Nouvelle étape dans la guerre de la pêche qui oppose Britanniques et Français : Paris annonce les premières mesures de rétorsion pour la semaine prochaine si Londres n'accorde pas plus de licences de pêche.
Six ports français interdits aux pécheurs britanniques, renforcement des contrôles douaniers et sanitaires, la France dégainera les premières mesures de rétorsions promises à Londres si rien n'est fait d'ici mardi prochain.
Le différend au sujet des permis de pêche est en train de se transformer en guerre commerciale. Paris attend toujours la délivrance de 244 licences permettant aux pêcheurs français de travailler dans les zones des 6-12 milles des côtes britanniques, de Jersey et Guernesey conformément à l'accord post-Brexit.
A l'issue du Conseil des ministres mercredi, après un dernier round de discussions tous azimuts, la décision est tombée.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a évoqué une riposte graduelle :
"Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est qu'il manque quasiment 50% des licences auxquelles nous avons droit. C'est une situation qui n'est pas acceptable et je le dis clairement, notre patience atteint ses limites aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle plusieurs réunions se sont tenues au sein du gouvernement pour établir une liste de mesures qui pourraient être prises."
"Ce que je peux d'ores et déjà vous dire c'est qu'il y aura deux grandes séries de mesures. Une première série de mesures qui s'appliquera à compter du 2 novembre, progressivement sur plusieurs jours et qui ont trait aux produits importés et débarqués en France, dans nos ports, avec par exemple un contrôle douanier et sanitaire systématique sur les produits importés et qui sont débarqués dans les ports de la Manche, avec une interdiction de débarquements des produits de la mer dans nos ports également, avec des contrôles sur les camions, ça c'est une première série de mesures. Et puis une deuxième série de mesures avec notamment des mesures énergétiques qui ont trait à la fourniture d'électricité pour les îles anglo-normandes."
Côté britannique, ces annonces françaises ont été jugées "décevantes" et "disproportionnées". Selon le gouvernement britannique, 98% des licences de pêches demandées auraient été accordées aux Français.
Le premier ministre Boris Johnson a promis de riposter à ce que lui considère comme une violation potentielle du droit international.
Déjà, la nuit dernière, deux navires anglais qui pêchaient en baie de seine ont été verbalisés pour entrave au contrôle et absence de permis de pêche.
L'accord post-Brexit, conclu in extremis fin 2020 entre Londres et Bruxelles, prévoit que les pêcheurs européens puissent continuer à travailler dans certaines eaux britanniques à condition de pouvoir prouver qu'ils y pêchaient auparavant. Mais Français et Britanniques se disputent sur la nature et l'ampleur des justificatifs à fournir.