Le roi des Zoulous est mort, il était vénéré et controversé

Le roi des zoulous Goodwill Zwelithini à Kwadukuza, Afrique du Sud, 24 septembre 2019
Le roi des zoulous Goodwill Zwelithini à Kwadukuza, Afrique du Sud, 24 septembre 2019 Tous droits réservés RAJESH JANTILAL/AFP or licensors
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Par euronews avec AP, AFP
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En Afrique du Sud, Goodwill Zwelithini, roi des Zoulous depuis 1971, est mort. Il avait 72 ans, plusieurs palais, six femmes et 3,4 millions d'euros de rente annuelle.

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A la fois vénéré et controversé, le roi des Zoulous, Goodwill Zwelithini, est mort en Afrique du Sud, à 72 ans.

Ce roi sans pouvoir mais à la parole incendiaire exerçait une influence spirituelle sur plus de onze millions de Zoulous, le plus important groupe ethnique du pays. Il faut savoir que les chefs traditionnels sont reconnus par la Constitution sud-africaine et continuent à jouer un rôle symbolique. Il avait rencontré Nelson Mandela ou encore la reine d'Angleterre.

Mort à l'aube, le roi zoulou avait été hospitalisé en février, souffrant de diabète. 

Il était "un symbole important de l'histoire, de la culture et du patrimoine", a rapidement salué le président sud-africain Cyril Ramaphosa.

Né à Nongoma, petite ville de la province du KwaZulu Natal (Nord-Est), Goodwill Zwelithini avait accédé au trône à l'âge de 23 ans, à la mort de son père. Il était devenu le 8e roi zoulou en 1971, en plein régime de l'apartheid.

En un demi-siècle de règne, il a réinstauré les danses des vierges et appelé à chasser du pays les immigrés, ces "poux", ces "fourmis. Des remarques xénophobes qu'il avait multipliées ces dernières années. 

Menant une vie sans embarras partagée entre plusieurs palais, six épouses et une trentaine de descendants, il profitait des avantages de son statut avec une rente annuelle de l'Etat d'environ 3,4 millions d'euros. 

Des propos et des actions controversées

Désignant les migrants africains comme les responsables de "la montée de l'anarchie" dans le pays, il avait ordonné en 2015 qu'ils quittent le pays.

Ses propos avaient choqué au-delà des frontières et le roi a été accusé d'avoir déclenché une vague d'attaques racistes qui ont tué sept personnes et fait des milliers de déplacés.

Il avait contré ces accusations, affirmant que ses propos avaient été sortis de leur contexte: "Si c'était vrai que j'avais appelé les gens à s’entre-tuer, le pays entier aurait été réduit en cendres".

Descendant du tout-puissant Shaka qui a dirigé la nation zouloue jusqu'à son assassinat en 1828, Goodwill Zwelithini a rétabli dans les années 1980 l'Umhlanga, la danse annuelle des roseaux.

Pendant huit jours en pays zoulou, des jeunes filles en tenue traditionnelle et seins nus coupent des roseaux et dansent autour de la résidence royale. Seules les jeunes filles vierges participent à ce rite, car il est interdit à une femme "impure" de couper le roseau.

En 2018, Goodwill Zwelithini s'était lancé dans un bras de fer judiciaire avec le gouvernement contre l'expropriation d'une partie des terres royales au nom de la redistribution en faveur des Noirs déshérités pendant l'apartheid.

Si on touche à ses terres, "les enfers se déchaîneront", avait-il alors averti. Il est l'administrateur unique de 2,8 millions d'hectares royaux par l'intermédiaire d'un trust.

Intarissable, il a une nouvelle fois suscité l'indignation il y a trois ans en se prononçant en faveur des châtiments corporels, estimant qu'ils aident les élèves à mieux réussir en classe.

En 2012, il avait déjà déclenché une tempête en s'attaquant aux homosexuels: "Vous devez savoir que c'est mal et que vous êtes pourris. L'homosexualité est inacceptable", avait-il asséné lors d'une cérémonie célébrant une victoire de l'armée zouloue sur les forces impériales britanniques.

Avant les premières élections démocratiques dans le pays en 1994, il avait suscité beaucoup d'inquiétudes, notamment au sein de l'ANC, parti de Nelson Mandela, en rassemblant des milliers d'hommes armés de bâtons dans les rues de Johannesburg.

La plupart étaient des partisans du parti nationaliste zoulou Inkatha Freedom Party (IFP). Une fusillade devant le siège de l'ANC s'était soldée par 42 morts et 250 blessés.

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