selon un communiqué de l'armée chilienne recueilli par les agences de presse. Ils ont été testés après avoir présenté les symptômes du nouveau coronavirus et sont désormais "isolés" à Punta Arenas, une ville du sud du Chili, où ils sont "constamment surveillés avec le soutien de l'autorité sanitaire de la région de Magallanes et de l'Antarctique chilien", selon le communiqué.

L'armée chilienne ajoute que jusqu'à présent le diagnostic les concernant est favorable, "sans aucun type de complication associée au Covid-19".

Ce qui n'est pas encore clair, c'est la manière exacte dont ces 36 malades ont été infectés, puisque ni les médias chiliens, ni le communiqué de presse de l'armée ne précisent comment le nouveau virus est arrivé jusqu'en Antarctique.

La base Bernardo O'Higgins a été construite en 1948 et porte le nom d'un personnage clé dans l'établissement de l'indépendance du pays. C'est la deuxième base chilienne établie en Antarctique et elle apporte un soutien permanent à tous les types de recherche scientifique. Son emplacement est éloigné : elle est située à l'extrémité nord de la péninsule Antarctique, une zone d'accès difficile loin des bases australiennes situées à l'est de l'Antarctique.

Cependant, il y a une base allemande dans la région, la GARS O'Higgins (German Antarctic Receiving Station, pour Station de réception antarctique allemande). Euronews a contacté le Centre aérospatial allemand (DLR) qui gère la station et attend ses commentaires.

Comment le virus est-il arrivé en Antarctique ?

"Mon hypothèse, et c'est justement qu'une hypothèse, est que la première infection s'est produite au Chili avant le départ, ou à bord d'un bateau ou d'un avion pendant le transit vers la base", explique à Euronews Alan Hemmings, expert de l'Antarctique à l'université de Canterbury.

"Une fois qu'il y a une seule personne infectée à la base, les lieux clos et la proximité favoriseraient vraisemblablement la diffusion du coronavirus à plus grande échelle".

Il ajoute : "en ce sens, les stations antarctiques ne sont pas différentes des navires, ni des lieux de travail ou des maisons de retraite de nos pays d'origine".

Les infections ont été confirmées quelques jours après la visite de la base par le navire de la marine chilienne "Sargento Aldea" entre le 27 novembre et le 10 décembre. Trois des 208 membres d'équipage ont été testés positifs après avoir terminé leur mission et être arrivés au port de Talcahuano (sud du Chili) le 16 décembre, rapporte l'AFP. L'hypothèse que la presse chilienne envisage est que ce navire pourrait être à l'origine de l'infection australe.

Voici la chronologie des événements présentés par l'armée chilienne :

  • Le navire de la marine chilienne "Sargento Aldea" quitte Punto Arenas le 27 novembre pour se diriger vers l'Antarctique avec plus de 200 membres d'équipage. Toutes les personnes sont testées via un test PCR, toutes sont négatives.
  • Le navire reste en Antarctique jusqu'au 10 décembre, après quoi il retourne au port chilien de Punto Arenas.
  • A Punto Arenas, une partie de l'équipage débarque le 10 décembre. Deux d'entre eux ont été testés positifs le 14 décembre.
  • 16 décembre : Tous ceux qui sont encore à bord subissent un test PCR et le navire met en place une quarantaine préventive dans son port d'origine à Talcahuano.
  • Pendant ce temps, plusieurs personnes de la base antarctique rapportent avoir des symptômes de Covid-19 ; 36 d'entre elles sont testées positives.
  • Le 21 décembre, l'armée chilienne publie un communiqué de presse notifiant les cas de la base de Bernardo O'Higgins Riquelme.
  • La station de recherche est évacuée et désinfectée. Ceux qui sont testés positifs sont placés en quarantaine à Punto Arenas.

Le Chili, l'un des épicentres du Covid-19

Le continent gelé, où se situent plus de cinquante bases internationales, avait suspendu toute visite touristique en mars dernier. Ces nouveaux cas arrivent au moment où le Chili s'apprête à fêter Noël en pleine 2e vague de contaminations.

La première conséquence sur ce continent est que "ce sera un choc pour tous ceux qui s'attendaient à ce que l'Antarctique reste épargné par le Covid-19", explique le professeur Hemmings.

"Cela renforcera ce que je crois déjà être le cas, à savoir que le personnel ne se déplace pas vers — ou n'autorise pas la visite — d'autres stations ; et cela renforcera l'importance de toutes les mesures que les citoyens du monde entier sont invités à suivre : distanciation sociale, lavage fréquent des mains, masques, etc."

Avec plus de 589 000 cas au total en neuf mois et 1 699 décès, le Chili a été sévèrement touché par la pandémie. La capitale, Santiago, où vivent plus de 7 millions de personnes, va passer les fêtes de Noël et du Nouvel An en quarantaine après une augmentation quotidienne de 15 % du nombre de nouvelles infections au cours des deux dernières semaines.

Sources additionnelles • Traduction et adaptation : Thomas Seymat

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