L'Espagne teste la semaine de 4 jours, reportage dans l'une des 200 entreprises pilotes à Madrid

L'Espagne teste la semaine de 4 jours, reportage dans l'une des 200 entreprises pilotes à Madrid
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Par Jaime Velasquez, euronews
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Une expérience pilote en Espagne, 200 entreprises de tout le pays vont tester la semaine de quatre jours pendant trois ans, peut-être un modèle à suivre après la pandémie de Covid-19.

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Alba Herrero est serveuse dans un restaurant de Madrid en Espagne. Elle travaille quatre jours par semaine. Et grâce à ce poste, elle peut aussi étudier pour devenir professeure : 

"Cela vous permet d'avoir plus de temps libre. A la fin de la semaine, tu as trois jours de repos, au lieu de deux".

Les propriétaires du restaurant La Francachela ont décidé d'adopter un rythme hebdomadaire de 32 heures après le premier confinement sanitaire du printemps dernier, lorsqu'ils ont dû travailler tout en s'occupant de leurs enfants.

Cela leur a fait prendre conscience de l'importance de l'équilibre à avoir entre vie professionnelle et vie privée.

"La vie privée et la vie familiale font aussi partie de l'économie. Il faut aussi en prendre soin, et nous devons la mettre en avant" explique Maria Alvarez, copropriétaire de La Francachela.

En réorganisant les horaires et en introduisant de simples améliorations technologiques, comme la prise de commandes via WhatsApp, Alba fait désormais son travail en moins d'heures, et sans voir son salaire diminuer.

"Nous sommes désormais une entreprise beaucoup plus efficace grâce à l'objectif que nous nous sommes fixé d'adopter la semaine de quatre jours. Cela nous a obligé à nous repenser" ajoute Maria Alvarez.

Tester la semaine de quatre jours au niveau national, c'est ce que va mettre en place le gouvernement espagnol. Pendant trois ans, 200 entreprises volontaires vont travailler à ce rythme. L'expérience va coûter 50 millions d'euros à l'Etat.

Le parti Más País qui est à l'origine de l'initiative a finalement convaincu l'exécutif que des semaines plus courtes peuvent devenir le modèle d'un monde post-pandémique.

"Personne n'est un homme libre s'il ne possède pas son propre temps. Et nous n'avons de temps pour rien. Nous vivons une vie stressante qui consiste à aller de la maison au travail, du travail à la maison, et à répondre à nos besoins pendant le week-end. Nous finissons épuisés et on recommence le lundi. Ce n'est pas ça la vie" commente Inigo Errejon, député européen de Mas Pais.

Une semaine de quatre jours pourrait aussi être bonne pour l'environnement puisqu'elle réduirait les déplacements des travailleurs.

Selon notre reporter Jaime Velasquez, "plus de la moitié des travailleurs espagnols travaillent aujourd'hui plus de 40 heures par semaine. Et certains disent que le gouvernement devrait d'abord s'assurer que personne ne travaille plus de 8 heures par jour, cinq fois par semaine, avant de passer à des horaires hebdomadaires encore plus courts."

La pandémie de Covid-19 a engendré le développement du travail à la maison qui permet une plus grande flexibilité dans l'emploi du temps quotidien des gens. Mais les experts mettent en garde contre ce fait : le télétravail peut conduire à des débordements d'heures supplémentaires.

Pour José Luis Casera, président de la Commission nationale pour la rationalisation des horaires espagnols : 

"Vous devez pointer au bureau, mais aussi en ligne. Vous éteignez, et c'est tout. Il faut se déconnecter pour avoir une vie après le travail".

Si l'expérience pilote s'avère concluante, l'Espagne pourrait devenir l'un des premiers pays au monde à adopter la semaine de quatre jours.

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