Pédocriminalité : les évêques réunis à Lourdres, un mois après le rapport Sauvé

Les évêques français réunis à Lourdes, le 03 novembre 2021.
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Par Euronews avec AFP
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Pendant sept jours, les quelque 120 prélats consacreront près de la moitié de leurs travaux à la lutte contre les violences et les agressions sexuelles sur mineur dénoncées dans ce rapport publié le 5 octobre.

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La question de la pédocriminalité dans l'Eglise devrait occuper la très grande partie des discussions des évêques catholiques français réunis depuis ce mardi à Lourdes. Leur réunion survient cette année dans un contexte particulier, après la publication le mois dernier du rapport Sauvé.

Ce dernier a révélé que 330 000 enfants français ont été, depuis 1950, victimes de violences sexuelles commises par des ecclésiastiques et des laïcs qui œuvraient au sein de l’Église.

L'Eglise de France va-t-elle indemniser les victimes comme le préconise le rapport ? "Je crois qu'il n'y a aucune question taboue. Cette question de l'indemnisation va être abordée", assure Mgr Luc Crepy, président du Conseil de prévention et de lutte contre la pédophilie. "Sachant qu'il faut penser aux personnes victimes pour lesquelles il y a une prescription, et donc qui n'auront pas de justice pénale puisque les affaires sont prescrites. Comment l'Église doit travailler pour reconnaître ces personnes et faire oeuvre de justice ?"

"Les évêques ont commencé à verser de l'argent", abonde le père Hugues de Woillemont, secrétaire général de la Conférence des évêques de France. "On a souhaité que ce soient les premiers qui versent. Peut-être que, dans les prochaines semaines, on sera plus à même de donner les chiffres. Ça commence à être à plusieurs centaines de milliers d'euros."

La commission Sauvé préconise d'individualiser le calcul de l'indemnisation due à chaque personne victime en fonction des "préjudices subis". Pour financer le fonds d'indemnisation, la commission écarte la piste d'un appel aux dons des fidèles, préconisant de financer les indemnités versées aux victimes "à partir du patrimoine des agresseurs et de l'Église de France".

"Beaucoup de colère"

Après s'être réunis à huis clos mardi matin pour commencer à examiner le rapport Sauvé, les évêques ont reçu dans l'après-midi cinq victimes à huis clos. Seules ces cinq personnes ont fait le déplacement à Lourdes. Aucun des collectifs et associations qui représentent les victimes ne participe à la réunion, regrettant que le rapport Sauvé ne soit pas le sujet unique de l'assemblée.

Agressé sexuellement il y a 45 ans, Jean-Luc Souveton, prêtre à Saint-Etienne, a indiqué avoir demandé aux évêques "que soit reconnue et officiellement prononcée la responsabilité de l'Église"."L'Église peut en sortir grandie si elle accepte avec humilité la remise en cause à laquelle nous confronte ce travail-là", a-t-il dit. Selon ce prêtre de 60 ans, cette reconnaissance implique notamment "des réparations et une réforme" en profondeur du fonctionnement de l'institution.

Le pouvoir des prêtres ne doit plus être considéré comme sacré. Il n'y a pas d'abus sexuels sans abus de pouvoir.
Véronique Garnier
victime de pédocriminalité

Pour Véronique Garnier, une autre victime présente à Lourdes, "le pouvoir des prêtres ne doit plus être considéré comme sacré". "Il n'y a pas d'abus sexuels sans abus de pouvoir" et "l'excès de pouvoir sacré pour les prêtres ouvre la voie" a ces abus, a-t-elle déclaré à l'AFP mardi soir. Mme Garnier a également tenu à souligner "l'écoute respectueuse" des évêques à l'égard des victimes. "J'ai pu dire ce que j'avais dans le cœur et canaliser ma colère, car j'ai beaucoup de colère", a-t-elle expliqué.

Après une semaine de travaux, plusieurs sujets - dont on ignore encore la teneur - seront soumis au vote des évêques lors de la clôture, le 8 novembre.

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