UE-Turquie : quel bilan pour le pacte migratoire signé il y a cinq ans ?

Mevlut Cavusoglu et Josep Borrell, le 21 janvier 2021 à Bruxelles
Mevlut Cavusoglu et Josep Borrell, le 21 janvier 2021 à Bruxelles Tous droits réservés Stephanie Lecocq/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved
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Par euronews avec AFP
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Alors que les relations crispées entre Ankara et Bruxelles seront au menu du prochain sommet européen fin mars, le pacte migratoire conclu par les deux parties célèbre ses 5 ans. Bilan.

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**Alors que les relations crispées entre Ankara et Bruxelles seront au menu du prochain sommet européen fin mars, le pacte migratoire conclu par les deux parties célèbre ses 5 ans ce jeudi. Bilan. **

C'était il y a cinq ans jour pour jour. Le 18 mars 2016, Bruxelles et Ankara se mettaient d'accord sur une déclaration ayant pour but de mettre fin à la crise migratoire. En échange du renvoi des migrants en situation irrégulière présents sur les îles grecques vers la Turquie, Bruxelles s'était engagée à accueillir des Syriens pour soulager les camps de réfugiés en Turquie et à verser six milliards d'euros pour aider Ankara qui en accueille plusieurs millions sur son territoire.

Bruxelles devait aussi accélérer le processus d'attribution des visas pour les citoyens turcs ou encore se pencher sur l'adhésion de la Turquie à l'UE. Des questions actuellement au point mort.

Cinq ans plus tard, quel bilan tirer de ce pacte migratoire ? Les arrivées de migrants en Grèce ont été réduites, mais les deux parties s'accusent de ne pas remplir leurs obligations.

Ce sont un peu plus de 28 000 réfugiés syriens qui ont été redispatchés depuis la Turquie vers les États membres de l'UE. De son côté, la Turquie a accueilli 2 140 migrants qui étaient arrivés sur les îles grecques. Mais Bruxelles accuse Ankara d'avoir tout stoppé depuis le début de la pandémie de Covid-19.

Désaccords sur le respect de la déclaration

"En août, l'UE a repris l'accueil des réfugiés depuis la Turquie. Je pense que nous avons réinstallé environ 2 500 ou 3 000 réfugiés (dans l'UE). Mais jusqu'à présent, la Turquie n'a pas repris les retours de migrants depuis les îles grecques", a déclaré Ylva Johansson, Commissaire européenne en charge des affaires intérieures.

"Il y a 1 450 personnes qui résident actuellement sur les îles. Je pense que c'est une très bonne occasion pour la Turquie de démontrer sa volonté de coopérer avec l'Union européenne et de respecter la déclaration commune",a souligné mardi le ministre grec des Migrations Notis Mitarachi, dans un entretien à l'AFP.

Ankara et Bruxelles s'écharpent aussi sur les fonds promis par les Européens. La Commission européenne assure en avoir verser les trois quarts. Ankara conteste et demande une aide financière supplémentaire pour s'occuper du demi-million de réfugiés (hors Syriens) actuellement présents sur son territoire.

Les tensions sont montées d'un cran en 2020 lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé de laisser passer des centaines de milliers de migrants pour faire pression sur l'UE.

Les relations UE-Ankara au menu du prochain sommet européen

Mais la crise migratoire n'est pas la seule raison qui explique la crispation des relations entre Bruxelles et la Turquie au fil des ans. La perspective d'une adhésion à l'UE s'est éloignée, et les sujets de discorde se sont accumulés : des activités d'exploration et de forage de la Turquie dans la Méditerranée jugées illégales aux dossiers syrien et libyen, en passant par les atteintes aux libertés en Turquie.

A la veille d'un entretien par visioconférence entre les dirigeants européens Ursula von der Leyen et Charles Michel, et Recep Tayyip Erdogan, le chef de la diplomatie Josep Borrell a d'ailleurs condamné ce jeudi le recul des droits fondamentaux en Turquie et mis en garde Ankara contre une interdiction du principal parti prokurde. 

Le procureur de la Cour de cassation a engagé une action en justice pour demander la fermeture du HDP. Cette initiative "ajoute aux préoccupations de l'UE concernant le recul des droits fondamentaux en Turquie et sape la crédibilité de l'engagement déclaré des autorités turques en faveur des réformes", a averti Josep Borrell. 

Le chef de la diplomatie européenne a été chargé de préparer un rapport sur l'état de la relation entre l'UE et la Turquie. Des relations qui seront au menu du prochain sommet de l'UE, les 25 et 26 mars.

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