La Norvège vire à gauche, bye bye "Erna de fer"

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Tous droits réservés Javad Parsa/Javad Parsa / NTB
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Par euronews
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"Erna de fer" comme est surnommée la première ministre norvégienne va devoir céder la place après 8 années passées au pouvoir, elle a reconnu sa défaite face aux travaillistes de Jonas Gahr Støre.

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Après 8 ans de gouvernement conservateur, la Norvège est prête pour le centre-gauche.

Le parti travailliste du pays et ses alliés ont remporté une nette majorité aux élections générales, à l'issue d'une campagne dominée par les politiques environnementales et l'avenir de l'exploration pétrolière et gazière du pays. Le taux de participation de ces élections a atteint 77%.

Le probable futur premier ministre Jonas Gahr Støre, un multimillionnaire diplômé de Science Po Paris, âgé de 61 ans, a remercié ses partisans : 

"La Norvège a donc clairement fait savoir que le peuple norvégien veut une société plus juste. Merci beaucoup à tous ceux qui ont contribué à cela et qui ont voté pour le changement."

Pendant la campagne Jonas Gahr Støre, qui possède une fortune considérable, supérieure à 140 millions de couronnes (environ 14 millions d'euros) selon le magazine Kapital, a milité contre les "inégalités sociales" en Norvège. 

C'est pourtant l'un des pays les plus égalitaires au monde selon l'OCDE, mais le nombre de milliardaires y a plus que doublé sous l'équipe de droite sortante. 

L'actuelle première ministre Erna Solberg, 60 ans, a reconnu sa défaite. En raison de sa longévité au pouvoir et de ses convictions en matière de libéralisme économique, elle est surnommée "Erna de fer". Elle a développé l'exploration pétrolière en Norvège tout en réduisant les impôts. Mais elle a dû conduire le pays à travers de multiples crises pétrolières, migratoire et sanitaire.

Négociations en vue pour la coalition

A présent l'heure est aux négociations en vue de former un gouvernement de coalition. Des négociations qui promettent d'être longues et délicates, les partis d'opposition n'étant pas tout à fait sur la même longueur d'onde en terme d'environnement et d'exploitation pétrolière.

Le parti travailliste et les 4 autres partis d'opposition devraient décrocher 100 des 169 sièges que compte le Storting, le Parlement monocaméral norvégien. 

Avec 89 mandats pour le moment, les travaillistes semblent en passe de décrocher une majorité absolue avec leurs alliés de prédilection, le parti du Centre et la Gauche socialiste.

Le trio pourrait ainsi se passer des deux autres forces d'opposition, les écologistes de MDG et les communistes de Rødt, avec lesquelles Jonas Gahr Støre s'est tout de même dit déterminé à discuter. 

MDG avait conditionné son soutien à l'arrêt immédiat de l'exploration pétrolière dans le pays, plus gros exportateur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, un ultimatum rejeté par les travaillistes.

Alors les travaillistes parviendront-ils à s'entendre avec le parti du Centre et la Gauche socialiste ? 

Il faut savoir qu'en Norvège, le parti du Centre défend principalement les intérêts du monde rural, et que la Gauche socialiste est plus soucieuse des questions environnementales.

Ces alliés ont souvent des positions opposées, notamment sur l'urgence à sortir de l'âge pétrolier, et les centristes de Trygve Slagsvold Vedum ont dit pendant la campagne ne pas vouloir siéger avec la Gauche socialiste d'Audun Lysbakken.

Réchauffement climatique et pétrole

L'"alerte rouge pour l'humanité" lancée début août par les experts de l'ONU sur le climat (Giec) a placé la question du réchauffement climatique au cœur de la campagne électorale de ces élections et forcé le royaume à une réflexion sur le sort des activités pétrolières qui l'ont rendu immensément riche.

Le rapport a galvanisé ceux qui, à gauche et, dans une moindre mesure, à droite, veulent en finir avec le pétrole. A ce jour, le secteur pétrolier représente 14% du Produit intérieur brut norvégien, plus de 40% des exportations et 160 000 emplois directs.

L'or noir permet aussi à la Norvège et à ses 5,4 millions d'habitants d'avoir le plus gros fonds souverain au monde avec près de 12 000 milliards de couronnes d'actifs (1 166 milliards d'euros).

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De quelle manière la future coalition parviendra-t-elle à gérer la suite ? Difficile à prédire. Jusqu'ici, comme les conservateurs, les travaillistes préconisaient une sortie douce et progressive de l'économie pétrolière.

Sources additionnelles • AP, AFP

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