Après un an de tractations, le Liban parvient enfin à se doter d'un gouvernement

Le président Michel Aoun (à gauche) rencontre le Premier ministre designé Najib Mikati au Palais présidentiel (Beyrouth, 10 septembre 2021)
Le président Michel Aoun (à gauche) rencontre le Premier ministre designé Najib Mikati au Palais présidentiel (Beyrouth, 10 septembre 2021) Tous droits réservés STRINGER/AFP
Par Euronews avec AFP
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Le Liban s'est doté d'un nouveau gouvernement après 13 mois d'attente marqués par d'interminables tractations politiques ayant aggravé une crise économique inédite qui a fait sombrer des millions de Libanais dans la pauvreté.

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Le Liban s'est doté vendredi d'un nouveau gouvernement après 13 mois d'attente marqués par d'interminables tractations politiques ayant aggravé une crise économique inédite qui a fait sombrer des millions de Libanais dans la pauvreté.

Le président Michel Aoun et le Premier ministre désigné, Najib Mikati "ont signé le décret pour former le nouveau gouvernement en présence du chef du Parlement, Nabih Berri", a indiqué la présidence sur son compte Twitter.

Emmanuel Macron a salué l'"étape indispensable" que constitue, selon lui, la formation d'un nouveau gouvernement au Liban pour "sortir le pays de la crise profonde dans laquelle il se trouve".

Antonio Guterres y voit "une étape très importante" pour le pays, en souhaitant "le meilleur succès" au Premier ministre Najib Mikati. "Bien sûr, ce n'est pas suffisant, il y a beaucoup d'autres choses à résoudre mais c'était la condition de base pour que tout le reste soit possible", a ajouté le chef de l'ONU lors d'une conférence de presse.

La nouvelle équipe comporte des personnalités apolitiques, dont certaines jouissent d'une bonne réputation, à l'instar de Firas Abiad, directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, fer de lance de la lutte contre le coronavirus.

Le gouvernement de 24 ministres devrait tenir sa première réunion lundi à 11H00 (08H00 GMT), a indiqué le secrétaire général du Conseil des ministres, Mahmoud Makiyye.

Pire crise depuis 1850

Le pays était sans nouveau gouvernement depuis la démission du cabinet de Hassan Diab, quelques jours après l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth le 4 août 2020, qui avait fait plus de 200 morts et ravagé des quartiers entiers de la capitale.

Depuis, la crise économique inédite que traverse le pays depuis l'été 2019, n'a eu de cesse de s'aggraver, la Banque mondiale la qualifiant d'une des pires au monde depuis 1850.

Avec une inflation galopante et des licenciements massifs, 78% de la population libanaise vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, selon l'ONU.

Chute libre de la monnaie locale, restrictions bancaires inédites, levée progressive des subventions, pénuries de carburants et de médicaments, le pays est aussi plongé dans le noir depuis plusieurs mois, les coupures de courant culminant jusqu'à plus de 22 heures quotidiennement.

Les générateurs de quartier, qui prennent généralement le relais, rationnent aussi foyers, commerces et institutions, faute de fioul suffisant, devenu cher et monnaie rare dans un pays à court de devises étrangères et en pleine levée des subventions sur plusieurs produits de base.

Défis inédits

De nombreux défis attendent ainsi le prochain gouvernement, notamment la conclusion d'un accord avec le Fonds monétaire international, avec lequel les pourparlers sont interrompus depuis juillet 2020. Il s'agit pour la communauté internationale d'une étape incontournable pour sortir le Liban de la crise et débloquer d'autres aides substantielles.

Depuis plus d'un an, la communauté internationale conditionne son aide à la formation d'un gouvernement capable de lutter contre la corruption et de mener des réformes indispensables. Elle s'est contentée depuis l'explosion de fournir une aide humanitaire d'urgence, sans passer par les institutions officielles.

Fin juillet, Michel Aoun avait chargé Najib Mikati, ancien Premier ministre et homme le plus riche du pays, de former un nouveau gouvernement après l'échec de ses deux prédécesseurs. L'ancien Premier ministre, Saad Hariri, avait jeté l'éponge à la mi-juillet au terme de neuf mois de difficiles tractations.

Après sa démission, il avait accusé l'Iran, principal soutien du Hezbollah, d'"entraver" l'accouchement d'un gouvernement réformateur. Avant lui, l'ambassadeur Moustafa Adib avait également rendu son tablier.

Malgré les menaces de sanctions de l'Union européenne (UE), les avertissements et les accusations "d'obstruction organisée" ces derniers mois, les dirigeants politiques libanais ont poursuivi leurs habituels marchandages.

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