À quoi ressemble la vie d'une famille dans un écovillage de Serbie ?

La famille "Walking by the Earth"
La famille "Walking by the Earth" Tous droits réservés "Walking by the Earth"
Par Helen Elfer
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Les événements de 2020 ont déclenché chez beaucoup, un désir de retour à la nature qui a poussé certains à adopter des pratiques plus durables, voire à changer totalement de vie pour rejoindre la campagne. Nous rencontrons ceux qui ont fait ce choix en Serbie.

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Comme la plupart des pays dans le monde, la Serbie sort d'une année tumultueuse au cours de laquelle la pandémie de Covid-19, le changement climatique et les difficultés économiques ont incité de nombreuses personnes à s'interroger sur leur mode de vie.

En Serbie, beaucoup ont ressenti le désir de renouer avec la nature et le patrimoine rural si bien qu'après des années d'exode rural, la campagne en tant que choix de vie durable et écologique est tout d'un coup devenue plus qu'attrayante.

"On est une famille de militants !"

Marija Babic, par exemple, souhaitait depuis des années vivre au contact de la nature. Finalement, la jeune femme, son compagnon, ses trois enfants et leur chien ont décidé de se faire appeler symboliquement, "Walking By the Earth" ("Marcher avec la terre") et de quitter Belgrade pour vivre au sein d'un écovillage sur les pentes de Stara Planina.

Marija a une idée très précise de ce que signifie un mode de vie écologique : "On est une famille qui produit peu de déchets, on fait du compost avec les déchets organiques, on fait pousser notre propre nourriture et on garde l'environnement propre," souligne-t-elle. "On est des militants, on ne soutient pas le "greenwashing", on n'achète pas de nouveaux vêtements, mais on porte des habits d'occasion ou récupérés auprès de nos proches et puis, on adore la vie au grand air !" lance-t-elle.

"Walking by the Earth" /
La famille "Walking by the Earth""Walking by the Earth" /

Si les écovillages ne sont pas encore très répandus en Serbie, Marija espère que d'autres personnes suivront bientôt les traces de sa famille.

"Ces deux prochaines années, il y aura beaucoup plus de personnes qui voudront vivre dans les zones rurales et peut-être rejoindront-elles les communautés existantes," suggère-t-elle. "On assiste à un sursaut écologique, les gens ont commencé à se réveiller, à prendre conscience et à se battre pour leur santé et leur environnement," estime-t-elle. "Aujourd'hui, il y a le village de Vrmdza, la région de Fruška Gora qui est populaire et puis, Stara Planina ; sinon, l'est et l'ouest de la Serbie n'en sont qu'au tout début de cette prise de conscience," dit-elle.

"Walking by the Earth"
La famille "Walking by the Earth""Walking by the Earth"

Utiliser les compétences urbaines pour inventer un mode de vie durable dans les zones rurales

Vrmdza dont parle Marija est souvent présenté comme une source d'inspiration pour le développement rural. Il y a dix ans, sa population diminuait et il s'agissait d'un cas typique de village en déclin. Mais son destin a changé par la suite.

Dragana Tomic Pilipovic qui a fait une brillante carrière dans le monde des affaires à Belgrade s'y est installée amenant avec elle, sa famille, ses amis et sa vision d'une nouvelle approche de la vie de village. Son ambition était "d'utiliser les compétences urbaines pour inventer un mode de vie durable dans les zones rurales" et "d'être davantage connectée avec la nature en développant une économie saine, des entreprises socialement responsables et des communautés fortes," explique-t-elle avant d'ajouter : "Nous ne sommes pas tous obligés d'être des agriculteurs !"

Elle a fondé le Centre pour l'entrepreneuriat socialement responsable et le Hub rural, un espace de coworking où les villageois peuvent se connecter, présenter des idées et acquérir des compétences commerciales.

Aujourd'hui, la communauté est florissante. Les propriétés du village ont été achetées et réaménagées et il attire constamment de nouveaux citadins qui veulent profiter de spectaculaires voies d'escalade et des sentiers de randonnée notamment sur le mont Rtanj, de la nourriture biologique faite maison, de la beauté du paysage et des possibilités de travail à distance.

Selon Dragana, le succès de Vrmdza s'explique notamment par l'échange de compétences entre les habitants et les nouveaux arrivants. Elle brosse le portrait d'une communauté au sens propre du terme où les connaissances de chacun sont utilisées et respectées. "À Vrmdza, si quelqu'un veut acheter des fleurs, il va à Miladinka, pour des souvenirs, il va à Saska, pour le fromage, il va à Snezana," explique-t-elle. "Chaque habitant a sa propre expertise, sa capacité et ses ressources pour offrir un service et quand des visiteurs viennent sur place, ils découvrent l'histoire de chaque personne et savent que chaque centime qu'ils dépensent soutiendra directement cette famille," indique-t-elle.

"Quand on arrive dans un village, on se rend compte à quel point on n'est déconnecté de la nature dans une ville : c'est une découverte douloureuse," estime Dragana.

Mais aujourd'hui, dit-elle, il est possible de profiter du meilleur des deux mondes. "Les gens peuvent regarder les avantages de la vie en ville et de celle dans un village et se dire : Je vais choisir un peu des deux et je vais faire moi-même le mélange parfait," suggère-t-elle.

DjordjeMarkovic, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons
Le village de VrmdzaDjordjeMarkovic, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

"Il y a un grand besoin de réapprendre les anciennes connaissances"

Nevena Savić, de l'ONG de protection de l'environnement Zeleno DOBA, constate elle aussi que le changement est en marche en Serbie. "Il y a clairement une hausse des nouveaux arrivants dans les campagnes et un plus grand intérêt des gens de tous âges pour la durabilité," dit-elle. "On a remarqué un grand besoin chez les gens d'avoir un morceau de terre et une partie de ciel à observer pendant le confinement," raconte-t-elle.

L'organisation apporte son aide aux personnes qui souhaitent vivre de manière plus durable ou qui sont en train de revenir vivre à la campagne.

Nevena explique : "Il y a seulement une ou deux générations, les gens savaient reconnaître les plantes, travailler au jardin et produire de la nourriture pour une année : il y a donc un grand besoin de réapprendre les anciennes compétences. Il existe de nombreuses initiatives réussies qui encouragent le zéro déchet, le jardinage urbain et l'esprit d'entreprise dans les campagnes : toutes ces initiatives ont des histoires et des modes de vie différents," estime-t-elle avant d'ajouter : "C'est incroyable, tout le monde fait de son mieux pour obtenir des résultats durables impressionnants."

"Grâce à nos activités, on espère sensibiliser davantage à la durabilité, amener plus de compréhension et de compassion, plus d'attitudes positives et de rires, plus de santé, de joie et de bien dans ce monde," espère-t-elle.

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