Camembert : le désamour des Français ?

Camembert au lait cru AOP
Camembert au lait cru AOP Tous droits réservés AFP
Par euronews avec AFP
Partager cet articleDiscussion
Partager cet articleClose Button
Copier/coller le lien embed de la vidéo de l'article :Copy to clipboardLien copié

C'est un petit séisme en France: les ventes du légendaire camembert, spécialité du nord-ouest du pays et star du traditionnel plateau de fromage, sont sur le point d'être dépassées par sa douce rivale italienne: la mozzarella.

PUBLICITÉ

Mais que se passe-t-il au royaume de France ? Le sacro-saint camembert n'aurait plus la cote ?! 

Cette spécialité de Normandie est sur le point d'être dépassée par la mozzarella. Selon une étude du ministère français de l'Agriculture, les ventes de camembert ont chuté de 11% en 2020 par rapport à 2015 quand celles de la mozzarella ont bondi de 62%. Pourtant, ces deux fromages ne sont pas du tout consommés de la même manière : camembert en dégustation et mozzarella en cuisine.

Une question de mode et d'habitude culinaires à en croire ceux qui les vendent :

Sakina Merazga, fromagère à la "Crèmerie du 17ème" à Paris : 

"Il souffre un peu de ce qu'il se passe aujourd'hui. On a envie de manger des choses qui ne font pas grossir, et tous les végétariens. Le camembert souffre un peu de ça, c'est un fromage gras... Au fond, il n'a pas beaucoup de chance en ce moment. "

"_Nous vivons un deuil, comment le meilleur fromage a-t-il pu être détrôné _?", s'est lamenté sur Facebook l'entreprise familiale de camemberts Gillot , leader français de la fabrication de camembert au lait cru, installée dans le village de Saint-Hilaire-de-Briouze (nord-ouest).

Pour Emilie Fléchard, directrice adjointe de Gillot, ce putsch pourrait être lié à un changement de moeurs, par exemple un déclin de la tradition du plateau de fromage.

"Mes parents mangeaient du fromage deux fois par jour. Personnellement, à part quand je reçois, je ne mange pas de fromage à la fin du repas", observe-t-elle. 

La perte de vitesse du camembert n'est pas générale; entre un camembert de Normandie AOP et un camembert industriel, rien à voir; Chez Gillot, les ventes sont en progression constantes :

"Nous, les ventes sur nos produits au lait cru ou en AOP fonctionnent plutôt bien, elles sont plutôt en hausse. Mais c'est vrai qu'il y a moins de consommation de camembert sur ces dix dernières années, ce qui s'explique par des changements de mode de consommation et de l'évolution des repas. Le fromage en fin de repas est de moins en moins présent et il y a de moins en moins de Français qui chaque jour, mangent du camembert" explique Emilie Fléchard.

Par ailleurs, selon l'étude du ministère, les amateurs des deux fromages n'ont pas forcément le même profil d'âge: le camembert est deux fois plus consommé par les plus de 65 ans que par les moins de 35 ans. La mozzarella est au contraire achetée massivement par les moins de 35 ans. 

"La mozzarella, c'est un ingrédient, on l'utilise comme de la crème fraîche un peu. Oui, c'est normal qu'il y ait des ventes qui progressent, parce qu'on en met dans les pizzas, les croque-monsieur, les salades, les gratins. On ne peut pas vraiment comparer mais c'est vrai qu'en tant que français, ça serait bien qu'on remonte et qu'on consomme du camembert" ajoute  Emilie Fléchard.

Si l'industrialisation a assuré sa popularité au camembert, elle en a aussi affadi le goût et la réputation.

Industrialisation contre tradition : le match continue.

Partager cet articleDiscussion

À découvrir également

Fauconnerie, geeks et barbecue coréen : le meilleur du paysage culturel du Qatar en 2023

Des chefs cuisiniers apportent du réconfort aux victimes du Hamas

Budapest et les origines d'Halloween