Amazon : 44 milliards de chiffre d'affaires en Europe... sans payer d'impôts

Archives : Locaux d'Amazon en France, à Brétigny-sur-Orge, le 19 mai 2020
Archives : Locaux d'Amazon en France, à Brétigny-sur-Orge, le 19 mai 2020 Tous droits réservés ERIC PIERMONT/AFP or licensors
Par euronews
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

L'année 2020 a été exceptionnelle pour le géant du e-commerce. Et malgré ce résultat des plus flatteurs, la firme américaine n'a, en plus pas été taxée... au Luxembourg, d'où elle opère sur le Vieux continent.

PUBLICITÉ

En Europe, Amazon va de record en record. L'année dernière, le géant de la vente en lige a enregistré un chiffre d'affaires de 44 milliards d'euros sur le Vieux Continent, soit une hausse de plus de 36% par rapport à 2019.

De plus, le quotidien britannique "The Guardian" affirme que la compagnie américaine n'a pas non plus payé le moindre impôt sur les sociétés en 2020, malgré ce résultat "dopé" par les effets de la pandémie de Covid-19 (confinements, fermeture de magasins, etc.).

En étudiant le bilan comptable de la filiale luxembourgeoise de la firme fondée par le milliardaire Jeff Bezos, il apparaît qu'Amazon EU S.a.r.l a enregistré une perte de 1,2 milliard d'euros. Et c'est ce déficit qui a permis au géant du e-commerce de ne pas payer d'impôts, car seul le profit est taxé et non le chiffre d'affaires.

En outre, grâce aux dispositions fiscales en vigueur au Luxembourg, Amazon EU, a même bénéficié d'un crédit d'impôts de 56 millions d'euros. Sur ce point, ce cadeau fiscal est moins important que celui qu'avait reçu la compagnie l'année dernière, soit 294 millions d'euros.

Amazon EU supervise les ventes réalisées en France, en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne, en Suède et en Pologne. Des milliers de personnes sont employées par cette entité (5 262 exactement) installée au Luxembourg depuis 2003, un pays où de nombreuses grandes entreprises ont des bureaux.

Amazon n'est, bien sûr, pas la seule grande entreprise à pratiquer l'optimisation fiscale, ou l'évitement de l’impôt. Les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) ont tous mis en place des mécanismes, à des degrés divers, visant à alléger le plus possible leur contrainte fiscale.

L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) considère que ces pratiques d'optimisation fiscale représentent chaque année un manque à gagner 100 à 240 milliards de dollars, soit entre 4 à 10 % des recettes venant de l'impôt sur les sociétés dans le monde. L'OCDE milite depuis plusieurs années pour l'instauration d'une taxation, au niveau international, des multinationales du numérique.

En 2017, la Commission européenne avait exigé qu'Amazon restitue au Luxembourg 250 millions d'euros "avantages fiscaux accordés" à la compagnie américaine. Le Grand-Duché a toutefois fait appel de cette décision et les procédures dans cette affaire sont toujours en cours.

L'ancien ministre grec des Finances de la Gauche radicale, Yanis Varoufakis a vivement réagi sur Twitter. "Si l'UE avait un semblant de décence, une troïka (en référence à la crise grecque, ndlr) devrait être envoyée au Luxembourg et ses banques devraient être fermées" a-t-il déclaré en ajoutant que "mais, bien sûr, ils ne font cela qu'aux populations des pays qu'ils appauvrissent au nom de leurs seigneurs techno-féodaux qui cachent leur pognon au Luxembourg".

Un porte-parole d'Amazon, que nous avons joint, a affirmé que le géant de la distribution "paie tous les impôts requis dans chaque pays où nous opérons", précisant que "l'impôt sur les sociétés est basé sur les bénéfices, et non sur les revenus, et nos bénéfices sont restés faibles compte tenu de nos lourds investissements et du fait que le commerce de détail est un secteur hautement concurrentiel et à faible marge".

Ce porte-parole a, en outre, affirmé que sa société a investi des milliards en Europe au fil des ans, contribuant à créer des emplois et à soutenir les petites entreprises européennes. "Nous avons investi plus de 78 milliards d'euros en Europe depuis 2010. Et une grande partie de ces investissements sont destinés aux infrastructures qui créent plusieurs milliers de nouveaux emplois, génèrent des recettes fiscales locales importantes et soutiennent les petites entreprises européennes", a-t-il indiqué.

Amazon a d'ailleurs officialisé le 4 mai la création de son huitième centre de distribution en France. Cet entrepôt devrait ouvrir "à l'été 2021 " dans la métropole de Metz, dans l'est du pays, et devrait permettre la création de quelque 1 000 emplois en CDI dans les trois ans, selon la compagnie.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Tentative d’harmonisation européenne de l’imposition des sociétés

Business : Jeff Bezos à nouveau l'homme le plus riche du monde

Suisse : oui, à presque 60%, en faveur de la défense du climat