Ces Afghans qui ont trouvé refuge au Pakistan

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Par Anelise Borges
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Après que les talibans ont pris le pouvoir, des Afghans ont fui leur pays et ont trouvé refuge au Pakistan, pays qui porte déjà le poids de 40 ans de conflit de l’autre côté de la frontière. Reportage d'Anelise Borges, envoyée spéciale à Islamabad.

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Mohammed Ameen vient tout juste d’arriver au Pakistan. Il a fui son pays, l’Afghanistan, après que les talibans ont pris le pouvoir dans sa ville natale de Mazâr-e Charîf, puis le contrôle de la capitale, Kaboul.

"Lorsque les talibans sont entrés dans Kaboul, les gens ont eu peur et se sont précipités vers l'aéroport. J’observais de loin. C’était le chaos. Tout le monde était paniqué. Les gens pensaient que n’importe quoi pouvait leur arriver. Ils essayaient de monter à bord des avions, allant même jusqu’à grimper sur les ailes des appareils. Beaucoup sont tombés. Ils avaient très peur", raconte le jeune homme.

Mohammed Ameen, lui, a choisi de fuir par voie terrestre. Et selon lui, nombreux de ses compatriotes feront la même chose une fois que les Américains cesseront les évacuations par avion.

Mais l'augmentation du nombre d'Afghans déplacés risque d’accroître les tensions dans la région, voire dans le monde entier.

Le monde doit parler aux talibans
Moeed W. Yusuf
Conseiller à la sécurité nationale du Pakistan

"Pour l'instant, une crise de réfugiés aux proportions massives ne s'est pas matérialisée. Cependant, le Pakistan, qui porte déjà le poids de 40 ans de conflit de l’autre côté de la frontière, demande à la communauté internationale de l’aider davantage", dit Anelise Borges, l'envoyée spéciale d'euronews à Islamabad, au Pakistan.

De nombreux pays ont pourtant annoncé leur intention d’accueillir des réfugiés afghans, mais encore trop peu pour le Pakistan, pays très fortement impacté, depuis des années, par la situation chez son voisin.

"Savez-vous que le Pakistan compte plus de 80 000 victimes depuis le 11 septembre 2001 et que la guerre est à notre porte ? Savez-vous que l’économie pakistanaise a été amputée de plus de 152 milliards de dollars ? Nous abritons plus de quatre millions de réfugiés afghans aujourd'hui ! Alors les discussions en Occident qui portent sur l’accueil de cinq ou six réfugiés de plus, c’est n’importe quoi", dit Moeed W. Yusuf, Conseiller à la sécurité nationale du Pakistan.

Pour Islamabad, négocier avec les talibans est la seule façon de permettre à l'Afghanistan de jouir d'une paix durable.

Les talibans ont capturé puis assassiné toute ma famille
Syed Zikria
Réfugié afghan à Islamad, Pakistan.

"Le monde doit parler aux Talibans. Ce que je sais, c'est que leurs premières déclarations, montrent clairement qu'ils ne veulent pas revenir aux années 90", estime Moeed W. Yusuf.

Mais nombre d’Afghans réfugiés au Pakistan, estiment qu’il est impossible d’oublier l’ancien régime taliban, ni de lui faire confiance.

"Les Talibans prétendent qu'ils ne ressentent aucune animosité envers qui que ce soit, mais c'est un pur mensonge. La journée, ils disent cela et la nuit, ils vont chez les gens et les enlèvent. Et après deux ou trois jours, ils les tuent. Parce que mon père travaillait avec Ashraf Ghani, ils ont capturé puis assassiné toute ma famille", raconte Syed Zikria, jeune réfugié afghan à Islamabad.

Syed est seul. Il a le cœur brisé et il a peur. Il a perdu tout espoir de retourner en Afghanistan un jour. Après avoir perdu ses parents et ses cinq frères et sœurs, c’est aussi son pays, dit-il qu’il a perdu pour de bon.

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