Scandale du logiciel espion Pegasus : l'indignation est générale, Paris ouvre une enquête

Scandale du logiciel espion Pegasus : l'indignation est générale, Paris ouvre une enquête
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Par euronews avec AFP, AP
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Les dérives de l'utilisation du logiciel espion israélien Pegasus ont été condamnées dans le monde entier, "c'est contraire à toutes les valeurs européennes si c'est avéré" affirme Bruxelles. En France, le parquet de Paris a ouvert une enquête.

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Les révélations sur l'utilisation du logiciel espion Pegasus ont provoqué l'indignation internationale de politiciens, de journalistes et de militants des droits de l'homme. Une colère légitime si les enquêtes confirment l'espionnage d'au moins 180 journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d'entreprise de différents pays.

Une enquête ouverte par le Parquet de Paris

En France, le parquet de Paris vient d'ouvrir une enquête sur l'espionnage de journalistes français pour le compte de l'Etat marocain, qui conteste.

Cette enquête a été ouverte pour une longue liste de dix infractions dont "atteinte à la vie privée", "interception de correspondance", "accès frauduleux" à un système informatique et "association de malfaiteurs".

Elle fait suite à la plainte déposée par le site Mediapart, dont deux journalistes ont été espionnés, à laquelle doit s'ajouter une plainte similaire du Canard enchaîné.

L'enquête vise également d'autres infractions d'atteintes à un système informatique, telles que l'introduction, l'extraction et la transmission frauduleuses de données, qui peuvent être potentiellement reprochées aux utilisateurs de Pegasus.

Elle concerne aussi la "mise à disposition et détention d'un équipement" permettant des atteintes à un système de données et "l'offre et la vente sans autorisation d'un dispositif de captation de données", qui visent cette fois potentiellement la commercialisation du logiciel et les intermédiaires impliqués.

Ces révélations ont suscité l'indignation dans le monde entier d'organisations de défense des droits humains, de médias et de dirigeants politiques.

La réaction de la présidente de la Commission européenne ne s'est pas faite attendre

Ursula von der Leyen s'est exprimée lors d'une conférence de presse aux côtés du Premier ministre tchèque. Un message que l'on imagine particulièrement adressé au gouvernement hongrois :

"C'est complètement inacceptable. Et c'est contraire à toutes les règles que nous avons dans l'Union européenne en ce qui concerne la liberté des médias. La liberté de la presse est l'une des valeurs fondamentales de l'Union européenne. Il est totalement inacceptable que cela se soit produit si tel a été le le cas."

La liberté de la presse est l'une des valeurs fondamentales de l'Union européenne. Il est totalement inacceptable que cela se soit produit si tel a été le cas.
Ursula von der Leyen
Présidente de la Commission européenne

Les gouvernements d'Azerbaïdjan, de Bahreïn, du Kazakhstan, du Maroc, du Mexique, du Rwanda, d'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Hongrie et de l'Inde figurent parmi les nombreux clients du groupe israélien NSO, créateur du logiciel espion Pegasus. C'est ce qu'affirme l'enquête menée par un consortium de 17 médias internationaux qui a basé ses allégations sur des fuites de données téléphoniques.

Ledit logiciel, introduit dans un smartphone, permet d'en récupérer les messages, photos, contacts et même d'écouter les appels de son propriétaire. C'est "comme si vous mettiez votre téléphone dans les mains de quelqu'un d'autre", souligne Alan Woodward, professeur en cybersécurité à l'université du Surrey.

Ces communications secrètes ne sont pas visibles par l'utilisateur. Et il est extrêmement difficile d'en retrouver la trace sur des smartphones Android, raison pour laquelle l'enquête d'Amnesty International, à l'origine des révélations, se concentre sur les smartphones d'Apple.

Au total, environ 50 000 personnes auraient été ciblées par le logiciel d'espionnage téléphonique

En Inde, par exemple, plus de 40 journalistes, trois leaders de l'opposition et deux ministres du gouvernement figureraient sur la liste des personnes espionnées.

"Cela met également mes sources en danger. Les personnes qui vous parlent sous couvert d'anonymat, si elles sont compromises, c'est terrible", nous explique le journaliste indien indépendant Paranjoy Guha Thakurta.

Le groupe israélien NSO a nié tout acte répréhensible

L'entreprise affirme dans un communiqué que son logiciel Pegasus n'est mis à disposition que des militaires, des forces de l'ordre et des agences de renseignement de pays "ayant un bon bilan en matière de droits de l'homme" et qu'il est destiné à capter les données de réseaux terroristes et criminels.

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