Etats-Unis : la procédure de destitution de Trump officiellement ouverte

Délégation des élus démocrates de la Chambre des représentants après avoir transmis au Sénat l'acte d'accusation de Donald Trump, le 25 janvier à Washington.
Délégation des élus démocrates de la Chambre des représentants après avoir transmis au Sénat l'acte d'accusation de Donald Trump, le 25 janvier à Washington. Tous droits réservés Melina Mara/The Washington Post via AP, Pool
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Par Vincent Coste avec AFP
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C'est historique. Donald Trump devient le premier président des Etats-Unis à tomber deux fois sous le coup d'un "impeachment". Il sera aussi le premier à être jugé après avoir quitté la Maison Blanche.

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Les démocrates ont transmis ce lundi soir au Sénat américain l'acte d'accusation de Donald Trump, marquant l'ouverture officielle de son procès historique en destitution pour "incitation à l'insurrection" dans les violences meurtrières perpétrées par ses partisans sous ce même dôme du Capitole, le 6 janvier.

Dès mardi, le Sénat convoquera officiellement l'ex-président américain pour ce procès, qui ne démarrera toutefois que le 9 février.

Les sénateurs prêteront serment ce même jour pour devenir jurés dans cette procédure doublement historique : Donald Trump est le premier président des Etats-Unis à tomber deux fois sous le coup d'un "impeachment". Et sera le premier à être jugé après avoir quitté la Maison Blanche.

Dans un silence solennel, les neufs "procureurs", élus désignés par la présidente démocrate de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, ont traversé lundi soir les longs couloirs ornés de statues et tableaux pris d'assaut par des manifestants pro-Trump il y a moins de trois semaines.

Puis leur chef, Jamie Raskin, a lu l'acte d'accusation pour "incitation à l'insurrection" dans l'hémicycle du Sénat, ses mots résonnant avec d'autant plus de force que tous ici, élus de la Chambre et sénateurs, ont été témoins, et victimes, des violences.

"Donald John Trump" a incité "à la violence" et "gravement mis en danger la sécurité des Etats-Unis et de ses institutions" a déclaré l'élu démocrate, en citant notamment ses "fausses déclarations" niant la victoire de son rival Joe Biden lors de la présidentielle de novembre.

Le milliardaire républicain est accusé d'avoir incité ses partisans à se lancer à l'assaut du siège du Congrès pendant que les parlementaires certifiaient la victoire du démocrate.

"Vous ne reprendrez jamais notre pays en étant faibles. Vous devez montrer de la force et vous devez être forts", avait-il lancé aux manifestants peu avant l'attaque du Capitole, qui a fait cinq morts.

Une semaine jour pour jour après l'assaut, la Chambre des représentants avait voté sa mise en accusation, ou "impeachment", le 13 janvier.

Ces violences ont bouleversé les Etats-Unis, et poussé plusieurs grands noms républicains à dénoncer le comportement du tempétueux milliardaire.

Mais une condamnation au Sénat apparaît à ce stade improbable, le magnat de l'immobilier, toujours très populaire auprès de ses électeurs, comptant encore sur des soutiens clés à la chambre haute.

Divisions chez les républicains

Les démocrates contrôlent désormais le Congrès. Mais leur majorité est extrêmement fragile au Sénat : ils occupent 50 sièges contre 50 pour les républicains. En cas d'égalité parfaite dans un vote, la vice-présidente Kamala Harris a le pouvoir de faire pencher la balance du côté démocrate.

Mais il auront besoin de 67 voix pour condamner Donald Trump. Un objectif qui semble difficile à atteindre.

Même si le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, n'a pas exclu de voter pour sa condamnation, il ne compte pas influencer ses troupes publiquement.

"Je trouve ce procès stupide", avait tonné dimanche le sénateur Marco Rubio sur Fox. "Le pays est déjà en flammes et cela revient à verser de l'huile sur ce feu".

D'autres espèrent même bloquer la tenue du procès, en déclarant anticonstitutionnel de juger un ex-président.

"Ridicule", a rétorqué le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. Car cette "théorie (...) reviendrait à donner un passe-droit constitutionnel à tous les présidents."

"Ce qui s'est passé au Capitole est une insurrection, provoquée par le président des États-Unis. Ceux qui continuent de soutenir son dangereux stratagème en s'opposant aux résultats d'une élection légitime et démocratique seront à jamais considérés comme complices." Mitt Rommey

Grand critique de Donald Trump, le sénateur Mitt Romney est l'un des rares républicains à soutenir la procédure, sans toutefois se prononcer encore sur le sens de son vote.

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Cet ex-candidat à la présidentielle fut le seul républicain à condamner M. Trump lors de son premier procès en destitution, en février 2020 dans l'affaire ukrainienne.

Le président avait alors été acquitté.

Ouverture du procès le 9 février

Cette fois, c'est le sénateur démocrate Patrick Leahy, président pro tempore du Sénat, qui présidera le procès et non le juge de la Cour suprême John Roberts. Un choix traditionnel pour les procédures en destitution d'autres responsables que le président des Etats-Unis, a souligné le sénateur, mais qui a fait grincer certains républicains.

Le report de l'ouverture du procès au 9 février est le fruit d'un accord entre républicains et démocrates.

D'une part il permet de laisser plus de temps au milliardaire républicain pour préparer sa défense. Et de l'autre, à Joe Biden de mettre sur les rails sa présidence, en voyant plus de membres de son cabinet confirmés par le Sénat et, espère-t-il de premiers grands projets de lois adoptés au Congrès.

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Joe Biden a jusqu'à présent fait preuve de discrétion concernant la procédure de destitution de son prédécesseur. "Je pense que cela doit avoir lieu", a-t-il toutefois déclaré lundi à CNN.

Juste avant la cérémonie, le Sénat a approuvé la nomination de Janet Yellen comme ministre de l'Economie et des Finances. Le vote de confirmation du futur chef de la diplomatie américaine Antony Blinken aura lieu mardi.

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