Crise politique en Tunisie : l'inquiétude de la communauté internationale

Tunisian soldiers guard the main entrance of the parliament as demonstrators gather outside the the gate in Tunis, Tunisia, Monday, July 26, 2021.
Tunisian soldiers guard the main entrance of the parliament as demonstrators gather outside the the gate in Tunis, Tunisia, Monday, July 26, 2021. Tous droits réservés Hedi Azouz/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved
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Par Euronews avec AFP
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La communauté internationale s'inquiète de la crise tunisienne alors que des heurts ont éclaté entre partisans du président et ceux du chef du parti islamiste Ennahdha.

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La tension est montée d'un cran ce lundi à Tunis entre les soutiens du président tunisien, qui célébraient sa décision de suspendre les activités du Parlement, et ceux du parti Ennahda dénonçant un coup d'Etat.

Des partisans du président tunisien jubilaient ce lundi devant le siège du Parlement, à Tunis. La veille, le chef de l'Etat Kais Saïed, a limogé le Premier ministre Hichem Mechichi et s'est octroyé le pouvoir exécutif. Il a aussi limogé ce mardi les ministres de la Justice et de la Défense. Dimanche, il avait annoncé la suspension des activités du Parlement, présidé par Rached Ghannouchi, le leader du parti Ennahdha, vainqueur des dernières élections.

À Tunis, les tensions s'enveniment entre partisans du président Kaïs Saïed et ceux du chef du parti islamiste Ennahddha Rached Ghannouchi.

L'atmosphère s'est crispée quand des partisans d'Ennahdha ont tenté d'approcher du siège de l'Assemblée. Ces derniers dénoncent un coup d'Etat du président de la République tunisienne. Ils ont été repoussés après des échanges de projectiles et l'intervention des forces de l'ordre.

Rached Ghannouchi est le président de l'Assemblée des représentants dont les travaux ont été supendus pour un mois par Kaïs Saïed. Des heurts ont éclaté devant le Parlement où des troupes interdisaient l'entrée à Rached Ghannouchi.

"Rached Ghannouchi est parti. Ghannouchi est fini. C'est une nouvelle ère", se réjouissait un manifestant paradant devant un siège vide sensé représenter celui du chef de file islamiste.

Inquiétudes à l'international

Les développements en Tunisie, seul pays rescapé du Printemps arabe, ont suscité l'inquiétude à l'étranger. La France a dit souhaiter un "retour, dans les meilleurs délais, à un fonctionnement normal des institutions" et appelé à éviter toute violence tandis que les Etats-Unis, "préoccupés", ont appelé au "respect des principes démocratiques".

Les images de Rached Ghannouchi, bloqué par des soldats dans la soirée de dimanche devant le parlement, ont suscité les réactions outrées d'Ankara et d'Alger, alliés d'Ennahdha.

La Turquie "rejette la suspension du processus démocratique et le mépris du désir de démocratie du peuple", a annoncé sur Twitter le porte-parole du président turc Erdogan.

Des appels au calme ont également été lancés depuis le Qatar et la Russie, qui "espère que rien ne menacera la stabilité et la sécurité des citoyens" en Tunisie.

L'Allemagne a également fait part de sa préoccupation, par la voix de Maria Adebahr, porte-parole du ministère des Affaires étrangères : "Nous prenons acte de la décision du président de la République d'invoquer l'article 80 de la Constitution pour suspendre les travaux du Parlement. Pour être honnête, nous devons dire que nous considérons que c'est une interprétation assez large de la constitution", a-t-elle affirmé.

L'Union européenne a appelé mardi au "rétablissement de la stabilité institutionnelle dans les meilleurs délais" en Tunisie après la suspension des activités du Parlement et le limogeage du Premier ministre par le président Kais Saied. "Nous appelons à la reprise de l’activité parlementaire, au respect des droits fondamentaux et à l’abstention de toute forme de violence (...) La préservation de la démocratie et la stabilité du pays sont des priorités", a affirmé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dans un communiqué.

M. Saied a assuré avoir suspendu le Parlement pour 30 jours en vertu de l'article 80 de la Constitution, qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de "péril imminent".

La décision du président tunisien de geler pour 30 jours le Parlement et de limoger le Premier ministre suscite l'inquiétude de la Maison Blanche qui elle aussi lance via sa porte-parole un appel au calme.

Jen Psaki, porte-parole de la Maison Blanche : "Nous sommes en contact, à un niveau élevé, avec les dirigeants tunisiens pour en savoir plus, appeler au calme et soutenir les efforts tunisiens pour avancer dans le respect des principes démocratiques."

L'ONU s'inquiète d'un risque de déstabilisation politique

Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général des Nations Unies : "Nous suivons de très près la situation en Tunisie depuis l'annonce faite hier par le président Saied. Nous appelons toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue, à s'abstenir de toute violence et à veiller à ce que la situation reste calme. Tous les différends et désaccords doivent être résolus par le dialogue."

Depuis la révolution de Jasmin la Tunisie était jusqu'à présent un exemple de stabilité démocratique dans la région.

De nombreux Tunisiens reprochent aujourd'hui la mauvaise gestion de crise sanitaire et le bras de fer entre le Parlement et la présidence.

Depuis début juillet, la Tunisie, frappée par ailleurs par le chômage et l'inflation, fait face à un pic épidémique, avec l'un des pires taux de mortalité officiels au monde. Le pays de 12 millions d'habitants a enregistré officiellement plus de 560.000 cas, dont plus de 18.000 décès.

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