Total avait conscience de l'impact de ses activités sur le climat depuis 50 ans

La raffinerie Total de Feyzin dans le Rhône, le 15 octobre 2021.
La raffinerie Total de Feyzin dans le Rhône, le 15 octobre 2021. Tous droits réservés Laurent Cipriani/Copyright 2021 The Associated Press. All rights reserved.
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Par Euronews
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Le groupe pétrolier français a toutefois choisi de semer le doute sur la réalité du changement climatique et de freiner toute tentative d'action. C'est ce que révèle une étude publiée ce mercredi dans la revue scientifique Global Envionmental Change.

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Total avait conscience de son impact sur le climat depuis 50 ans, mais le groupe pétrolier français a choisi de semer le doute sur la réalité du changement climatique et de freiner toute tentative d'action.

C'est ce que révèle une longue étude publiée ce mercredi par deux historiens et un sociologue, dans la revue scientifique Global Envionmental Change. Ces derniers ont eu accès à de nombreuses archives et se sont entretenus avec d'anciens cadres de Total, des hauts fonctionnaires, des climatologues et des économistes.

Tout commence en 1971. Un article publié dans le magazine interne de l’entreprise évoque les dangers de la quantité croissante de combustibles fossiles brûlés par l’homme. L’auteur, François Durand-Dastès, un géographe expert en climat, prédit "une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère" et "_une fonte au moins partielle des calottes glaciaires des pôle_s" entraînant une élévation du niveau de la mer. Il conclut par ces mots : "Les conséquences catastrophiques sont faciles à imaginer".

Comme le montre l'étude publiée ce mercredi, d'autres documents internes prouvent que le groupe avait conscience du risque climatique. Pourtant, Total choisi pendant de longues années de ne pas en parler, et surtout de ne rien changer. En public, certains de ses dirigeants nient même l'existence du changement climatique.

Lobbying intense

A partir de 1988, le groupe français endosse le rôle de "semeur de doute". Il décrédibilise les scientifiques qui alertent sur le changement climatique, finance des études qui relativisent l’urgence et met en place un lobbying intense, dans le but de retarder la mise en place de mesures contraignantes afin de pouvoir extraire toujours plus de combustibles fossiles.

Ce n'est que dans les années 2000 que Total reconnaît le "sérieux" des rapports du GIEC et tente de se présenter comme une entreprise responsable, impliquée dans la transition énergétique. Mais dans les faits, Total tarde encore à mettre en place de véritables actions.

Devenu depuis 2021 TotalEnergie, le groupe nie les conclusions de l'étude. "Il est faux de soutenir que le risque climatique aurait été tu par Total dans les années 1970 ou ensuite, dès lors que Total suivait l’évolution des connaissances scientifiques disponibles publiquement", a déclaré le groupe à nos confrères du journal Le Monde.

Total n'est pas le seul groupe pétrolier a avoir été pointé du doigt. ExxonMobil, BP et Shell ont eux aussi été accusé par d'autres études d'avoir sciemment nié le réchauffement et œuvré pour entraver toute politique de réduction des émissions.

À moins de deux semaines de la COP 26 à Glasgow, de nombreux scientifiques et membres de la société civile ont appelé à pointer la responsabilité des groupes pétroliers, et à exiger de ces derniers de véritables engagements

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