Le témoignage de notre journaliste dans l'engrenage taliban en Afghanistan

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Par Anelise Borges
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Reportage d'euronews en Afghanistan au moment où le pays bascule sous domination des talibans. Notre journaliste Anelise Borges a eu un accès rare à la prison de haute sécurité de Kaboul et rencontré des responsables du groupe et ses premiers opposants après sa prise du pouvoir.

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Reportage exceptionnel d'euronews en Afghanistan au moment où le pays bascule sous domination des talibans. Notre journaliste Anelise Borges a rencontré des responsables du groupe et ses premiers opposants après sa prise du pouvoir et eu un accès rare à la prison de haute sécurité de Kaboul. Elle découvre de ses propres yeux, cette nouvelle réalité qui suscite à la fois, espoir et répression.

Depuis quarante ans, l'Afghanistan est un pays symbolique des ravages causés par la guerre. De l'invasion des Soviétiques en 1979 à l'ascension des talibans dans les années 90 en passant par le chaos politique et sécuritaire qui a abouti à la résurgence actuelle du mouvement, la communauté internationale n'a guère réussi à contribuer à la création d'un environnement qui permette au peuple afghan de reconstruire une fois pour toutes, son pays et de commencer à envisager son avenir.

Au fil des ans, des milliards de dollars ont été promis. D'innombrables pourparlers de paix ont été organisés. Des dizaines de milliers de soldats ont été déployés pour combattre et maintenir la paix. Pourtant, l'Afghanistan reste un pays au bord du précipice.

Ces derniers mois, les Afghans ont vu les États-Unis orchestrer le fiasco d'un retrait et les talibans, reprendre le pouvoir à un moment décisif pour la région et le monde. Je me suis rendue en Afghanistan peu après la prise de contrôle de Kaboul par leurs combattants pour constater ce que leur retour signifierait pour cette nation et son peuple.

Quelle réalité ?

Notre magazine "Witness : Le Retour des talibans" retrace mon périple dans un Afghanistan désormais gouverné par les talibans et suit leurs premières semaines au pouvoir.

À Kaboul, j'ai pu discuter avec quelques-uns de leurs membres, ainsi qu'avec des commandants et fonctionnaires de leur nouveau gouvernement, entrer dans la prison de haute sécurité de la capitale afghane Pul-e-Charkhi et confronter le groupe à quelques-unes de ses promesses, notamment celle d'accorder à cette nation complexe et divisée du point de vue ethnique, religieux, tribal, linguistique et idéologique, une administration inclusive où le pouvoir serait partagé.

Ce film s'interroge également sur le type de justice que les talibans prévoient de rendre après avoir mis en pratique une interprétation stricte de la Charia qui a semé la terreur en Afghanistan et au-delà lors de leur premier exercice du pouvoir dans le pays. Il s'attache aussi à exposer les histoires individuelles derrière les statistiques régulièrement évoquées dans les médias des innombrables vies perdues en Afghanistan.

Quelle victoire ?

Après 20 ans de guerre, les talibans pensent que la victoire leur appartient. Que le reste du monde l'accepte ou non, le mouvement est susceptible de jouer un rôle important dans la construction de l'avenir de l'Afghanistan.

Mais les défis qui attendent les nouveaux dirigeants sont presque aussi redoutables que la manière dont ils avaient exercé leur autorité : reconstruire les institutions et les infrastructures tout en faisant face à un effondrement économique quasi total.

Quels fonds ?

Le pays a été brusquement privé d'environ 9 milliards de dollars de réserves en devises étrangères - 90 % de ses avoirs - dont la plupart étaient aux mains des États-Unis. Le gouvernement qui se fait désormais appelé "émirat islamique d'Afghanistan" est incapable de payer les salaires. Les banques ne sont autorisées à distribuer que des quantités infimes d'afghani, la monnaie du pays. Des millions d'Afghans n'ont plus d'argent liquide en des temps où les prix des produits de base (nourriture, carburant et gaz) augmentent.

L'électricité importée à environ 80 % des pays voisins (Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Iran) n'est pas encore coupée. Mais l'État n'a pas été en mesure d'honorer ses factures depuis que les talibans ont pris le pouvoir le 15 août. Une situation aggravée par le fait que la plupart des hauts fonctionnaires, des technocrates et des chefs d'entreprise ont quitté le pays tout comme les travailleurs humanitaires et consultants étrangers.

Quel avenir ?

Alors que les talibans ont promis à plusieurs reprises de résoudre les problèmes de l'Afghanistan et de conduire le pays vers un avenir plus prospère et plus juste, beaucoup doutent de leur capacité à s'attaquer aux problèmes les plus graves du pays.

"Ils peuvent faire la guerre, mais peuvent-ils vraiment gouverner ?" Voilà une question que beaucoup ont soulevée au cours de mes rencontres à Kaboul et à laquelle je n'ai pas été en mesure de répondre, du moins, pas encore.

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