Agé de 100 ans, un ancien nazi devant la justice allemande

Josef Schütz à son arrivée au tribunal ce jeudi (Brandebourg, Allemagne)
Josef Schütz à son arrivée au tribunal ce jeudi (Brandebourg, Allemagne) Tous droits réservés TOBIAS SCHWARZ/AFP or licensors
Par Euronews avec AFP
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Le plus vieil accusé de crimes nazis, un centenaire dont le procès s'est ouvert en Allemagne, ne s'exprimera pas sur les faits qui lui sont reprochés, a indiqué son avocat lors de la première audience.

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Le plus vieil accusé de crimes nazis, un centenaire dont le procès s'est ouvert jeudi en Allemagne, ne s'exprimera pas sur les faits qui lui sont reprochés, a indiqué son avocat lors de la première audience.

"L'accusé ne s'exprimera pas" sur les faits "mais donnera des informations sur sa situation personnelle", a déclaré Stefan Waterkamp, avocat de Josef Schütz, ancien garde d'un camp de concentration et l'un des derniers anciens nazis jugés en Allemagne.

Comparaissant libre, il est entré à l'aide d'un déambulateur dans la salle, cachant son visage des photographes.

Il a cependant répondu d'une voix claire au président du tribunal qui lui demandait de confirmer son identité et sa situation personnelle. L'homme vit dans le Brandebourg, région voisine de Berlin, est veuf depuis 1986 et a expliqué avec fierté qu'il allait "bientôt fêter (son) 101e anniversaire, le 16 novembre prochain!".

Lourd dossier d'accusation

Cette première des 22 audiences prévues, terminée après seulement une heure en raison de son état de santé précaire, a été consacrée à la lecture d'une partie des 134 pages de l'acte d'accusation par le procureur, Cyrill Klement.

Josef Schütz, ancien caporal-chef de la division "Totenkopf" (Tête de mort) des Waffen-SS, est poursuivi pour "complicité de meurtres" de 3518 prisonniers lorsqu'il opérait dans le camp de concentration de Sachsenhausen, non loin de Berlin, entre 1942 et 1945.

L'accusé avait 21 ans au début des faits. Il est notamment soupçonné d'avoir fusillé des prisonniers soviétiques, "d'aide et de complicité de meurtres systématiques" par gaz de type Zyklon B et "par détention de prisonniers dans des conditions hostiles".

Entre son ouverture en 1936 et sa libération par les soviétiques le 22 avril 1945, le camp de Sachsenhausen a vu passer quelque 200 000 prisonniers, principalement des opposants politiques, des Juifs et des homosexuels.

Plusieurs dizaines de milliers d'entre eux périrent, victime principalement d'épuisement dû au travail forcé et aux cruelles conditions de détention.

"Un salaud"

Sa volonté de ne pas s'exprimer sur les faits et notamment le refus d'un éventuel pardon a été accueilli froidement par les parties civiles.

"Je suis ému. Cela fait 80 ans que j'ai perdu mon père et ce type est un sale mec, un salaud qui refuse la possibilité de culpabilité", s'est exclamé auprès Antoine Grumbach, 79 ans. Ce Français assiste à l'ouverture du procès en mémoire de son père, engagé dans la résistance gaulliste et assassiné en mars 1944 à Sachsenhausen.

L'avocat de 11 des 16 parties civiles, dont sept survivants, Thomas Walther, s'est voulu plus confiant: "Pour les plaignants, le fait qu'il se soit présenté à son procès est déjà un signe positif et (...) quelque chose peut arriver. Peut-être un tel homme arrivera-t-il à la conclusion avant sa dernière heure qu'il veut encore s'expliquer sur son passé".

Ce procès se déroule une semaine après celui avorté d'Irmgard Furchner, 96 ans, ancienne secrétaire d'un autre camp de concentration nazi. La lecture de l'acte d'accusation a été reportée au 19 octobre après une rocambolesque tentative de fuite de la nonagénaire.

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