L'UE "recommande" d'éviter l'espace aérien bélarusse pour punir Alexandre Loukachenko

L'UE a aussi annoncé la fermeture de l'espace aérien de l'UE aux avions du Bélarus, à l'unisson du Royaume-Uni et de l'Ukraine.
L'UE a aussi annoncé la fermeture de l'espace aérien de l'UE aux avions du Bélarus, à l'unisson du Royaume-Uni et de l'Ukraine. Tous droits réservés Photo : Sergei Grits/Copyright 2018 The Associated Press. All rights reserved.
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Par Euronews avec AFP
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La recommandation de contourner le Bélarus constitue une complication de plus pour les compagnies aériennes, même si elles sont habituées à jongler avec ce genre de contraintes.

Quelle est la position des Etats et des compagnies ?

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L'Union européenne a "recommandé" aux compagnies du bloc d'éviter l'espace aérien du Bélarus pour punir le régime d'Alexandre Loukachenko, accusé d'avoir dérouté un avion de ligne européen vers Minsk pour arrêter un dissident.

L'UE a aussi annoncé la fermeture de l'espace aérien de l'UE aux avions du Bélarus, à l'unisson du Royaume-Uni et de l'Ukraine.

Air France a obtempéré en annonçant dans la nuit suspendre le passage de ses avions au-dessus du pays. Sa compagnie-sœur néerlandaise KLM fait de même, à l'instar de nombreuses autres compagnies européennes, comme Lufthansa, Finnair ou SAS, ou asiatiques, comme Singapore Airlines et ANA (Japon).

Quelles conséquences pour les compagnies ?

Près de 2 500 appareils effectuant des vols commerciaux empruntaient en moyenne chaque semaine l'espace aérien du Bélarus, selon Eurocontrol (Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne), un rythme faible en raison de la crise sanitaire.

En début d'après-midi mardi, les avions apparaissant sur le site FlightRadar24 comme survolant le Bélarus se comptaient sur les doigts d'une main.

Pour les liaisons entre l'Europe et l'Asie, contourner le Bélarus représentera une complication, qui ne sera néanmoins pas insurmontable, selon des professionnels: le pays est trois fois moins étendu que la France, et de nombreuses routes sont possibles, d'ailleurs souvent dictées par la météo.

Bémol, ces liaisons doivent aussi composer, dans la même région, avec les restrictions de vol au-dessus d'une partie de l'Ukraine, théâtre d'un conflit entre loyalistes et pro-russes. C'est là qu'un gros porteur de la Malaysia Airlines avait été abattu en 2014, faisant 298 morts.

"Ça va augmenter les temps de vol, c'est du carburant, des heures de maintenance en plus", mais la situation dans cette région n'est pas dégradée au point que "l'on ne trouve pas de routes" alternatives, déclare à l'AFP un pilote de long-courrier sous couvert d'anonymat, en témoignant aussi de l'"émotion" de la profession face à l'acte de "piraterie" du pouvoir de Minsk.

"Contourner l'espace aérien d'un assez grand pays, situé au centre de l'Europe, est très coûteux pour n'importe quelle compagnie aérienne", a estimé mardi Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin qui "regrette" les annonces de Bruxelles.

Selon un porte-parole d'ANA, Takafumi Okubo, le fait d'éviter le Bélarus "aura des conséquences limitées parce qu'il existe un grand choix de trajets".

Pour les trajets plus courts, la situation sera plus difficile à gérer : un vol de la compagnie à bas coût hongroise Wizz Air entre Kiev et Vilnius mardi matin a duré 1h32 contre 57 minutes le jeudi précédent, selon FlightRadar24. Ce dernier montre un important crochet de l'appareil via l'espace aérien polonais.

Et pour le Bélarus ?

Près du cinquième des 2 500 vols hebdomadaires au-dessus du Bélarus sont exploités par la compagnie nationale Belavia, qui dispose d'une flotte de 30 appareils, de l'avion régional de moins de 100 places Embraer 175 au monocouloir moyen-courrier Boeing 737-900.

Lundi, Belavia assurait 20 vols au départ ou à destination d'aéroports de l'UE et entre 40 et 60 avec un itinéraire passant par l'espace aérien de l'UE, selon Eurocontrol, autant de liaisons qui n'auront plus lieu.

Les finances du Bélarus pourraient également être touchées par l'assèchement de redevances acquittées par les compagnies au titre du survol du pays.

Il y a des précédents

L'évitement d'un espace aérien, dicté par des questions de sécurité ou de politique, est loin d'être exceptionnel.

Les pays sont souverains pour interdire le survol de leur propre pays ou restreindre le survol de zones sensibles par leurs compagnies.

Pendant près de quatre ans, Qatar Airways a dû contourner le péninsule arabique pour rallier l'Europe et l'Amérique en raison du boycott que lui imposait l'Arabie saoudite. Ses avions ont pu reprendre l'itinéraire le plus court début janvier.

Ces dernières semaines, les tirs de roquettes du Hamas vers la région de Tel-Aviv ont conduit des autorités d'Israël à dérouter des appareils vers le sud du pays. Les espaces aériens syrien, libyen, yéménite et irakien, théâtre d'opérations armées, constituent également des zones contournées par les vols commerciaux.

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