L'éruption du Cumbre vieja sous l'oeil des satellites de Copernicus

L'éruption du Cumbre Vieja, sur l'île espagnole de La Palma, capturée par les satellites du réseau européen Copernicus
L'éruption du Cumbre Vieja, sur l'île espagnole de La Palma, capturée par les satellites du réseau européen Copernicus Tous droits réservés Données émanant du Sentinel 2 modifiées par Iban Ameztoy.
Tous droits réservés Données émanant du Sentinel 2 modifiées par Iban Ameztoy.
Par Rafael Cereceda
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Le programme européen d'observation de la Terre #Copernicus permet de se rendre compte de l'ampleur de la coulée de lave et des spécificités des fumées qui s'en dégagent.

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Plus d'une semaine après l'éruption du volcan Cumbre Vieja, sur l'île espagnole de La Palma, l'imagerie satellitaire a été d'une aide précieuse pour les autorités afin de surveiller et de gérer la crise.

De la mesure des émissions de gaz à l'évaluation des dégâts, les satellites Sentinel du réseau européen Copernicus ont fourni des données cruciales.

Par exemple, le service de gestion des urgences de Copernicus a ainsi mis a disposition des cartes quotidiennes permettant de surveiller la coulée de lave et d'évaluer le nombre de bâtiment potentiellement touchés par l'avancé de la roche en fusion. Et selon les dernières données, plus de 1 000 maisons et entreprises ont été détruites.

L'un des satellites de Copernicus, Sentinel 5, est capable de détecter le dioxyde d'azote (SO2) émis dans l'atmosphère. Dimanche dernier, les émissions ont atteint l'Italie, comme le montre l'image (ci-dessous) mise en ligne par la plateforme d’analyse des données environnementales ADAM.

En combinant les données satellitaires et les modèles météorologiques, le service de surveillance atmosphérique de Copernicus est en mesure de prédire l'évolution du panache de SO2 qui, dans les prochains jours, atteindra l'océan Arctique en passant par le sud de l'Espagne, l'Italie et les Balkans avant de se diriger vers l'océan Atlantique.

Malgré des concentrations importantes mises en exergue par l'application Windy.com, les scientifiques s'accordent à dire que ces concentrations ne sont pas dangereuses pour la santé ou l'environnement. Elles restent à une altitude de 5 000 à 10 000 mètres et n'auront pas d'influence particulière sur la qualité de l'air et ne provoquent pas de pluies acides.

Capture d'écran Windy.com / Rafael Cereceda
Prévisions des concentrations de dioxyde de soufre pour le mercredi 29 septembreCapture d'écran Windy.com / Rafael Cereceda

Les satellites donnent également une image plus précise de la zone d'éruption. Iban Ameztoy, spécialiste en télédétection, a utilisé les données des satellites Sentinel 2 de Copernicus pour créer des animations qui permettent de "survoler" la zone, grâce à l'une des premières images sans nuage d'une partie de la grande coulée de lave au cours du week-end.

Dimanche 26 septembre, la coulée de lave a également été capturée par le satellite d'observation de la Terre de la NASA, Landsat 8.

Deux jours après que le Cumbre Vieja soit entré en éruption, le volcan le plus actif d'Europe, l'Etna de Sicile, a lui aussi connu un nouvel épisode intense d'activité, comme en atteste la lave et le vaste panache de fumée capturés par les satellite de Copernicus.

Des images difficiles à obtenir

L'imagerie satellitaire n'est pas une science exacte et prévisible. Pour obtenir de bonnes images, les conditions météorologiques sont ainsi primordiales. En outre, les satellites d'observation ne passent au-dessus d'un endroit particulier que tous les deux jours, ce qui ne permet pas une observation en temps réel.

Une autre paramètre d'importance est la manière dont les images sont obtenues et traitées. Les experts appliquent des filtres spéciaux pour mettre en évidence des aspects tels que l'humidité ou, dans ce cas, pour mieux voir la coulée de lave.

Chaque satellite a sa propre spécificité. Les satellites Sentinel 2 sont les plus puissants en termes de capacités optiques.

Marge d'erreur

Parfois, ces images spectaculaires peuvent aussi donner lieu à des erreurs d'interprétation. La semaine dernière, lorsque le Service de surveillance atmosphérique a montré des émissions de dioxyde de soufre en provenance du volcan, beaucoup se sont empressés d'"alerter" sur un éventuel "nuage" de SO2 qui affecterait l'Europe. Les scientifiques ont alors expliqué que ces émissions restent dans la haute atmosphère et n'affectent pas la qualité de l'air. Les gaz provenant du volcan de La Palma sont certainement moins nocifs que le SO2 que nous produisons en brûlant des combustibles fossiles.

Mais des interrogations persistent toutefois, alors que la lave, après avoir parcouru six kilomètres, a atteint les eaux de l'océan Atlantique ce jeudi. Cette rencontre entre magma et eau de mer produit des nuages où sont présents des gaz potentiellement toxiques, comme le chlore. Emanations qui n'ont pour l'instant fait aucune victime. 

Planet Labs Inc.
Lave et cendres s'échappant du volcan Cumbre Vieja sur l'île espagnole de La Palma, le 26 septembre.Planet Labs Inc.
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