Journaliste assassinée à Malte : perpétuité requise contre un homme d'affaires

Un portrait de Daphne Caruana Galizia, devant le palais de justice de La Valette, Malte, le 16 octobre 2018
Un portrait de Daphne Caruana Galizia, devant le palais de justice de La Valette, Malte, le 16 octobre 2018 Tous droits réservés Jonathan Borg/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved.
Tous droits réservés Jonathan Borg/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved.
Par Stephane HamalianEuronews avec AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

Yorgen Fenech est accusé d'avoir demandé à un intermédiaire d'engager trois tueurs au prix de 150 000 euros pour assassiner la journaliste.

PUBLICITÉ

**Le parquet maltais a requis mercredi la perpétuité contre l'homme d'affaires Yorgen Fenech, soupçonné d'avoir orchestré le meurtre en 2017 de la journaliste anticorruption Daphne Caruana Galizia.
**

Le parquet a présenté formellement son acte d'accusation contre M. Fenech, arrêté en novembre 2019 sur son yacht au large de Malte alors qu'il tentait de s'enfuir, et poursuivi pour complicité de meurtre et complot criminel.

L'acte d'accusation, qui confirme qu'un procès se tiendra, requiert la perpétuité pour l'accusation de meurtre, et entre 20 et 30 ans pour l'accusation de complot criminel.

La journaliste Daphne Caruana Galizia, qui dénonçait dans son blog Running Commentary la corruption endémique dans cet archipel méditerranéen, une ancienne colonie britannique entrée dans l'Union européenne en 2004, a péri à 53 ans dans un attentat à la voiture piégée le 16 octobre 2017.

C'est en creusant le volet maltais des retentissants Panama Papers que Daphne Caruana Galizia avait mis au jour les liens entre M. Fenech et de hauts responsables politiques maltais.

Elle avait notamment révélé qu'une société basée à Dubaï, la 17 Black, devait verser de l'argent à deux sociétés basées au Panama et appartenant à Keith Schembri, à l'époque le chef de cabinet du Premier ministre Joseph Muscat, et à Konrad Mizzi, ministre du Tourisme. La contrepartie de ces pots-de-vin présumés, qui en fin de compte n'avaient pas été versés, n'est pas connue.

Le consortium de journalistes Daphne Project, qui a repris ses enquêtes, a révélé que la 17 Black appartenait à M. Fenech. Et le chef du gouvernement, accusé de s'être ingéré dans l'affaire et d'avoir protégé ses collaborateurs, son chef de cabinet ainsi que le ministre du Tourisme, ont démissionné depuis.

Yorgen Fenech est accusé d'avoir demandé à un intermédiaire, le chauffeur de taxi Melvin Theuma, d'enrôler trois tueurs au prix de 150.000 euros pour tuer la journaliste.

M Fenech a lui-même mis en cause plusieurs hauts responsables du gouvernement, en particulier Keith Schembri, le désignant comme le "vrai commanditaire" de l'assassinat.

Un des hommes soupçonnés du meurtre, Vincent Muscat, a plaidé coupable en février et s'est vu infliger 15 ans de prison, la première condamnation dans ce dossier qui avait choqué Malte et le reste du monde. Deux autres hommes, George et Alfred Degiorgio, accusés d'avoir placé la bombe sur le véhicule, attendent d'être jugés.

En mars, dans le cadre d'une autre procédure, Keith Schembri a été accusé de blanchiment d'argent sale et de fraude.

Une enquête publique sur le meurtre la journaliste a conclu en juillet que l'Etat maltais était responsable d'avoir créé dans le pays un climat d'impunité qui avait permis cet assassinat, y compris à travers la coordination d'une campagne de harcèlement en ligne par le personnel du cabinet du Premier ministre.

Le Premier ministre Robert Abela a présenté ses excuses à la famille Caruana Galizia après la publication des conclusions de cette enquête, s'engageant à mettre en oeuvre toutes ses recommandations.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Malte : le Parti travailliste de Robert Abela donné vainqueur des législatives

Les Maltais se sont rendus aux urnes à l'occasion des législatives

Saorla McCabe (UNESCO) : " 87% des crimes commis contre les journalistes restent impunis"