Yevgeny, 85 ans, l'un des derniers êtres humains à vivre avec les fantômes de Tchernobyl

Yevgeny Markevich, dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, le 25 avril 2021
Yevgeny Markevich, dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, le 25 avril 2021 Tous droits réservés Evgeniy Maloletka / AP
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Par Romain Mazenod
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Même pas peur ! A 85 ans, Yevgeny Markevich est l'un des rares Ukrainiens à oser vivre à proximité du lieu où s'est produite la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Sa vie est presque "normale" même si la zone, interdite, est loin d'être sûre.

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Au milieu de maisons abandonnées et de signaux mettant en garde contre la radiation, Yevgeny Markevich, 85 ans, mène sa vie paisiblement, en pleine zone d'exclusion depuis la catastrophe de Tchernobyl de 1986. Il vivait et travaillait ici comme enseignant lorsqu'il a été évacué avec des milliers d'autres personnes.

"Je suis revenu ici en ayant recours à des tactiques de guérilla à trois reprises, dit-il. La première fois sur un bateau, une autre fois dans un uniforme de policier et une troisième à travers la forêt. Quand vous voulez quelque chose, il n'y a rien qui puisse vous arrêter".

Quelques mois seulement après la catastrophe, il est parvenu à convaincre le directeur du service de surveillance des radiations de la centrale nucléaire de l'embaucher pour des petites réparations sur l'équipement. "Ces règles de sécurité sur la radiation sont toujours présentes. Il faut juste les appliquer avec diligence. Bien qu'on ne puisse pas le faire parfaitement bien sûr et à un moment donné, vous recevez un excès de radiation en faisant une erreur, mais vous pouvez encore largement vous protéger".

Evgeniy Maloletka, AP photos
Yevgeny Markevich devant sa maison dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, le 25 avril 2021Evgeniy Maloletka, AP photos

Aujourd'hui retraité, Yevgeny vit comme beaucoup d'Ukrainiens à la campagne. Il conduit à travers la forêt avec sa vieille Lada, coupe du bois pour l'hiver et cultive ses légumes avec sa femme. Des pommes de terre et des concombres qu'il savoure après les avoir fait tester par le laboratoire local qui contrôle le niveau de radiation. Une vie presque banale finalement. "C'est une grande joie d'habiter chez soi mais c'est triste, aussi, que ce ne soit pas comme avant, comme nous en avions l'habitude", reconnaît-il.

Evgeniy Maloletka, AP photos
La vie "normale" de Yevgeny Markevich dans la zone d'exclusion de Tchernobyl, le 25 avril 2021Evgeniy Maloletka, AP photos

La vigilance est en effet toujours de mise. Selon les experts, la zone ne sera pas complètement habitable et sûre à 100 % avant des centaines d'années.

Journaliste • Romain Mazenod

Video editor • Romain Mazenod

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