Portrait de José Sayovo, l'Angolais aveugle qui collectionne les titres paralympiques

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Après avoir perdu la vue en 1998, José Sayovo s'est relevé pour devenir champion paralympique. Portrait de cet Angolais, devenu une icône dans son pays.

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Dans cet épisode de Global Angola, découvrez la vie de José Sayovo, cet Angolais au parcours hors du commun, devenu une icône dans son pays.

Après avoir perdu la vue en 1998 dans l'explosion d'une mine antichar sous son convoi miliaire, le jeune homme a décidé de se lancer dans le sport paralympique.

"Cela a été très difficile. Ceux qui perdent la vue se retrouvent sans repère, impossible de se déplacer, de marcher seul" explique-t-il. "Je n'ai pas accepté au début parce que je me disais, comment est-il possible pour une personne handicapée de pratiquer un sport ?"

Multiples médailles olympiques

Mais José a rapidement réalisé qu'il était possible de devenir un sportif de haut niveau, malgré son handicap. L'athlète a remporté trois médailles d'or aux 100, 200 et 400 mètres lors des Jeux paralympiques d'Athènes en 2004. Les deux olympiades suivantes, à Pékin en 2008 et à Londres en 2012 lui ont permis de décrocher de nouvelles médailles.

"Cette première course, c'était un sentiment très ... c'est indescriptible" se remémore-t-il. "Je suis à cours de mot" confesse-t-il.

Courtesy : Getty Images Sport
José Sayovo lors des Jeux paralympiques de Londres en 2012 / Capture d'écran du sujet Global AngolaCourtesy : Getty Images Sport

"Mais je me suis dit, si je suis là, c'est que je suis le meilleur du monde. Donc, je dois croire en moi, en mon travail, au soutien des Angolais, qui m'encourageaient à distance, mais aussi au stade."

Respecté par ses pairs

José Sayovo est devenu un héros national et une icône mondiale dans un pays frappé par des années de conflit armé, à la recherche d'un second souffle.

"Jusqu'à aujourd'hui, c'est toujours dans ma mémoire, non seulement les victoires, mais aussi l'accueil, quand je suis arrivé dans mon pays, l'Angola. La façon dont le peuple angolais m'a reçu, c'était quelque chose d'unique. Je ne l'oublierai jamais" se souvient-il.

Pour le champion paralympique brésilien Lucas Prado, José Sayovo était un rival mais aussi une inspiration. Ils se sont affrontés en finale du 400 mètres aux Jeux de Londres en 2012. Sayovo a remporté l'or, Prado l'argent.

"C'est une personne exceptionnelle, qui a été un pionnier du mouvement paralympique, qui a montré aux aveugles qu'ils pouvaient réaliser leurs rêves aussi longtemps qu'ils le souhaitaient" indique Lucas Prado.

"Sayovo, tu peux être sûr dans ma mémoire que tu ne mourras jamais. C'est toi qui m'as inspiré, et c'est toi qui as fait de moi ce que je suis aujourd'hui".

En 2012, à Luanda, Sayovo a même affronté et battu une légende du 100 mètres, une icône du monde olympique, Michael Johnson. L'athlète s'était bandé les yeux lors d'une course d'exhibition, devant un public local.

"Une fois que vous en faites l'expérience, c'est complètement différent" a réagi l'athlète américain, après avoir retiré le bandeau qui cachait ses yeux.

Luanda, Angola
Michael Johnson, en 2012, après avoir couru les yeux bandés contre José SayovoLuanda, Angola

"Nous avons tous beaucoup de respect pour les athlètes paralympiques et les personnes comme Sayovo qui ne peuvent pas se repérer avec leur vision", a complimenté l'ancien médaillé d'or olympique.

Autre personnalité, et pas des moindres, à rendre hommage à José Sayovo : Carl Lewis, considéré comme l'égal de Jesse Owens. Le désormais entraîneur à l'université de Houston aux États-Unis, estime que José Sayovo est un athlète qui "voit plus loin que quiconque autour de lui" malgré sa cécité.

"Voici quelqu'un qui a perdu la vue, mais qui voit tellement plus loin dans le monde que nous pouvons l'imaginer. Il est devenu un champion olympique, une icône mondiale et un héros national", estime la légende américaine.

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