En Afghanistan, les craintes concernant l'éducation des filles demeurent

En Afghanistan, les craintes concernant l'éducation des filles demeurent
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Par Anelise Borges
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Les talibans ont assuré que les filles pourraient continuer à étudier jusqu'au supérieur. Pourtant, certaines règles imposées par le gouvernement seront très difficiles à mettre en place, notamment dans les universités. Un reportage exclusif de notre envoyée spéciale Anelise Borges.

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Depuis leur accession au pouvoir à la mi-août, les talibans ont répété que les filles pourraient étudier de la primaire à l'université. Et c'est bien ce que compte faire Taiba. Âgée de 8 ans, elle étudie dans une école élémentaire privée de Kaboul, dans laquelle se côtoient 600 enfants, filles et garçons "J'aime beaucoup l'école. J'étudie pour avoir un avenir plus lumineux", confie la petite fille dans un sourire, avant de démarrer la classe.

Malgré les annonces rassurantes des talibans, les craintes concernant l'éducation des filles sont nombreuses. L'Unesco a ainsi affirmé que les immenses progrès réalisés depuis 2001 étaient désormais "en danger".

Dans l'école de Taiba, l'équipe enseignante affirme que les talibans sont venus leur dire qu'ils pouvaient continuer à enseigner, tant qu'ils respectaient la loi islamique. "Nous essayons de faciliter l'enseignement. Nous allons essayer, pour le bien de notre pays. Nous ferons tout notre possible", assure Mujiburahamn Olfat, l'un des enseignants.

Les inquiétudes sont particulièrement fortes concernant les études supérieures. Là encore, les Talibans ont assuré que les femmes pourraient étudier sous certaines conditions strictes, comme la non-mixité dans les salles ou le port du Niqab, un voile intégral composé d'une simple fente au niveau des yeux. Mais pour l'heure, la plupart des universités publiques restent fermées dans le pays.

L'Université de Kaboul fermée jusqu'à nouvel ordre

A l'entrée du ministère de l'enseignement supérieur, des femmes, pour la plupart accompagné d'un de leur proche, ont tenté de savoir lundi ce qu'il allait advenir de leur cursus, mais elles n'ont pas été autorisés à entrer

Notre envoyée spéciale à Kaboul, Anelise Borges, est donc allée poser la question au Ministre adjoint de l'enseignement supérieur. Ce dernier a refusé de donner son nom complet et a demandé à être appelé Ustad -"professeur"- Kamran : "La politique de l'Émirat islamique en matière d'éducation des filles et des femmes est très claire. L'Émirat islamique estime que toutes les filles et les femmes peuvent étudier, et que l'Afghanistan a besoin de leur éducation. Nous valorisons leur éducation. Nous attendons simplement les bonnes conditions, et les portes des écoles et des universités seront ouvertes à toutes. "

L'Université de Kaboul reste en tout cas fermée jusqu'à nouvel ordre. Les gardes ont pour consigne de ne laisser personne entrer, surtout pas les journalistes.

Certaines des règles imposées par le groupe seront en tout cas difficiles à mettre en oeuvre dans les université, comme la nécessité d'avoir des salles de classe complètement séparées, où seules des femmes seront autorisées à enseigner aux étudiantes. "Les différentes universités d'État affirme qu'elles n'ont tout simplement pas assez d'enseignantes, et que de nombreuses femmes seront priées de ne pas revenir, si les cours reprennent effectivement un jour", conclut notre envoyée spéciale, Anelise Borges.

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