Le président Ashraf Ghani a quitté l'Afghanistan, les talibans aux portes du pouvoir

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Par Maxime Biosse Duplaneuronews & afp
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Un porte-parole taliban a promis que la ville ne serait pas prise par la force.

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Le président afghan Ashraf Ghani a quitté l'Afghanistan, a annoncé dimanche l'ancien vice-président Abdullah Abdullah, alors que les talibans sont sur le point de prendre le pouvoir et de s'emparer de la capitale Kaboul,20 ans après en avoir été chassé par les forces internationales à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

"L'ancien président afghane a quitté la nation", a déclaré l'ancien vice-président Abdullah Abdullah, qui est aussi le chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale, dans une vidéo publiée sur sa page Facebook.

Les talibans ont dit vouloir prendre le contrôle du pouvoir en Afghanistan "dans les jours à venir" par un transfert "pacifique", a déclaré un de leurs porte-paroles à la BBC dimanche, alors que leurs troupes encerclent la capitale.

Le porte-parole du groupe Suhail Shaheen, basé au Qatar, a également assuré que les ambassades internationales et leurs employés ne seront pas ciblés par les combattants talibans et qu'ils devraient rester dans le pays.

"La priorité immédiate et absolue dans les prochaines heures est la sécurité" des Français "qui ont été appelés à quitter l'Afghanistan, ainsi que des personnels sur place, français et afghans", a indiqué dimanche l'Elysée, face à la "dégradation très préoccupante de la situation en Afghanistan".

"Il n'y a aucun risque pour les diplomates, les organisation humanitaires, personne. Ils devraient tous continuer à travailler comme ils l'ont fait jusqu'à présent. Aucun mal ne leur sera fait, ils devraient rester", assure de son côté le porte-parole des talibans.

L'Italie a décidé d'évacuer en urgence d'Afghanistan ses diplomates et ressortissants de même que ses collaborateurs afghans, a annoncé le ministère de la Défense, précisant qu'un premier vol militaire devait arriver dès dimanche à Kaboul pour initier le rapatriement.

Les États-Unis ont quant à eux transféré le personnel de l'ambassade américaine de Kaboul vers l'aéroport de la capitale afghane, où ont été dépêchés des milliers de soldats américains, a indiqué dimanche le secrétaire d'Etat Antony Blinken. L'Allemagne a également déplacé dimanche son personnel diplomatique dans l'aéroport de Kaboul, avant une évacuation prévue lundi.

Progression éclair

En un peu plus d'une semaine, et sans même attendre la fin du retrait américain le 31 aoûit, les insurgés fondamentalistes ont donc conquis une large partie du territoire, ne rencontrant quasiment aucune résistance de la part d'une armée afghane qui s'est complètement effondrée.

Ce samedi soir, Mazar-i-Sharif et Jalalabad étaient les deux grandes dernières villes prises par les talibans en Afghanistan. Mazar-i-Sharif, dans le nord du pays, était censée être très défendue. Sa chute, a près de lourds combats, est un nouveau revers majeur pour le gouvernement. Quant à Jalalabad, elle isole un peu plus Kaboul.

Mais certains habitants n'ont aucune intention de se laisser faire. "Nous ne sommes pas des gens qui, vous savez, retournent à l'obscurantisme", dit cette femme. "Je suis une fille et je ne me soucie de personne. Ni le Pakistan, ni l'Amérique. Personne ne s'en soucie. Et je suis ici même aujourd'hui. S'ils me tuent, s'ils me trouvent, je m'en fiche d'eux. De quoi devrais-je avoir peur ? C'est ma patrie, ma terre".

Lorsqu'ils dirigeaient le pays, entre 1996 et 2001, les talibans avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique. Les femmes avaient interdiction de sortir sans un chaperon masculin et de travailler, et les filles d'aller à l'école. Les femmes accusées de crimes comme l'adultère étaient fouettées et lapidées. Les voleurs avaient les mains coupées, les meurtriers étaient exécutés en public et les homosexuels tués.

Les talibans, qui veillent à afficher aujourd'hui une image plus modérée, ont maintes fois promis que s'ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les "valeurs islamiques".

Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités : meurtres de civils, décapitations, enlèvements d'adolescentes pour les marier de force, notamment.

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