Embourbée dans une nouvelle crise politique, la Tunisie attend un nouveau gouvernement

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Par Anelise Borges
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"Les politiques publiques pour répondre aux urgences financières, sanitaires, économiques et sociales dépendent des institutions. Elles exigent un gouvernement fort que nous n'avons pas encore", analyse Tahar Abdessalem, Professeur à l'Université de Tunis.

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A Tunis, reportage d'Anelise Borges pour euronews

Il y a ces militaires stationnés devant le parlement tunisien qui maintiennent un semblant d'apparence... Il y a aussi ceux qui se trouvent près du bureau du premier ministre. Un bureau désormais vide.

Berceau des printemps arabes, la Tunisie est bien aux prises avec une nouvelle crise politique majeure, après des mois d'instabilité. Depuis que le président Kaïs Saïed s'est octroyé les pleins pouvoirs le 25 juillet dernier, ses opposants, comme le parti islamiste Ennahda, crient au coup d'État.

Mais au sein de la population, certains avis sont tout autre. "Les choses vont mieux. Kaïs Saïed est très bon, il s'est occupé des pilleurs", vante Abdelhamid Riahi, vendeur sur le marché

Les "pilleurs" auxquels Abdelhamid fait référence sont des membres de l'élite politique tunisienne, dont l'image est aujourd'hui ternie par des années d'inaction et de mauvaise gestion.

"Ils ont kidnappé la révolution", tonne quant à lui Abden Naceur Aouini. Cet avocat est devenu l'un des visages de la révolution de Jasmin en Tunisie, ce mouvement populaire né fin 2010 et qui s'est ensuite propagé à d'autres pays du monde arabe.

La nuit où l'ancien président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a fui le pays, Abden Naceur se souvient d'avoir été l'un des premiers à défier le couvre-feu imposé par l'armée pour célébrer l'événement. "Je me souviens de tous les détails et du sentiment de victoire", raconte-t-il. "J'ai été arrêté deux fois. J'ai été battu par la police de Ben Ali. Mais je n'ai jamais abandonné. Depuis mes 18 ans jusqu'à la fuite de Ben Ali, je n'ai jamais abandonné la résistance et le combat."

En 10 ans, la Tunisie s'est dotée d'une Constitution, mais le pays traverse une grave crise économique. Et les conséquences de la pandémie de coronavirus ont poussé les Tunisiens à bout. Après des mois de blocages politiques, le président Saïed a invoqué la Constitution pour s'octroyer les pleins pouvoirs et suspendre le Parlement.

"Il dit qu'il n'a pas d'aspirations dictatoriales et il insiste sur le fait qu'il respectera les libertés et les droits, et qu'il travaillera pour assurer le bien-être de la population", analyse Tahar Abdessalem, Professeur à l'Université de Tunis. "Mais cela doit se traduire par des politiques publiques et c'est là que nous avons un problème, car les politiques publiques dépendent des institutions, notamment pour répondre aux urgences financières, sanitaires, économiques et sociales. Elles exigent un gouvernement fort que nous n'avons pas encore."

Autrefois porteuse d'espoir, la Tunisie doit maintenant prouver aux autres et surtout à elle-même qu'elle peut réellement tirer les leçons du passé et se reconstruire.

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