Attentats du 13 novembre : Salah Abdeslam dédouane certains de ses coaccusés

Croquis de l'audience, le 8 septembre 2021 à Paris. À gauche, le principal accusé, Salah Abdeslam. À droite, le président de la cour, Jean-Louis Peries
Croquis de l'audience, le 8 septembre 2021 à Paris. À gauche, le principal accusé, Salah Abdeslam. À droite, le président de la cour, Jean-Louis Peries Tous droits réservés Noelle Herrenschmidt/Noelle Herrenschmidt / AP
Par Stephane HamalianEuronews avec AFP
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Le comportement du principal accusé a déjà provoqué une suspension de séance à peine l'audience ouverte ce jeudi.

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L'audience a repris à 13h ce jeudi, en présence de Salah Abdeslam et de ses coaccusés. Il a de nouveau intempestivement pris la parole pour dédouaner trois de ses coaccusés.

"Ils m'ont rendu des services alors qu'ils ne savaient rien du tout" au sujet d'éventuelles responsabilités dans les attentats du 13 novembre, a clamé Salah Abdeslam, citant Mohammed Amri, Hamza Attou et Ali Oulkadi, trois de ses proches à Bruxelles l'ayant aidé lors de sa cavale après les attentats.

"Ils n'ont rien fait", a-t-il ajouté, avant que son micro ne soit coupé par le président de la cour d'assises spéciale, Jean-Louis Périès, qui a ensuite suspendu l'audience.

La cour s'est à nouveau réuni quelques minutes plus tard, sans que le président Jean-Louis Périès ne mentionne l'incident.

La journée devait comme celle de la veille être consacrée uniquement à l'appel des parties civiles.

Mercredi, à l'ouverture de ce procès "historique" et "hors norme", Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis le 13 novembre 2015, avait déjà pris la parole et affirmé qu'il avait "délaissé toute profession pour devenir un combattant de l'Etat islamique".

Le Franco-Marocain de 31 ans, qui s'était montré plutôt mutique depuis son arrestation en Belgique en mars 2016, a profité du bref malaise d'un de ses coaccusés – au total 20 personnes sont jugées pendant neuf mois – pour se lancer dans une vindicte à l'encontre de la justice française.

Debout, le masque enlevé, haussant le ton et l'index pointé vers la cour composée uniquement de magistrats professionnels, il lance que les accusés sont "traités comme des chiens".

"Ici c'est très beau, il y a des écran plats, de la clim mais là-bas (en prison) on est maltraités, on est comme des chiens", a éructé Abdeslam, accusé de complicités de crimes terroristes et qui encourt la perpétuité.

"Ca fait six ans que je suis traité comme un chien. Je ne me suis jamais plaint parce que je sais qu'après on sera ressuscité et que vous devrez rendre des comptes", a-t-il ajouté.

"Tribunal démocratique"

Imperturbable, le président de la cour Jean-Louis Périès ne s'est pas laissé impressionner par les provocations de l'accusé qui n'a reçu aucun écho parmi les dix autres hommes présents dans le box à ses côtés.

"Ici on n'est pas dans un tribunal ecclésiastique, on est dans un tribunal démocratique", met au point le magistrat.

En tout début d'audience mercredi, alors que la cour lui demandait de décliner son identité, Abdeslam avait déclaré qu'"il n'y a pas de divinité à part Allah et que Mohammed est son messager".

Jeudi, la cour doit poursuivre l'appel des parties civiles, avant l'appel des témoins et la lecture du résumé du dossier vendredi. Les premiers témoins ne sont pas attendus à la barre avant lundi.

La plus grande audience criminelle jamais organisée en France : pendant neuf mois, la cour va se replonger dans ce titanesque dossier. Il est inédit par son ampleur – 542 tomes – par son nombre de parties civiles – au moins 1 800 – et par sa charge émotionnelle.

Les témoignages de rescapés et proches des victimes débuteront le 28 septembre, pour cinq semaines.

Dignité de la justice

Avant d'ouvrir les débats mercredi, de façon inhabituelle, le président de la cour a solennellement tenu à rappeler les règles d'un procès pénal, et notamment "le respect des droits de chacun, à commencer par les droits de la défense", invitant l'ensemble des parties à "garder à l'esprit cette finalité (...) de façon à maintenir la justice dans sa dignité".

Le vendredi 13 novembre 2015, la nuit de terreur avait débuté à 21h16 : trois kamikazes se font exploser aux portes du Stade de France, pendant une rencontre amicale de football entre la France et l'Allemagne.

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Au cœur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l'arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d'un concert au Bataclan, où l'assaut sera donné peu après minuit.

Six ans après cette nuit de cauchemar, onze accusés sont dans le box et trois comparaissent libres sous contrôle judiciaire.

Six autres accusés sont jugés en leur absence dont le donneur d'ordres et vétéran du jihad Oussama Atar, et les "voix" françaises de la revendication de l'EI, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous trois présumés morts en Syrie.

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