Elections au Maroc : déroute pour les islamistes, large victoire des libéraux

Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a annoncé les résultats en direct à la télévision
Le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, a annoncé les résultats en direct à la télévision Tous droits réservés FADEL SENNA/AFP or licensors
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Par Euronews avec AFP
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Le parti islamiste PJD, à la tête du gouvernement marocain depuis une décennie, a subi une spectaculaire déroute, au profit de partis libéraux considérés comme proches du palais royal, lors des élections législatives mercredi dans le royaume maghrébin.

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Le parti islamiste PJD, à la tête du gouvernement marocain depuis une décennie, a subi une spectaculaire déroute, au profit de partis libéraux considérés comme proches du palais royal, lors des élections législatives mercredi dans le royaume maghrébin.

Le Parti de la justice et du développement (PJD, islamiste modéré) s'effondre, passant de 125 sièges dans l'assemblée sortante à 12, a indiqué le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit.

Il arrive loin derrière ses principaux rivaux, le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti Authenticité et Modernité (PAM), tous deux de tendance libérale, et le Parti de l'Istiqlal (centre-droit), avec respectivement 97, 82 et 78 (sur 395 députés).

Le RNI, qui appartient à la coalition gouvernementale, est dirigé par un homme d'affaires fortuné, Aziz Akhannouch, décrit comme proche du palais.

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Aziz Akhannouch en meeting, le 2 septembre dernier à Rabat (Maroc)FADEL SENNA/AFP or licensors

"Ces résultats prouvent que les Marocains d'aujourd'hui veulent le changement, a déclaré Chafik Ouadghiri, porte-parole du Rassemblement national des indépendants (RNI), et veulent une alternative et nous pensons que le RNI est cette alternative, étant donné le programme électoral qu'il a présenté aux citoyens et qui a trouvé un bon écho auprès d'eux pendant la campagne électorale."

Pour le PAM, c'est aussi une victoire :

"Nos résultats sont très prometteurs car nous avons un parti, qui vient de surmonter ses difficultés d'organisation, et qui a quand même pu gagner la deuxième place, a déclaré Abdellatif Ouahbi, le secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM). Nous considérons cela comme un succès pour la démocratie au Maroc et un succès pour nos valeurs nationales et le modèle marocain. C'est pourquoi je souhaite bonne chance à celui qui va être aux commandes."

L'ampleur de la défaite des islamistes était inattendue dans la mesure où, malgré l'absence de sondages, médias et analystes pensaient que le PJD jouerait encore les premières places et briguerait un troisième mandat consécutif à la tête du gouvernement.

Participation en hausse

Il reviendra au roi Mohammed VI de nommer un chef du gouvernement, issu du parti arrivé en tête du scrutin législatif, qui sera chargé de former un exécutif pour un mandat de cinq ans. Il succèdera au secrétaire général du PJD, Saad-Eddine El Othmani.

Les résultats définitifs devraient être connus jeudi.

Le taux de participation a atteint 50,35% au niveau national, selon le dernier chiffre donné par le ministre de l'Intérieur. Il est en hausse par rapport aux législatives de 2016. A l'époque il avait plafonné à 43%.

La participation a été élevée dans les régions du Sud qui englobent la partie du territoire disputé du Sahara occidental contrôlée par le Maroc.

En 2011, le Maroc s'est doté d'une nouvelle Constitution accordant de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement. Toutefois, les décisions et les orientations dans des secteurs clés continuent d'émaner d'initiatives du roi Mohammed VI.

Plus tôt dans journée, les islamistes avaient fait état de "graves irrégularités", dont "la distribution obscène d'argent" à proximité de bureaux de vote et des "confusions" sur certaines listes électorales, des citoyens n'y trouvant pas leur nom.

Les opérations de vote se sont déroulées "dans des circonstances normales", a assuré le ministre de l'Intérieur, hormis "des cas isolés".

Fin de campagne tendue

La fin de la courte campagne électorale, marquée par l'absence de grands meetings politiques pour cause de Covid-19, avait déjà été empoisonnée par des accusations d'achat de voix.

Une vive polémique a d'ailleurs opposé ces derniers jours le PJD au RNI.

L'ancien chef du gouvernement et ex-secrétaire général du PJD Abdelilah Benkirane avait tiré à boulets rouges sur le chef du RNI Aziz Akhannouch, jugeant qu'il fallait "une personnalité politique intègre" à la présidence du gouvernement.

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Ministre de l'Agriculture depuis 2007, M. Akhannouch avait rétorqué que les critiques des islamistes étaient "un aveu d'échec" et "ne visaient qu'à semer la zizanie".

Le ministre, à la tête d'une des plus grosses fortunes du pays, a déjà joué un rôle clé dans le précédent gouvernement, contrôlant des portefeuilles importants comme l'Economie et les Finances ou l'Industrie.

Nouvelles réformes

C'est la première fois depuis la tenue des premières élections au Maroc en 1960 que la répartition des sièges à la Chambre des représentants était calculée sur la base du nombre d'électeurs inscrits et non des votants.

Ce nouveau mode de calcul devait favoriser les petits partis au détriment des grandes formations. Mais seul le PJD s'y était opposé, s'estimant déjà "lésé".

La compétition électorale a été caractérisée par l'absence de polarisation bien définie sur les choix politiques.

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Après le scrutin, les partis politiques seront invités à adopter "un pacte" découlant d'un "nouveau modèle de développement", qui préfigure une "nouvelle génération de réformes et de projets", comme l'a promis récemment Mohammed VI.

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